Les réverbères : arts vivants

Au goulot, Meury !

Une arrivée en costume trois pièces et chapeau haut-de-forme, un entracte après à peine trois minutes… Thierry Meury casse les codes dans son dernier spectacle Il reste encore un peu de place, à voir jusqu’au 15 juin au P’tit MusicHohl.

Dans ce nouveau spectacle à l’allure chic – en témoignent sa tenue, la table et banquet avec sa nappe immaculée et le champagne dans son seau à glaçon posés sur la scène – Thierry Meury se livre. Retraçant son parcours professionnel, ses relations amoureuses, ses dépendances et sa réputation, toujours portées par son humour cinglant, il semble toutefois s’être un peu assagi. Enfin… jusqu’au moment… de boire. La mise en scène semblait parfaitement huilée, mais c’est alors qu’il découvre avec stupéfaction qu’on lui a laissé que des tasses en plastique. Quelle idée aussi d’avoir engagé un frontalier comme assistant… Un problème vite réglé néanmoins, car comme il se le dit si bien tous les matins : « Au goulot, Meury ! »

Le ton est donné ! On s’attendait à plus de poésie, il n’en sera rien. Bien vite, on retrouve le Thierry Meury qu’on connaît – et qu’on adore ! – avec son humour féroce et sa plume toujours aussi acerbe. Notons toutefois une diminution du nombre de blagues misogynes, comme un clin d’œil à l’air du temps. S’évertuant à présenter des clichés pour mieux les dénoncer, l’humoriste y parvient encore une fois avec brio, et beaucoup d’autodérision !

Tour à tour, les humoristes – jeunes comme plus âgés –, les différentes communautés, les femmes, les hommes, le Genevois, et tant d’autres encore, en prennent pour leur grade. Il aura par exemple la brillante idée de créer un personnage imitant une discipline où le but est justement de ne pas être… un personnage ! Explication : Thierry Meury se mue, l’espace de quelques minutes, en un stand-upper, imitant toutes les mimiques et exagérations de ces jeunes humoristes qui, pour certains, se ressemblent beaucoup dans leurs blagues. Ce sera d’ailleurs le seul moment du spectacle où l’humour gras et sexuel sera mis en avant… pour mieux le dénoncer.

Et puis, il y a ce titre. Comme une invitation, Il reste encore un peu de place somme le public de venir l’écouter. Pendant dix minutes, c’est un petit bijou d’écriture. Il raconte ce titre si évocateur, en multipliant les allusions à la poésie et à la philosophie, prouvant, s’il en était encore besoin, que sa plume est fine, pleine de verve et d’intelligence. Ce titre, il sonne aussi comme un symbole de résistance. Face à la génération montante d’humoristes et la multiplication des spectacles, les anciens, « vieux » sont encore là, à attirer un public toujours fidèle, et en ayant toujours des choses à dire, un propos à défendre.

Après sa Tournée d’Adieu – du nom de son précédent spectacle – Meury parvient encore à surprendre. Toujours là où on ne l’attend pas, il nous présente pourtant un texte dans la droite ligne de ce qui a fait son succès. Alors, venez, il paraît qu’Il reste  encore un peu de place

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Il reste encore un peu de place, de et avec Thierry Meury, les 5, 6, 7, 14 et 15 juin au P’tit Music Hohl.

http://musichohl.ch/?page_id=18

Photo : © Jean-Paul Levet

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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