Chez Michou : un spectacle « feel-good »
Comme un hommage à cette attachante personnalité, Chez Michou raconte la naissance d’un cabaret, dans lesquelles l’art du transformisme, le plaisir de danser et chanter sont mis en avant. Un spectacle à voir aux Amis musiquethéâtre jusqu’au 18 octobre, dans une mise en scène de Françoise Courvoisier.
Tout commence avec trois personnes un peu dans la dèche, dont l’un a un projet fou : monter un cabaret. Il a déjà tout en tête, ne manque que l’argent et une tête d’affiche. Cela tombe bien, il doit rencontrer un investisseur et fait la connaissance de Michèle (Bérangère Mastrangelo), en pleine détresse sentimentale. Ni une, ni deux, elle se fera désormais appeler « Michou » et sera la star du cabaret, qui portera même son nom. Il leur faudra ensuite monter un spectacle. L’investisseur est clair : « Il vaut mieux un spectacle percutant de 30 minutes, quitte à le reprendre trois fois dans la soirée, qu’un spectacle d’1h30 où le public s’ennuie et part en plein milieu. » Le casting commence et on est à la recherche d’une Françoise Hardy. Alors que d’autres prestations semblaient plus convaincantes, c’est le neveu de Michou (Antony Mettler) qui sera engagé. Comme quoi, le piston… Ce sont donc les aventures de cette joyeuse troupe, rejointe rapidement par d’autres musiciens et transformistes que nous suivons pendant un peu plus d’une heure. Le public assiste ainsi aux spectacles et aux discussions en coulisses et, surtout, il rit (et chante) beaucoup !
L’art du transformisme
Au cabaret, l’art du transformisme est roi : entre les hommes qui se déguisent en stars féminines et Michou qui interprète quantité de grandes chanteuses, on est servi ! Françoise Courvoisier, metteuse en scène qui a longtemps vécu près du vrai cabaret parisien, raconte ce qui l’a beaucoup marquée : « Ce qui différenciait à mes yeux les spectacles de Chez Michou des autres spectacles de cabarets, travestis ou non, c’est le sens du burlesque[1]. » Ainsi, le transformisme montré dans cette pièce ne serait rien sans l’humour. Un humour qui ne tombe jamais dans le grotesque, tout en provoquant des rires francs parmi les spectateurs. On citera ainsi Antony Mettler, plus habitué à des rôles de macho à la virilité parfois excessive, qui interprète un fan de Françoise Hardy très maniéré et xcelle dans son imitation de Dalida. On ne se remettra pas de sa reprise de « Itsi bitsi, petit bikini », chorégraphie à l’appui, pour l’un des moments les plus hilarants de la soirée. Citons également Jef Saintmartin, dans le rôle du patron chauve et un peu sombre, qui n’hésitera pas à endosser, entre autres, le rôle de Mireille Matthieu et son rouge à lèvres si particulier. Mais celui qui engendre le plus de commentaires est sans doute Bastien Blanchard qui porte les robes de Lio et Juliette Gréco aussi bien, voire mieux, d’après ce qu’on peut entendre dans le public, que les femmes du spectacle… c’est dire ! Enfin, celle qui est la star de ce cabaret, Michou, alias Bérangère Mastrangelo, est sans nul doute celle qui présente le plus grand registre, tant au niveau de la voix que de la gestuelle. On évoquera ici sa parfaite imitation de l’attitude de Tina Turner, en contraste avec l’apparente candeur de Chantal Goya et son lapin qui a tué un chasseur. On pourrait lister toutes les autres stars reprises, de France Gall à Sylvie Vartan, en passant par Françoise Hardy, évidemment, tant toutes les interprétations sont fantastiques.
Autour ce cette joyeuse troupe gravitent des musicien.ne.s, à commencer par l’excellent Lee Maddeford, toujours aussi magistral au piano, Léa Déchamboux et son accordéon qu’on lui demande d’abord de laisser de côté lors de son casting de Françoise Hardy, ou encore Vanesa Dacuña Rodríguez, dans le rôle de la barmaid devenue choriste. Une ribambelle de comédien.ne.s qui montrent bien que l’univers du spectacle de cabaret dépend de beaucoup de monde, et que chacun doit mettre la main à la pâte pour cela fonctionne.
Un spectacle en forme d’hommage
C’est donc un hommage à Michou, disparu récemment, qui est proposé dans ce spectacle. Mais ici, Michou, vous l’aurez compris, n’est pas l’homme au costume bleu que tout le monde connaît, mais bien une femme. Celle à qui on demande d’être la star du spectacle, mais aussi de gérer le cabaret, qu’il s’agisse de l’organisation visible et courante (ménage, disposition des tables…) comme de la comptabilité. Un joli clin d’œil pour montrer à quel point elle est indispensable, alors qu’elle se retrouve là un peu par hasard. Au-delà ce cela, on assiste à un bel hommage à la chanson française et à son répertoire, brillamment interprété par toute cette troupe. S’ils ne sont pas chanteur.se.s ou pas tou.te.s habitué.e.s aux spectacles musicaux, tou.tes s’en sortent à merveille, par le biais de l’humour, à grand renfort de maquillage et de costumes parfois décalés. À commencer par Antony Mettler et son porte-jarretelles rouge…
On se croirait véritablement Chez Michou, dans un spectacle de cabaret où les numéros s’enchaînent, où le plaisir d’être là est communicatif, le public n’hésitant pas à participer, en chantant avec les artistes où en faisant quelques commentaires. Tout cela participe au côté chaleureux d’une telle pièce, et permet à chacun.e de se sentir bien sortant, comme revigoré par une telle énergie. Bref, un spectacle qui donne le sourire.
Fabien Imhof
Infos pratiques :
Chez Michou, spectacle musical conçu par Françoise Courvoisier, du 30 septembre au 18 octobre 2020 aux Amis musiquethéâtre.
Mise en scène : Françoise Courvoisier,
Avec Bérangère Mastrangelo, Jef Saintmartin, Antony Mettler, Bastien Blanchard, Léa Déchamboux et Vanesa Dacuña Rodríguez (voix) et Lee Maddeford (piano).
https://lesamismusiquetheatre.ch/chezmichou/
Photos : © Daniel Calderon
[1] Extrait du dossier de presse.