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Encres alliées : une création à plusieurs mains (épisode 8)

Encres alliées, c’est un projet de création pluridisciplinaire. Neuf volets, neufs univers, entre textes, musiques, illustrations et lecture. À découvrir régulièrement sur Youtube, où que vous soyez.

En cette période d’incertitude sanitaire, la création n’a pas dit son dernier mot. Paul Castellano, étudiant à l’Institut littéraire suisse de Bienne, a réuni des auteur.e.s, des illustrateur.trice.s, des musicien.ne.s et des lecteur.trice.s. Son projet ? Créer ensemble, en mêlant texte, musique, lecture et dessin. Les Encres alliées vous proposent ainsi de découvrir, au fil des semaines, neuf univers différents.

Le huitième épisode a pour titre « Les cartes ». Il réunit Elsa Cerf (texte), Karine Pfenniger (lecture), Paul Castellano alias Lupa (musique) et Sébastien Armure (illustration). Comment ces artistes ont-ils créé ensemble ?

La Pépinière : Bonjour à vous quatre ! « Les cartes ». Voici un titre bien mystérieux. Elsa, que pouvez-vous nous dire de ce texte ?

Elsa Cerf : Ce texte vient d’une ébauche que j’avais écrite deux ans avant le confinement, j’habitais au Havre mais revenais de temps à autres dans les montagnes où habite ma famille, je naviguais entre des espaces qui me m’imprègnent très différemment. Quand Paul m’a proposé de contribuer à son projet, j’ai pensé que je pourrais le reprendre. La question des espaces, d’une part de ce qu’ils nous renvoient et d’autre part de leur représentation, m’est assez récurrente dans ce qui m’interroge intimement mais aussi politiquement (l’écologie, la propriété ou les communs…).

Le texte évoque différentes représentations cartographiques sous une forme sérielle et ne me paraissait pas forcément évident à mettre en voix et en musique, ni à illustrer. C’était une vraie découverte par la suite de pouvoir assister à la façon dont Karine, Paul et Sébastien s’en sont emparés, lui ont donné sens et l’ont enrichi. Une expérience que je n’hésiterai pas à réitérer.

La Pépinière : Un texte difficile à mettre en voix donc… Karine, comment l’avez-vous appréhendé ?

Karine Pfenniger : J’ai toujours été fascinée par les cartes et je crois que Paul a senti que nous avons cette fascination en commun, Elsa et moi. Peut-être que nous avons aussi en commun le doute, et les questions que l’on se pose… En ce sens, je crois que Paul a senti que sans être très proches, on se ressemble un peu, Elsa et moi. Certains éléments du texte ont donc été très faciles à « saisir ». D’autres en revanche pas, il a fallu creuser, réfléchir à ce qu’Elsa voulait dire, par quels chemins elle était passée… je me suis interdit de la contacter, pour garder une distance. Un peu de distance c’est bien, ça permet de s’approprier le texte. Ca nous force à prendre parti. Par contre, je ne sais donc toujours pas si j’ai été à côté de la plaque !

La lecture s’est faite en amont, uniquement sur la base du texte, avant d’avoir la musique et l’illustration. Naïvement, pour étouffer les bruits externes, j’ai lu le texte d’Elsa sous une couverture. Comme les plumes du duvet ont tendance à bruisser, je suis restée complètement immobile. Une situation ridicule. A posteriori, je me dis que cela peut tout de même avoir un sens. Lire un texte en plein confinement, sous une couverture, pour parler de grands espaces… qu’est-ce que cela veut dire? Cela m’a aussi amené à dire ce texte doucement. Je ne sais pas ce qu’on entend, mais j’aime imaginer qu’on y entend un peu de doute, et des confidences. Car cela correspondrait bien au texte d’Elsa.

La Pépinière : En écoutant la musique qui accompagne la voix de Karine, on distingue divers univers. Comment t’es venue cette construction ?

Paul Castellano : Le texte était divisé en plusieurs parties, j’ai donc essayé de les mettre en valeur en donnant à chacune une couleur sonore, une ambiance. La base rythmique reste la même pour garder un liant. J’ai également ajouté quelques bruitages de voiture, comme si la lecture se faisait durant un trajet. Ma partie préférée est celle avec la guitare, sur Cortazar et Dunlop!

La Pépinière : On aperçoit sur l’illustration des formes géométriques, entremêlées dans des nuances de gris et d’ombres. Quelle en a été l’inspiration ?

Sébastien Armure : J’ai été inspiré par les cartes et les routes explorées par la narratrice, ce dont elle semble être à la recherche. J’y ai lu le reflet d’un cheminement intérieur, des lignes personnelles à suivre. J’ai voulu illustrer cela par un voyage éthéré à travers les formes et les teintes, créer une cartographie abstraite de la pensée, des émotions.

La Pépinière : Merci à vous pour ces réponses ! Et bon vent au projet Encres alliées !

Propos recueillis par Fabien Imhof

Photo : ©Sébastien Armure

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