Kominek et Sirgado au Caustic : quand on a presque trente ans… !
Vous avez presque 30 ans ? Votre enfance vous rend mélancolique, mais avec humour ? Ça tombe bien, Alexandre Kominek et Rui Sirgado aussi ! Entre anecdotes sarcastiques et auto-ironie, ils étaient au Caustic Comedy Club les 26 et 27 octobre, dans Quand je serai grand.
Pour qui pousse la porte du Caustic Comedy Club de Carouge pour la première fois, l’expérience est totale : lieu intimiste, accueil chaleureux, public réceptif… et belle programmation, avec pour seul mot d’ordre le rire !
Mélancolie, quand tu nous tiens ?
Alexandre Kominek est un habitué du Caustic Comedy Club. On sent qu’il y est à l’aise comme un poisson dans l’eau… ou plutôt, comme un Genevois aux Bains des Pâquis – et la comparaison locale est importante, vous allez voir. Quand je serai grand, c’est une aventure entre deux amis qui ont grandi dans la Cité de Calvin et en partagent les codes, les références, le quotidien : Alexandre Kominek et Rui Sirgado. L’un manie les mots, l’autre la guitare, mais tous deux se rejoignent dans l’humour et la volonté d’emmener leur public dans une rétrospective pas comme les autres.
Quand je serai grand, c’est le regard de ces deux presque-trentenaires biberonnés aux cours de rythmique (où il fallait impérativement avoir ses basanes, merci Jacques Dalcroze !), aux fêtes de l’Escalade, aux divisions claniques du Cycle d’Orientation et à toutes ces petites choses qui ont marqué la génération de ceux scolarisés à Genève dans les années 90. À presque 30 ans, que reste-t-il de notre enfance et de notre adolescence ? Kominek et Sirgado posent franchement la question. C’était mieux, avant ? En tout cas, ce qu’on s’imaginait était bien différent de la réalité d’aujourd’hui. Heureusement, on peut en rire !
Rire de tout
Rire de tout – et surtout de soi-même, c’est un peu la clef de Quand je serai grand. Kominek et Sirgado ne se laissent pas piéger par la mélancolie. Au contraire, ils en jouent pour rire d’une génération entière, mais surtout d’eux-mêmes. Tout y passe : les coupes pas possibles sur les photos de classe en primaire, les rendez-vous d’orientation, les profs dépassés qui rêvent de vacances, les classes vertes et de neige, les bizutages par les grands 9e (Harmos n’était pas encore passé par là)… et plus tard, le pote devenu accro à la beuh, celui qui a divorcé et essaie de retrouver son gosse, celui qui va finir au Quai 9[1], celui qui a réussi et est devenu millionnaire… Une série de portraits et d’anecdotes brossent un tableau paradoxal, entre tendresse et vitriol – un tableau qui flirte avec le graveleux et le franchement glauque, mais retombe toujours sur ses pattes avec une grande justesse de ton et de propos. Si on a, soi-même, presque 30 ans, on s’y reconnaît sans peine !
Mais Kominek et Sirgado ne jouent pas que sur la corde du souvenir. Ils exploitent également à fond le rythme, sans laisser l’humour retomber : aux moments plus introspectifs, aux retours sur soi, se mêlent des chansons à l’ironie mordante. « On avait 10 ans », la « Corrida du prof » (spéciale dédicace à tous les enseignants du Secondaire I !), « Qu’est-ce qu’on est devenus ? »… Le duo y évoque les destins parallèles et parfois perpendiculaires des anciens copains qu’on retrouve des années après – et qui ont (comme tout le monde) bien changé. Le tout en rimes et sur des accords de guitare endiablés ! Soucieux de son public, Kominek l’intègre à ses gags, n’hésitant pas à créer une dimension participative qui achève de nous plonger dans notre propre passé. À une fillette venue avec son père et sa belle-mère, il n’hésite pas à lancer un « Franchement, t’as 8 ans, tu sais pas la chance que t’as ! ».
Deux raisons
Deux raisons qui font de Quand je serai grand un spectacle à voir ? D’abord, le regard lucide. De la part de presque trentenaire, on ne s’attend pas à une telle volonté de rétrospective. Revenir sur le passé, alors qu’on n’a pas encore parcouru la moitié de sa vie ? Il y a quelque chose du syndrome de Peter Pan dans ce geste qui, sous couvert du rire, laisse affleurer des questionnements plus profonds. De quoi s’interroger sur son propre parcours.
Enfin, d’un point de vue plus personnel, je retiendrai un portrait dressé par Kominek en 15 secondes à peine. Ce portrait, c’est celui du « Perdu ». Mais oui, le Perdu ! Ce gars (ou cette fille), au Cycle, qui ne rentrait ni dans le clan des Racailles, ni dans celui des Skateurs, qui portait un sac à dos plus gros que lui et écoutait « Dernière danse » de Kyo (J’ai longtemps parcouru son corps… toute une époque) ! Je crois que c’est la première fois qu’on décrit mon adolescence de manière aussi juste, en seulement 15 secondes. Rien que pour ça, Alexandre, Rui, je vous dis merci !
J’ai pas fini d’en rire… 😉
Nota bene : Avant de partir, un petit mot de fin pour saluer un autre jeune humoriste, présent en ouverture de Quand je serai grand. Il s’agissait de Kevin Eyer, venu proposer un avant-goût de son spectacle Simplement, qui se jouera au Caustic le 17 novembre prochain ! Du rythme, des vannes… à ne pas manquer ! Retrouvez-le sur Facebook !
Magali Bossi
Infos pratiques :
Alexandre Kominek & Rui Sirgado, Quand je serai grand
https://www.causticcomedyclub.com
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/alexandrekominek/
Photo : © Caustic Comedy Club
[1] Lieu d’accueil et de consommation de l’association Première ligne (association genevoise de réduction des risques liés aux drogues) : http://www.premiereligne.ch/quai9/.