La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 64

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 64 : dans les souterrains…

Celui qu’on appelait Je’An tressaillit. Qu’est-ce…

Un grand malheur venait d’arriver. Il ne savait pas exactement ce que c’était, ni où – mais il savait que c’était très dangereux pour lui. Une impression désagréable lui descendait le long des tentacules et ses crocs le lançaient, comme s’il avait mordu à pleine gueule dans un bloc de glace. Tout en lui pulsait d’un seul message : danger… DANGER ! Tentant de rester maître de lui-même, il interpella le Mange-temps le plus proche, immobile au pied de son trône :

« As-tu ressenti cela ? »

« Monseigneur ? Je ne sais de quoi vous parlez… je… »

« Incapable ! »

En un éclair, explosant de rage, il avait sauté en bas de son trône. Une fraction de seconde plus tard, l’obséquieux n’était plus qu’un amas de chairs dégoulinantes sur le dallage. La sensation de danger ne disparaissait pas ; pire, elle gagnait en force et même le meurtre ne parvenait pas à l’apaiser. Se tournant vers les autres Mange-temps, il leur ordonna d’une voix forte :

« Rassemblez nos troupes. Nos ennemis se rapprochent de leur objectif. NOUS DEVONS LES VAINCRE ! »

° ° °

Au même moment, dans le Désert des Larmes Sèches, le soleil tapait – et tapait fort.

Balthazard se redressa, les reins douloureux, le front ruisselant. Il ne savait pas vraiment ce qu’il était venu chercher ici : le vague souvenir de Boru… au milieu du désert, se situe une archec’est là qu’il faudra me chercher… à présent, il y était et il attendait. Quoi, au juste ? Mystère. Pour passer le temps, il cultivait son jardin, espérant… un signe, un espoir, n’importe quoi ! Le retour d’Elestra et d’Hypérion, s’ils étaient toujours en vie.

Il raffermit sa prise sur la bêche, puis, chassant les larmes, continua à biner ses melons. Les plantes poussaient bien, malgré la chaleur caniculaire. C’était déjà ça. Il en était là de ses réflexions quand soudain…

… tout devint noir.

° ° °

Hypérion descendait l’escalier, guidé ou plutôt tiré par la Néantine.

Elestra, Nanji et Euridy le suivaient tant bien que mal. Ils s’enfonçaient dans les méandres de la Tour des Gardiens du Temps, au milieu de sous-sols labyrinthiques, évitant de justesse de se cogner dans les virages, se prenant les pieds sur le sol inégal. Tout était de plus en plus sombre et froid… humide…

Nanji, toujours sous sa forme de colibri-foudre, se mit à scintiller. Elle leur ouvrait le chemin, dévoilant une enfilade vertigineuse de salles. Les murs étaient recouverts de mousse, l’eau ruisselait le long des pierres. Des fougères luminescentes, des champignons gigantesques apparaissaient devant eux… ils marchaient à présent sur un sol terreux, recouvert d’insectes rampants et de limaces baveuses, grandes comme le bras…

« Euridy… » fit Elestra d’une petite voix. « Tu sais par où il faut aller… ? »

« Aucune idée », répondit la Diacre d’une voix blanche. « Je… je ne connais pas cet endroit. La Tour est criblée de secrets que seuls les Diacres initiés connaissaient… malheureusement, Boru ne m’a jamais… »

Elle se tut, entre tristesse et stupéfaction. Hypérion, toujours guidé par l’épée, n’en pouvait plus. Il haletait :

« Ne t’en fais pas… on est peut-être perdus, mais ce machin sait très bien où il veut nous emmener… ! »

Il essaya de ralentir sa course, mais la Néantine se mit à vibrer de plus belle et le tira de plus en plus fort… jusqu’à ce qu’il perde l’équilibre et tombe dans un trou dissimulé par la mousse…

« AaaaaaAAAAAAAAAAH ! »

Il tourbillonnait, tourbillonnait, essayant de se raccrocher aux parois qui glissaient sous ses doigts… puis atterrit dans un masse moelleuse, fibreuse, qui sentait la transpiration et la crasse. Il s’y enfonça comme dans une fourrure. Mais… ?! Tentant de reprendre ses esprits, il avisa la Néantine qui pulsait à quelques pas de lui, comme si elle l’appelait. Il tendit la main…

« Ne bouge pas… et surtout, ne dit rien ! » chuchota une voix minuscule dans son oreille droite.

Trois colibris d’un bleu électrique, presqu’aveuglant, tournaient autour de sa tête.

« J’ai préféré métamorphoser tout le monde pour te suivre… c’était plus prudent », expliqua Nanji en se posant sur sa main. Derechef, elle lui piqua le doigt. De surprise, il poussa un cri :

« AÏE ! Mais qu’est-ce que tu… »

« Silence ! » lui intimèrent les autres dans un murmure.

« Tu m’as fait mal ! Et pourquoi est-ce… »

La tête commença à lui tourner… il se sentait étrange… même le sol bougeait, à présent… soudain, une main gigantesque s’abattit à côté de lui.

« SAUTE !!! » lui cria Nanji. « Il ne faut pas rester là, tu es sur la tête d’un TROLL ! »

Sylvie & Magali Bossi

Photo : ©Efraimstochter

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Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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