La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 65

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 65 : à situation désespérée…

Au milieu des ténèbres, une voix résonnait… Ba…

…lthazard… Balthazard… une voix qui connaissait son nom… Balthazard… une voix qu’il connaissait… mais que voulait cette voix… ?… c’était comme un souvenir… te souvenir, tu dois te souvenir, Balthazard… de quoi ?… il était si bien, ici, il faisait chaud comme sous le soleil… et pourtant tout était sombre…  ta fille… notre fille a besoin de toi… notre fille ?… Mais… en danger. La prophétie est proche… quelle… bientôt t’appeler… souviens-toi… il voulait se souvenir, il le voulait tellement… mais… rappelle-toi… qui tu es vraiment… Voyageur Temporel…

Il ouvrit les yeux.

° ° °

La main continuait à fourrager dans la tignasse poisseuse du troll qui s’était réveillé. Hypérion paniquait :

« Que je saute ?! OÙ ?! »

« N’IMPORTE OÙ !!! » pépia Nanji. « Sinon, tu vas te faire écraser ! »

En un mouvement, Hypérion saisit la Néantine et se rua jusqu’au bord du crâne du troll géant. Prenant une profonde inspiration, il se jeta dans le vide, suivi de près par les trois colibris. Après quelques secondes de chute vertigineuse, il sentit ses omoplates le gratter… et se retrouva à voler avec ses compagnes ! Le coup de bec de Nanji l’avait, lui aussi, transformé en colibri ! Il admira son plumage bleu… génial ! Mais les cris de panique de ses comparses le ramenèrent d’un coup à la réalité. Nanji plongea :

« SUIVEZ-MOI ! »

Ils s’engouffrèrent dans le tunnel sombre et la Néantine s’éclaira tel un fanal. Tirant et traînant Hypérion derrière elle, elle les guida vers la sortie.

° ° °

Celui qu’on nommait Je’An tournait en rond dans la salle du trône.

L’angoisse le mordait toujours, mais maintenant qu’il avait rassemblé ses troupes, il savait ce qu’il devait faire : détruire la Tour des Gardiens et leurs satanés champs de graines temporelles… les détruire tous ! Cette maudite prophétie ne devait jamais, jamais se réaliser. Cette menace écartée, il pourrait régner sur l’Univers. Et son premier décret serait de rayer de la carte la misérable planète où il avait pris les traits de « Je’An » – cette planète qui avait vu naître cet empoté d’Hypérion et cette idiote d’Elestra ! Il pourrait alors oublier ces années d’errance et d’attente, passées à échafauder des plans pour devancer le destin. Enfin, il serait tout-puissant – et Eien n’aurait qu’à s’incliner devant lui.

S’incliner… ou disparaître.

À cette idée, un sourire hideux illumina sa face monstrueuse et, d’un claquement de griffes, il lâcha ses troupes assoiffées de sang dans les campagnes de Rizator III.

° ° °

Pendant ce temps, le bureau ovale au sommet de la Tour des Gardiens du Temps prenait des allures de QG des opérations. L’ensemble des voyants de surveillance était passé au rouge d’un seul coup – ce qui ne signifiait qu’une seule chose : les Mange-Temps attaquaient en force et le Temps lui-même menaçait de vaciller…

« Comment est-ce possible ?! » s’exclama le Généralissime. « Je croyais que les cultempvateurs posaient régulièrement des pièges et que nos Voyageurs Temporels d’élite régulaient la population de ces sales bestioles… »

Le Second Lieutenant (le Premier était occupé à prendre une aspirine, pour éviter la migraine inhérente à toute invasion intempestive) releva la tête de ses notes. Il ne retrouvait pas le dernier mémo qu’on lui avait adressé à ce sujet :

« Heu… c’est-à-dire que… les cultempvateurs posent des pièges et nos Voyageurs capturent des Mange-Temps… mais la concentration actuelle semble bien plus élevée que d’habitude. D’après les chiffres… »

« Laissez tomber les chiffres », coupa le Généralissime. « La situation est critique. S’ils s’attaquent à nos réserves de graines temporelles, il nous faudra davantage que des statistiques. »

« Mais… heu… »

« Nous. Sommes. En. Guerre. La Diacre Euridy a disparu. Et la prophétie est aussi prête à se réaliser que vous d’avoir un avancement. J’en déduis donc que nous devons agir sans tarder », martela avec netteté le Généralissime. C’était un individu à l’esprit pragmatique – ce qui lui avait valu de conserver ce poste si longtemps et d’instaurer un système de cantine dernier cri dans la Tour, avec une égale efficacité. « Lancez la procédure S.U.I.P. »

Tous relevèrent la tête. Même le Premier Lieutenant, qui laissa tomber son paquet d’aspirines.

« La… la S.U.I.P., Monsieur ? Vous êtes sûr ? »

« Totalement sûr. Une invasion massive de Mange-Temps sur l’ensemble de Rizator-III ? Il me semble que c’est au moins une Situation d’Urgence Imprévisible et Périlleuse, non ? Mettez en quarantaine tous les astronefs : personne ne doit quitter notre espace aérien. Nous aurons de la chance si nous arrivons à confiner ces saletés sur cette planète, avant qu’ils ne s’embarquent pour n’importe quelle Galaxie ! Puisque nous n’avons aucune chance de résoudre la prophétie en l’absence de la Diacre, nous allons nous battre. Réveillez les troupes dormantes : nous aurons besoin de tout le monde. »

« Les troupes dormantes, Monsieur ? »

« Hé bien oui ! Allez-vous restez là, les ailes ballantes, à répéter bêtement tout ce que je vous dis ? Les troupes dormantes, Lieutenant ! Activez les ultra-sons : c’est le moment d’utiliser le Zirgouflex ! »

Sylvie & Magali Bossi

Photo : ©Pexels

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Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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