La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 75

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 75 : déstabilisés !

Dans la petite salle de contrôle de l’observatoire d’Arecibo, Guillaume, Horacio et Gunter retenaient leur souffle.

« Heu… ça a marché ? » demanda Guillaume, qui tremblait encore.

« Je crois », répondit Gerber.

Il avait encore le doigt levé, à quelques centimètres du bouton fatidique. Le silence de la salle était étouffant et les trois hommes pouvaient entendre leurs cœurs qui battaient au rythme de la même angoisse.

« Messieurs », fit Gunter d’une voix blanche, « nous avons activé un pulsar avec succès… ce qui, je dois le dire, est une avancée scientifique considérable. Dommage que nous ne puissions en parler à quiconque… Il ne reste plus qu’à attendre et voir si cela sera suffisant pour arrêter la Bulle locale interstellaire. Attendre – et prier. »

Dans le doute, Horacio Beckett choisit une troisième option : il attrapa un crayon et se mit à le mâchouiller. Le stress, c’était mauvais pour les nerfs.

° ° °

Angélus tournait, tournait, tournait, s’agrippant au corps visqueux qui tentait de lui échapper… ce Mange-Temps gigantesque… aucun doute ! C’était bien celui qu’il avait vu dans son champ, lors de sa première rencontre avec Hypérion. L’odeur de charogne et de marécage était reconnaissable entre mille.

La bête claqua des mâchoires à quelques centimètres de son visage. Angélus lui aligna une droite, décidé à vendre chèrement ses plumes. Ils tournoyaient ensemble dans les corridors du Temps depuis une éternité – et Angélus ignorait où ils allaient arriver ! Il n’était pas un guerrier, mais ne comptait pas se laisser faire, foi de cultempvateur ! En plongeant à la suite du Mange-Temps, il avait retrouvé sa forme de Rizatorien et agitait à présent ses trois paires d’ailes avec l’énergie du désespoir.

Brusquement, tandis qu’il tentait de ceinturer les tentacules de son adversaire, le tourbillon s’arrêta net – et il atterrit sur un sol dur, glacé. Outch !

° ° °

Balthazard fendit l’air avec son arme… et faillit tomber, tête la première.

Face à lui, le Mange-Temps qu’il combattait avait soudain plongé, tête la première vers le sol.

« Qu’est-ce que… »

La bête chancelait d’un air perdu, hagarde sous le soleil de Rizator-III. Ses pattes s’agitaient, se dérobaient sous elle… on aurait dit qu’elle était…

« Mais… mais ils sont tous saouls ! »

Sexte se redressa, une flèche toujours encochée dans son arc. Le Mange-Temps qu’il affrontait était dans le même état – et que dire de la troupe féroce qui, il y a quelques instants encore, déferlait tous crocs et griffes dehors sur les Voyageurs Temporels acculés contre la Tour des Gardiens ? Le champ de bataille n’était désormais plus qu’un gigantesque chaos, envahi de Mange-Temps désorientés qui essayaient avec peine de se maintenir debout.

« Profitez-en ! » hurla le Généralissime à ses troupes. « Pas de quartier : capturez-moi ces bestioles ! »

Sexte et Balthazard ne se le firent pas dire deux fois : question de déontologie, on ne tuait pas un ennemi incapable de se défendre (le code des Voyageurs Temporels était strict sur ce point – quoique peu adapté, il est vrai, aux situations désespérées). Ils lancèrent et lancèrent encore leurs filets, capturant des brassées de Mange-Temps incapables de réagir, les enfermant aussitôt dans des capsules temporelles portatives pour les empêcher de s’enfuir. Les bestioles, condamnées à redevenir minuscules une fois encapsulées, ne représentaient dès lors plus aucune menace. Tout en avançant ensemble pour faire le ménage, Balthazard et Sexte échangeaient quelques mots :

« Tu penses à ce que je pense ? Ce qui vient de se passer, c’est… »

« … improbable, ouais. Peut-être un hasard ? »

« Mouais… avec un tel timing ? Moi, je dirais que c’est eux… »

« Eux ? Mais… »

« Réfléchis : ils n’ont pas intérêt à ce que les Mange-Temps quittent le Fuseau pour venir faire un tour dans leur galaxie. Donc… »

« Tu crois qu’ils ont capté le Zirgouflex ? Tu crois… »

« Je n’en doute pas. Et ils ont répondu à l’appel de détresse, comme prévu. »

« Dans ce cas, ça signifie… »

« … que la Bulle locale interstellaire a été mise sur pause. Nos ennuis sont finis ; les Mange-Temps ne pourront rien faire tant qu’elle n’aura pas redémarré. »

« Nos ennuis, oui », fit Balthazard. « Mais il y a toujours la prophétie. « La Bulle n’a aucun effet sur… lui. »

Magali Bossi

Photo : ©Pexels

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Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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