Les réverbères : arts vivants

Ni romantique, ni rêvée : L’obscurité bidonnante

La nuit accouche du jour…certes… Mais le Caustic Comedy Club renverse les codes et propose une soirée blagues, spectateurs plongés dans le noir. De quoi nous faire pouffer et ricaner en catimini. C’est revigorant et c’est Jokers ! Blackout le 08 mars, puis le 11 avril et le 13 juin 2019.

La fin de semaine arrive péniblement, la tête et le corps sont saturés de rendez-vous, d’embrouilles ou d’incroyables moments, d’impressions … Le Caustic Comedy Club vous cueille comme vous êtes et vous fait entrer dans un petit nid douillet : Salle encavée, un nombre de spectateurs restreints et une scène qu’aucun projecteur ne viendra chatouiller de ses jets blafards ou agressifs.

Après une courte explication avant la nuit noire, durant laquelle on nous rend attentif à ne pas s’octroyer la liberté de s’exprimer à tue-tête pour la simple raison que l’on nous ne voit pas … Voilà le premier qui se glisse, à pas feutrés sur scène. Les mots résonnent plus forts que d’habitude, les rictus, le faciès et la gestuelle sont, quant à eux, mis au placard pour cette fois. On a beau plisser les yeux, rien n’apparaît. Notre oreille se prend à capter les variations, les recherches de tonalité différente et c’est déroutant.

À tour de rôle viennent donc Charles Nouveau, Thomas Wiesel, Cin et un ami humoriste  débarqué de Paris (Wary Nichen) … qui semble s’être épris de la discrétion des Algériens à Genève. Chouette, non ? Eux qui appréhendaient en secret un public trop décomplexé, venant casser le rythme de leur prestation. Quelle puissance ils (il + elle) ont tous à raconter des moments épiques de leurs vies et à camper des situations où tout est ramassé et prenant. À croire que certains épisodes de notre quotidien ont été conçus pour la scène, portés  par certains & certaine sur les planches, avec talent. Sans parler des petites piques qui déboussolent nos pensées parfois mécanisées !

Si certains gags me semblaient plus percutants que d’autres, il faut saluer le fait qu’il n’est pas facile de gagner son public par le seul canal auditif et ce, sans s’encoubler et s’affaler dans le piège du déjà-dit ou du gros-gras, trop vite couru parfois. Les quatre derrière leur micro ravissent d’ailleurs leur public par de belles envolées humoristiques très différentes les unes des autres. Pour Cin, on s’attache plutôt à l’idée d’une femme à la vie fade, clouée auprès de son écran de surveillance faisant preuve d’un manque cruel d’inspiration lorsque le désir se fait sentir ; pour Thomas Wiesel, ce sont nos manies et hobbies qui seront inspectés au microscope à bonnes blagues – les animaux domestiques reviennent aussi chez Charles Nouveau ! À titre d’exemple, j’ai appris que, souvent, les chats sont de droite tandis que les poneys adulés des petites filles pensent, avec nostalgie, aux grandes batailles que leurs ancêtres équidés ont pu mener, l’encolure bravant les températures glaciales. Par contre, j’ai comme un Blackout et la suite m’échappe !

Irez-vous à la pêche aux drôles histoires ? J’aimerais que l’on me conte la suite, juste avant la nuit noire.

Laure-Elie Hoegen

Infos pratiques :

Jokers ! Blackout le 08 mars, puis le 11 avril et le 13 juin 2019 au Caustic Comedy Club .

Avec : Charles Nouveau, Cin, Thomas Wiesel et Wary Nichen

https://www.causticcomedyclub.com/programme 

 https://www.facebook.com/Cinziacatta/

http://www.charlesnouveau.com/sample-page/

http://www.thomaswiesel.com

Photos : © Caustic Comedy Club

Laure-Elie Hoegen

Nourrir l’imaginaire comme s’il était toujours avide de détours, de retournements, de connaissances. Voici ce qui nourrit Laure-Elie parallèlement à son parcours partagé entre germanistique, dramaturgie et pédagogie. Vite, croisons-nous et causons!

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