Visions du Réel – Atelier critique – Jesa (6)
Aujourd’hui, La Pépinière vous emmène au sein de l’atelier de critiques qu’elle organise pendant le festival Visions du Réel. Les participant-e-s ont visionné un court-métrage intitulé Jesa et se sont livrés à un exercice de critique courte. Voici la dernière d’entre elles, signée Audrey Tissot.
Jesa, un court documentaire à croquer
La réalisatrice coréenne basée à Los Angeles Kyungwon Song[1] nous présente un curieux court métrage documentaire à la chute délicieuse intitulé Jesa, d’après le nom d’une cérémonie confucianiste de culte des ancêtres.
Composé de séquences en prise de vue réelles pour la mise en place de l’autel par la réalisatrice elle-même et de stop motion (Kyungwon Song est spécialisée dans l’animation avec cette technique) pour la préparation et la consommation de la nourriture, le film présente une esthétique légèrement rétro. Cet effet est principalement dû à sa colorimétrie douce et terne et son montage posé qui lui confère une ambiance surannée encore accentuée par les commentaires doctes et monotones du père de Song. Par contraste, le stop motion apporte un effet décalé très ludique en parallèle de la plus grande modernité de sa mère qui prodigue les conseils de cuisine. Le tout permet un voyage en immersion dans la culture coréenne en 6 minutes sans bouger de son salon.
On peut goûter le petit retournement de situation final (spoiler : on y découvre que depuis le début nous assistons en réalité à un appel vidéo entre la réalisatrice et ses parents pour la mise en place de Jesa) qui permet de faire un lien subtil entre tradition millénaire et modernité. On peut aussi goûter tout court : les images de nourritures de ce film donnent faim.
Audrey Tissot
Référence :
Kyungwon Song, Jesa, Etats-Unis, Corée du Sud, 2019, 6 minutes
[1] https://www.kyungwonsong.com/
Photo du tournage : https://www.kyungwonsong.com/jesa