Les réverbères : arts vivants

Jessie Kobel : des Antilles au Valais… et en musique !

Après une période de résidence au P’tit Music’Hohl, Jessie Kobel y a joué jeudi pour la dernière fois. Probablement de retour en janvier sur la même scène, il se produira également dès le 12 février dans La Revue du Gniolu. Retour sur son dernier one-man-show de 2019.

Humoriste valaisan âgé d’à peine 26 ans, Jessie Kobel a déjà un parcours qui force le respect : première partie de Gad Elmaleh à Rock’Oz Arènes, participation au Marrakech du rire et d’autres festivals, principalement en Suisse et en Belgique… le jeune homme a du talent. Pendant 1h30, il revient ainsi sur son parcours atypique. De son enfance aux Antilles à son retour en Suisse et son passage scolaire à Lausanne, il passe aussi par ses relations avec ses parents et son rapport à son Valais d’origine. Son père, Bernie Constantin, est aussi connu pour sa musique que pour son rapport au cannabis. Les anecdotes en lien avec lui font légion, alors que Jessie semble être le seul vrai point commun entre ce dernier et sa mère. L’influence de la musique se fait également ressentir avant même l’entrée de Jessie Kobel : alors que sa première partie, Tiziano Avola, divertit le public avec ses tours de magie et son humour décalé, on aperçoit déjà un piano et trois guitares sur la scène. Elles auront un rôle prépondérant dans le spectacle, entre reprises parodiques de morceaux connus (À titre d’exemple : Les Rois du monde s’établissent ainsi en Valais ou ce sera Claude François qui renoue avec ses racines égyptiennes) et petites recettes pour créer des morceaux de bossa nova soit à la façon de Renaud soit Elvis Presley…

Dans ce deuxième one-man-show intitulé sobrement Jessie Kobel en spectacle, l’humoriste fait preuve d’énormément d’énergie. Sans temps mort, son spectacle est extrêmement rythmé. On aurait presque tendance à dire qu’il l’est trop par moments, ne laissant pas le temps au public d’apprécier et d’encaisser toutes les vannes qui fusent. Ce one-man-show est vraiment bien ficelé, dans lequel tout ou presque fonctionne – avec beaucoup d’auto-dérision, il réagit rapidement quand une vanne tombe à plat. Si quelques blagues sont un peu faciles ou attendues (on pense ici à une réflexion un peu gratuite sur PNL ou à d’autres vannes sur Trump ou Renaud faciles d’usage), l’essentiel du spectacle se tient et fait montre d’une grande efficacité. On citera à cet égard les imitations des accents toujours dans la justesse. Le passage sur son maître d’école antillais reste ainsi, à mon sens, l’un des moments les plus forts du spectacle. Les Valaisans – même s’il revendique ses origines – en prennent aussi pour leur grade. Les clichés sont évidemment présents, mais comment passer à côté ? Même l’accent québécois ou marocain, alors qu’il raconte des anecdotes de festival, sont exécutés avec une grande bienveillance. Alors que ce genre d’imitation peut aujourd’hui être risquée, pouvant tomber rapidement dans des clichés racistes, Jessie Kobel parvient à les éviter en amenant un côté très personnel, ne parlant que d’expériences vécues.

On notera encore une jolie trouvaille de l’humoriste, qui lance des confettis sortis de ses poches à chaque jeu de mots douteux – et ils sont nombreux – ainsi qu’une capacité d’improvisation à toute épreuve. Capable de réagir en un clin d’œil aux interventions du public, à la langue qui fourche ou aux imprévus du direct – avaler un confetti, voilà qui n’était pas prévu – Jessie Kobel prouve qu’il a déjà une belle expérience de la scène, lui qui tourne déjà depuis quelques années.

On attend encore de lui qu’il trouve une vraie patte personnelle, qui nous ferait dire « ça c’est du Jessie Kobel ! », comme on peut le dire d’autres humoristes. On se trouve tout de même devant un spectacle aux ressorts efficaces, durant lequel on passe un excellent moment. On suit ainsi Jessie à travers ses histoires et péripéties, dans son univers, musical et personnel. Grâce à son énergie, il ne perd jamais son public, et c’est bien cela qu’il faut retenir en sortant du P’tit Music’Hohl !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Jessie Kobel en spectacle, de et avec Jessie Kobel, au P’tit Music’Hohl tous les jeudis de novembre et décembre 2019. Nouvelles dates en prévision.

Mise en scène : Noël Antonioni

Collaboration à la co-écriture : Thierry Meury

https://jessie-kobel.wixsite.com/jessiekobel

Photo : © Page Facebook de Jessie Kobel

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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