Les réverbères : arts vivants

Cabaret et telenovela font bon ménage

La troisième formule du Cabaret B.E.T. à l’Orangerie était très attendue. Entre telenovela et soap-opera, nous avons pu assister à un subtil mélange entre l’ADN de cette équipe déjantée et des situations propres à ce genre bien particulier.

L’équipe bien connue du Cabaret, composée de Sophie Ammann, Nathaly Leduc et Camille Tavelli, s’est alliée cette fois-ci à Nadim Ahmed, Lionel Perrinjaquet et Alexandra Marcos, pour imaginer un nouveau format. Les attentes étaient nombreuses, et on se demandait à quelles surprises on allait avoir droit. Finalement, plusieurs formats de sketches ont été proposés, entre épisodes de la série exclusivement tournée autour du Léman, tournages avec des figurants, ou encore émissions autour de la série. En gardant son ADN, fait d’humour, d’un format de cabaret, d’un grain de folie et de participation du public, le spectacle a également intégré tout ce qui fait l’essence de la telenovela. On en vient même à se remémorer des souvenirs d’enfance, quand notre grand-mère regardait Top Models (intitulé Amour, Gloire et Beauté de l’autre côté de la frontière) ou Les Feux de l’amour.

Innover avec la telenovela

Les membres du Cabaret B.E.T. ne se reposent pas sur leurs acquis, en testant de nouvelles formules cet été, comme cela avait été le cas avec une version catch, deux semaines plus tôt. Comme de coutume, on commence par nous présenter les personnages. On est immédiatement surpris·e, et emballé·e, par l’humour qui se dégage de cette première scène : les comédien·ne·s reviennent, avec de nouvelles perruques et costumes, pour incarner différents rôles, au moins cinq chacun·e. Parmi ces rôles, on retrouve les personnages principaux de la série que sont Robert Del Portal (Lionel Perrinjaquet), Matthew Adler (Nadim Ahmed), Sally Spectra (Sophie Ammann), l’Arbre (Camille Tavelli) et Maria Del Portal (Nathaly Leduc), au cœur de l’intrigue. Sans oublier la présence exceptionnelle de Pedro Pascal ! Le fil conducteur est le suivant : Maria est tombée enceinte, mais qui est le père ? Une émission y sera d’ailleurs consacrée ! Son père Robert, LE méchant de la sitcom, n’acceptera qu’un bon parti…

Le tout respecte parfaitement les codes du soap-opera : surjeu, imbroglios improbables, tension dramatique poussée à l’extrême et accentuée par la musique de fond. On y est ! Mais s’il n’y avait que ça, cela ressemblerait beaucoup au feuilleton improvisé Amours & Trahisons, qu’on peut voir cet été à La Parfumerie. Tout ne s’arrête donc pas là : les scènes de la série sont entrecoupées de talk-shows et autres castings de figurant·e·s. Nadim Ahmed y est d’ailleurs hilarant en régisseur de plateau imbuvable et aux remarques bien senties envers les figurant·e·s – soit les spectateur·ice·s – et son pauvre assistant, qui fait de son mieux. On évoquera aussi cet acteur déjà très âgé – la journaliste qui l’interviewe ne manque pas de le lui rappeler – et un peu trop confiant, interprété par Lionel Perrinjaquet. Le tout crée un excellent liant entre les différents sketches, comme avec la scène du verre d’eau – que j’ai moi-même joué en compagnie de la co-directrice de l’Orangerie Céline Semenzato et de Sophie Ammann – étant réellement jouée quelque temps après le casting. On se retrouve ainsi totalement dans l’esprit des telenovelas, avec des personnages caricaturaux et particulièrement intense. Sans oublier le drame de la famille Bertholet – y compris un certain Mathieu, mais toute ressemblance avec un personnage existant serait purement fortuite – où les vengeances familiales et l’appât du gain sont poussées à l’extrême.

Garder son ADN

Pour autant, l’équipe du Cabaret B.E.T. ne dénature pas ce qui fait son succès. Le format, avec un fil conducteur et différents sketches, est ainsi bien respecté. On apprécie particulièrement le fait d’intégrer l’histoire de Maria, enceinte, au reste de l’histoire, avec notamment cette hilarante émission intitulée Qui est le père ?. L’ensemble est parfaitement construit et se tient magnifiquement. Surtout, on apprécie les clins d’œil aux précédents cabarets, avec notamment le retour de l’Arbre, qu’on avait tant aimé. Et surtout celui de la journaliste Rachel, et son gimmick « That’s what I call great TV ». Sans oublier ce running gag des personnages joués par Nathaly Leduc, qui pensent que tout le monde veut l’épouser. On notera même un petit hommage aux membres de la Geneva Total Wrestling présent·e·s dans le public !

Les nombreuses interactions avec le public, toujours bien amenées et bienveillantes, avec la présence de ce fameux Stick’cœur, qui permet aux spectateur·ice·s qui ne veulent pas être importuné·e·s d’être laissé·e·s en paix. L’idée de faire du public des figurants s’avère très maline et fonctionne très bien, en s’intégrant à la trame narrative de la soirée. Au final, on aura pu voir trois formules totalement différentes, mais qui gardent toujours cet esprit déjanté qui fait le succès du Cabaret B.E.T. On en redemande, dès la rentrée à la Gravière ?

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Cabaret B.E.T. formule telenovela, le 24 juillet 2025 au Théâtre de l’Orangerie.

Avec Sophie Ammann, Nathaly Leduc, Camille Tavelli, Nadim Ahmed et Lionel Perrinjaquet, ainsi que la collaboration d’Alexandra Marcos.

https://www.theatreorangerie.ch/events/le_cabaret_bon_et_tonifiant_comme_lair_pur_de_la_nature_378

Photos : ©Sanjay Rai

Fabien Imhof

Co-fondateur de la Pépinière, il s’occupe principalement du pôle Réverbères. Spectateur et lecteur passionné, il vous fera voyager à travers les spectacles et mises en scène des théâtres de la région, et vous fera découvrir différentes œuvres cinématographiques et autres pépites littéraires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *