Les réverbères : arts vivants

Gare à la sorcière

Si Pierre ne mange pas sa soupe, la sorcière Cornebidouille débarquera pendant la nuit. Voilà pour le pitch simplifié de cette histoire. Au TAMCO, Nathalie Wiget et sa sœur Erika von Rosen s’associent pour adapter, avec des marionnettes, l’album de Pierre Bertrand, pour les enfants dès 4 ans. 

Créé en 2017 et repris cette année pour les 50 ans d’Erika von Rosen, Cornebidouille se base sur deux albums écrits par Pierre Bertrand et illustrés par Magali Bonniol, Cornebidouille et La vengeance de Cornebidouille. Dans l’histoire, Pierre répète inlassablement « Nan, j’veux pas », lorsque son père lui demande de manger sa soupe. Alors, celui-ci lui dit que s’il ne mange pas, la sorcière Cornebidouille débarquera aux douze coups de minuit pour l’y forcer. Une fois arrivée, elle fait tout pour faire peur au jeune garçon, mais rien n’y fait, et elle finira cette première partie… au fond des toilettes ! Qu’à cela ne tienne, elle revient pour se venger, préparant la soupe la plus dégoûtante possible, qui doit transformer Pierre en potiron. Mais ce petit malin finira encore par s’en sortir… 

Un grand respect de l’œuvre 

Il n’est jamais évident de passer d’un album jeunesse à un spectacle sur scène. Pour y parvenir, Nathalie Wiget et Erika von Rosen ont obtenu le concours de l’auteur de l’album Pierre Bertrand. Celui-ci a contribué à l’adaptation du texte et à la création des chansons, dont nous reparlerons un peu plus tard. Le plus marquant dans cette adaptation est sans doute le visuel. Les personnages ressemblent vraiment à ceux dessinés par Magali Bonniol. On retrouve donc Pierre avec ses cheveux noirs, ses petites lunettes rondes et son fidèle doudou ; et bien sûr Cornebidouille, avec ses cheveux gris en pagaille, son nez crochu, son œil plus gros que l’autre, et son corps tout en rondeurs. Concernant la technique utilisée, il s’agit d’abord de marionnettes de table, créées par Cécile Chevalier, et manipulées sur le petit espace qui constitue l’espace de jeu du spectacle. On retrouve aussi une marionnette portée, lorsque Cornebidouille devient énorme et s’avance sur le plateau, pour notre plus grand plaisir… ou notre plus grande frayeur ? 

Ce jeu sur les échelles correspond bien à l’album, où la taille des cases varie selon celle de Cornebidouille. On retrouve également très peu de décor, si ce n’est les murs de la chambre, et une jolie trouvaille, sous le plateau de jeu, pour les canalisations par lesquelles remonte la sorcière au début de la seconde partie. Tout cela correspond bien à l’univers de l’album, qui met en avant les personnages, dans un grand respect de l’œuvre originale, sans oublier le texte, très fidèle lui aussi. La marionnette permet cette belle adaptation visuelle, plus encore qu’une représentation avec des acteur/trices. 

Plus-value de la scène 

Au-delà de cela, l’adaptation au théâtre doit aussi apporter quelque chose de plus. Cela permet tout d’abord d’incarner les personnages, en leur donnant une voix. Le mouvement des marionnettes illustre aussi la patte apportée par les artistes. On peut dès lors jouer sur le rythme, les silences, la gestuelle et les mouvements des personnages, entre les répliques. Contrairement à l’album, pourtant très évocateur, l’adaptation avec des marionnettes apporte donc quelque chose de plus, pour faire entendre et voir le spectacle aux plus jeunes… et aux plus âgé-es qui les accompagnent. 

Surtout, ce qu’apporte l’adaptation des deux sœurs, est l’ajout de chansons, composées par Julien Pouget, et dont les paroles ont été réfléchies en collaboration avec Pierre Bertrand. Les deux chansons ont pour thème Pierre qui ne veut pas manger, et Cornebidouille qui prépare sa soupe dégoûtante. La force de ces deux chansons est de faire chanter aussi bien les enfants que les adultes. La première, très enfantine, s’adresse aux plus jeunes. Quant à la seconde, elle n’est pas sans rappeler la fameuse recette du pudding à l’arsenic, où on liste les ingrédients, tout en en écartant certains, à l’image ici de la gentille Barbie. Au final, nous assistons donc à une adaptation pleine et réussie, qui apporte une véritable plus-value à l’album, tout en respectant magnifiquement l’œuvre originale. Un excellent moment à passer pour petit-es et grand-es. 

Fabien Imhof 

Infos pratiques : 

Cornebidouille, d’après les albums de Pierre Bertrand (illutrés par Magali Bonniol), au TAMCO, les 24 et 25 octobre, puis le 1er novembre 2025. 

Mise en scène : Erika von Rosen 

Avec Nathalie Wiget et Erika von Rosen 

https://cie-anadyomene.com/cornebidouille 

Photos : ©Compagnie Anadyomène 

Fabien Imhof

Co-fondateur de la Pépinière, il s’occupe principalement du pôle Réverbères. Spectateur et lecteur passionné, il vous fera voyager à travers les spectacles et mises en scène des théâtres de la région, et vous fera découvrir différentes œuvres cinématographiques et autres pépites littéraires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *