Les réverbères : arts vivants

Jeunesse, musique, théâtre, danse et impro à la Parf

Vendredi dernier, avant le spectacle d’improvisation d’Alliance Créative avait lieu la présentation de la nouvelle saison de la Parfumerie, avec Michel Faure en maître de cérémonie. Une saison prometteuse, qui met la jeunesse et diverses formes d’art à l’honneur.

Alors que les soirées d’été battent leur plein à La Parfumerie, entre projections de films, impro, sketches vidéo, catch, jeux, fêtes et autres concours, la saison du Théâtre s’apprête à reprendre tout bientôt, le 26 août précisément. Tous les deux ans, Au Parfum, un tremplin adressé aux très jeunes compagnies, promeut la jeunesse en proposant une première expérience de plateau. Pour chaque édition un-e « parfumeur-se » est désigné-e pour prendre en charge son organisation. Cette saison, Bastien Blanchard a présenté quatre propositions, d’une vingtaine de minutes chacune, qui se joueront tous les soirs les unes à la suite des autres. On y retrouvera l’histoire d’une momie péruvienne dans La Juanita, une fangirl dans The Delicate Art of Being a Fangirl, la rencontre de trois jeunes artistes dans A-Lien-és, éthéré, ainsi que l’histoire du Mur de Berlin dans The Rise and Fall of The Berlin Wall. À voir tous les soirs à 20h, ainsi que le dimanche 31 août à 18h.

Les compagnies maison à l’honneur

À la Parfumerie, plusieurs compagnies sont résidentes depuis longtemps déjà. Après Au Parfum, c’est avec le Théâtre Spirale que les festivités se poursuivront. Du 23 au 28 septembre, Michele Millner mettra en scène la création issue de textes des élèves de l’atelier 1. Avec Plongées en profondeurs, l’équipe nous emmènera dans un projet d’écriture et de composition musicale en forme de poème choral. Il y sera question, entre autres, de corps, d’être marins, de dignité, du vivant, d’appel à la révolte. Le tout dans un laboratoire sous-marin en eaux profondes, pour réfléchir au changement de climat et de la biodiversité, tout en nous plaçant face à l’injuste et notre propre (ir)responsabilité. Une façon de faire face aux défis qui nous attendent. 

On poursuivra du 30 septembre au 19 octobre avec Mémoire du Feu, d’après l’œuvre de d’Eduardo Galeano. Patrick Mohr mettra en scène cette impressionnante collection de mythes cosmogoniques de peuples autochtones d’Amérique du Sud, qui comprend des récits venant de l’époque précolombienne, jusqu’aux années 2010. Chaque soir, une série d’histoires, parmi les 1295 existantes – le Théâtre Spirale n’en a retenues qu’environ 200 parmi celles-ci – seront tirées au sort et jouées devant un public couché dans des hamacs, qui pourra intervenir et interagir avec les comédien-nes du spectacle.

Le Théâtre Spirale clôturera également la saison avec ses traditionnels ateliers, dont on ne sait pas encore quelle sera la thématique. Quoiqu’il en soit, Patrick Mohr, Michele Millner, ainsi que Basile Campanelli pour les Ateliers Acrylique, ont tenu à rappeler que la Parfumerie est un lieu créé pour et par les jeunes. Un élément qui fait partie de son identité, depuis plus de 30 ans, et qui continue chaque année d’inventer de nouvelles façons d’imaginer et de créer. Tou-tes trois ont rappelé que les ateliers ont pour but de célébrer la force du groupe, valoriser l’expérience scénique, et surtout développer la puissance créative, en retrouvant la spontanéité de celle de l’enfance, pour un apprentissage qui va dans les deux sens. On se réjouit de retrouver les créations à venir en mai et juin. 

Juste avant cela, c’est la Bande J, dirigée depuis l’an dernier par Léon Boesch et Lucien Thévenoz, qui présentera C’est compliqué d’être belle quand on est une ordure. Dans ce spectacle monté par une équipe de 17 jeunes artistes, il s’agira de parler des déchets et de tout ce qui est « moche, laid, immonde, dégueulasse… », en se questionnant sur l’esthétique et ce trop-plein de restes de notre société. Qu’en faire ? Il s’agira d’explorer les différentes possibilités, ainsi que la musique, créée pour l’occasion par des membres de la troupe.

Explorer encore et encore

Du 28 octobre au 2 novembre, Elsa Couvreur présentera Let’s Start Again, une performance entre danse, théâtre et clown, pour un spectacle qui ne commence jamais et recommence sans cesse. Inspiré de La Lettre de Paolo Nani, dans une version chorégraphiée, l’artiste jouera sur les attentes du public, et l’échec constant en tentant d’y répondre. Ce spectacle sera suivi par la nouvelle création de Serge Martin, qu’il jouera aux côtés de José Lillo. Dans Tire-toi de mon soleil !, il imagine un dialogue entre Diogène et le Joker, ou la parole d’un fou à un Roi. Même si le théâtre n’est qu’une goutte d’eau, il est une force permettant de revendiquer la liberté, clame-t-il ! L’idée, à travers ce spectacle, est de transmettre la beauté des rapports humaine et de dénoncer ce qui les dénature. Tire-toi de mon soleil !, c’est aussi et surtout ce qu’on aurait envie de dire aux grand-es de ce monde qui semblent n’avoir que faire de notre avenir.

Fin novembre, Edouard Hue chorégraphiera Flowers, une pièce marquant une envie de renouveau. Il y explorera un point 0 chorégraphique, pour y intégrer des éléments qu’il n’a que peu travaillés dans ses précédentes créations : sauts, tours, partnering… Entre attraction et soutien mutuel, il s’agira de faire rayonner les danseur-euses comme des bourgeons éclatants de vie. Puis, pour terminer l’année, la Parfumerie accueillera un musée vivant. Réparties entre le Grand Café et la salle de théâtre, les créations fabriquées avec des matériaux de récupération par Joan Rovira deviendront autant de jeux que les enfants de 5 à 105 ans pourront découvrir. Gargot de Joc, du 10 au 21 décembre.

Des histoires à n’en plus finir

L’année 2026 débutera avec Nour, un opéra-théâtre porté par un chœur d’enfants et d’adolescent-es. On y découvrira un échange entre Nour et son grand-père, rescapé du génocide arménien. On suivra son histoire, jusqu’au mariage avec sa petite amie d’enfance. Il y sera question de peuples écorchés, d’histoire, mais aussi, tristement d’actualité. Mais Nour se veut porteur d’espoir, malgré la lourdeur de ses thématiques. Dès le 12 février, on prendra de la hauteur, dans Vertiges, un texte inédit de Catherine Tinivella Aeschlimann, mis en scène par Tamara Fischer. Face à l’Eiger, un groupe de touristes assiste à l’ascension record réalisée par Ueli Steck en 2015. Petit à petit, leurs commentaires, l’adrénaline et la fascination les conduisent à imaginer le ressenti de l’alpiniste, jusqu’à s’engager elles et eux-mêmes corporellement, avec cette question centrale : comment se mettre dans la peau d’un athlète de l’extrême ?

Retour à la nature dès le 24 mars, avec la première mise en scène de Marie Martin Wyler. Dans Comme des bêtes, un homme surnommé « l’Ours » en raison de sa différence de langage et du fait qu’il vive dans une grotte, est placé en garde à vue après la découverte d’une petite fille dans la grotte où il vit. De manière poétique, cette œuvre tend à ouvrir les perspectives pour interroger le rapport entre les humains et le reste du vivant, face à une altérité qui peut parfois nous faire peur. 

Une saison de fête

On n’oubliera pas de mentionner les soirées festives au Grand Café tous les weekends. Le lieu accueillera également, comme l’an dernier, Alliance Créative et son concept Double Jeu, quatre fois dans la saison. Sans oublier que l’été sur la terrasse n’est pas encore terminé, avec quelques événements encore à venir… En attendant des nouvelles du projet de réhabilitation des lieux que l’équipe est en train de négocier auprès de l’État, pour continuer à exploiter cet endroit magique encore longtemps. On croise les doigts !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de la Parfumerie.

Photo : © La Parfumerie

Fabien Imhof

Co-fondateur de la Pépinière, il s’occupe principalement du pôle Réverbères. Spectateur et lecteur passionné, il vous fera voyager à travers les spectacles et mises en scène des théâtres de la région, et vous fera découvrir différentes œuvres cinématographiques et autres pépites littéraires.

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