Les métamorphoses d’un piano
Un dimanche après-midi, dans le quartier des Grottes, je rencontre la multi-instrumentiste Géraldine Schenkel, elle vient du classique mais c’est par le cirque qu’elle est retournée au piano. Avec Janju, acrobate, iels co-organisent, depuis 2012, au Galpon, Cataclysme Piano. Nous prenons le temps de revenir sur la naissance de ce festival, et elle nous dévoile le programme de cette 4ème édition, qui se déroulera du 4 au 7 septembre prochain.
Des rencontres
Cataclysme, c’est avant tout une expérience humaine. Derrière chaque performance, derrière chaque collaboration, il y a presque toujours une histoire tricotée d’anecdotes qui retrace des amitiés et des rencontres fortes. Tout a commencé par une sorte de hasard joyeux. Un jour, Gabriel Alvarez découvre, dans l’atelier de Géraldine, ses extraordinaires pianos : le piano couteau, le piano bascule, le piano cocktail. Il décide alors de lui offrir durant trois jours le Galpon pour les montrer. On est en juin 2012, et la proposition est pour septembre ! Ainsi naît le premier Cataclysme, avec également le soutien, à la programmation, de la Cave 12. Aujourd’hui, la 4ème édition se prépare, 13 ans et une multitude de pianos droits, à queue, bricolé, orchestré, filmé, chahuté, préparé, plus tard.

Hommage aux pianos
Festival tout à fait unique en son genre, il n’hésite pas à sortir le piano – l’instrument-Maître – des salons et autres univers dans lesquels on l’attend d’ordinaire. Source sonore toujours magistrale, il se métamorphose, avec la complicité d’une cinquantaine de personnes et autant de savoir-faire, en objet d’installations inédites, en performances surprenantes comme un concerto en forme de pyramide pour 5 pianos et 5 soudeurs, en concerts gigantesques réunissant 30 pianos ou 13 pianos à queue soit 2990 cordes pour 147 doigts. C’est toujours un hommage aux pianos, même quand les organisateur/trices décident d’organiser un Suicide de piano. Pianos récupérés, abandonnés, voués à la déchèterie, le festival leur offre une dernière scène, un dernier chant, à l’image de l’incroyable performance qui se déroulera cette année – un rêve de toujours. Un dernier morceau, et les pianos seront élevés par une grue puis érigés, par un acrobate – Janju – en une tour jusqu’à l’effondrement. Une performance poétique, qui rappelle les constructions enfantines qui se jouent de l’équilibre et de l’éphémère, sans crainte de la chute… et avec une distance de sécurité pour le public !

Une multiplicité rêveuse et joyeuse
Du côté de la programmation, qui se veut large et curieuse, on retrouve, dans un ordre aléatoire et une liste non-exhaustive, des créations inédites spécialement préparées pour l’évènement comme Pulsations à deux pianos d’Antoine Françoise et Gilles Grimaître. Des personnes qui reviennent, d’édition en édition, comme Coraline Cuenot, qui sera présente cette fois-ci avec son projet solo Yoqo Qunï : un « piano-noise » et des atmosphères tantôt douces tantôt violentes. De la bidouille alchimique et de La ferraille baroque avec Poline Renou et Géraldine Schenkel. De belles inventions telle que la musique électronique sans loops, sans samples, sans musique préenregistrée mais avec un piano arrangé, amplifié et additionné d’objets créés sur mesure et autres jouets vibreurs de Klavikon de Leon Michener. Une composition pour pianiste et accordeur de Peter Conradin Zumthor. Des marionnettes de l’univers kaléidoscopique de la Compagnie Tête dans le sac. Des délices à déguster : après le piano en chocolat place au piano salé. Des installations contemplatives : Le Manège du Contrevent, le film Cinétique piano de Florence Guillermin ou encore les projections de Sophie Watzlawick. Et aussi… des pianos extraordinaires, mais chut ! Ça c’est une surprise à découvrir du 4 au 7 septembre, au Galpon (sauf pour La Tour de Pianos où on vous donne rendez-vous au 9 chemin du Faubourg-de-Cruseilles à Carouge).

Charlotte Curchod
La programmation complète et les détails du festival sont à retrouver sur le site du Galpon.
Photos : © Isabelle Meister, affiche : © Pierre Veyser
