Pourquoi on grandit ?
Vous aimez l’humour absurde, la musique, le comique de répétition et vous laisser emporter dans des méandres hilarants ? Alors 3 mecs au bol est un spectacle fait pour vous. À voir absolument au Théatricul jusqu’au 5 octobre.
Qu’obtient-on si on additionne 1 rideau, 3 mecs, 6 bras, 1 table à roulette, 3 chaises, 3 bols, 3 cuillères, 1 casserole, 4 instruments, 3 voix, 3 perruques, 1 valise et beaucoup d’imagination ? Des questions plus ou moins existentielles ? Oui. Des réponses plus ou moins existentielles ? Oui, aussi. Mais surtout, 1 heure de rire et de détente, une vraie bouffée d’oxygène qui fait place à une bonne humeur qui dure.
3 mecs au bol, peut-être, mais surtout trois comédiens bourrés de talent qui nous servent un spectacle interprété avec une grande précision. Leurs trois visages s’animent d’expressions faciles à déchiffrer et leurs corps se tordent dans des poses improbables pour amuser la galerie. Mais le plus impressionnant, ce sont leurs trois voix qui se répondent et se synchronisent au gré des répliques et musiques, sans fausse note ni raté. On sent un travail acharné à faire raisonner chaque mouvement et chaque son au moment opportun sans gêner ou être gêné par les nombreux rires du public. Des rires suscités par l’absurde, certes, mais aussi par un comique de répétition savamment dosé, ni trop, pour ne pas ennuyer, ni trop peu, pour bien appuyer l’effet comique.
La musique, quant à elle, est partie intégrante du texte. Elle ne couvre pas, elle ne meuble pas, elle est présente par le chant, la bande son et les instruments tout au long du spectacle. Elle se veut tour à tour centre du spectacle, appui d’un effet comique ou transition. Quelle que soit sa place elle est toujours brillamment interprétée et utilisée. Les comédiens jouent et chantent en live, des reprises de chansons connues, des musique méconnues, ou en langue non identifiée, aux oreilles des profanes dont je fais partie. Avec une impressionnante performance : chanter les trois têtes dans une valise en restant parfaitement audible.
Si le texte est parfois profond, il est souvent sans queue ni tête, et toujours sans fil rouge. Enfin… sauf si on considère que nous avons trop grandi pour comprendre, et qu’on regarde et écoute avec nos yeux et nos oreilles d’enfants : alors, tout s’éclaire. Pas besoin de tout relier, pas besoin de sens à long terme, seulement des questions posées, des réponses qui ne collent pas et qu’on ne peut pas prendre le temps de comprendre, car voici déjà la prochaine scène qui arrive. Un monde semblable à celui que l’on prête aux enfants, qui posent des questions mais n’écoute pas la réponse, car la prochaine question est déjà sur leur lèvre. Il est important pour apprécier ce spectacle, de se laisser porter par ce que l’on voit et ce que l’on entend, sans réfléchir, sans penser, juste en appréciant les sensations suscitées par les couleurs, les lumières et les sons.
Comme le disent eux-mêmes les trois auteurs/comédiens à propos du spectacle :« On entre dans un monde absurde, musical, drôle sans le vouloir, et on sort de là sans but, encore plus bête qu’avant1. » Un spectacle qu’il est bon de vivre dans l’instant présent, en appréciant l’humour, l’absurdité et le talent en présence. Si vous parvenez à sortir de votre tête pour uniquement ressentir, vous aurez la sensation d’une bouffée d’air pur de montagne qu’il est bon de respirer sans chercher à l’analyser.
Lisa Rigotti
Infos pratiques :
3 mecs au bol, de la Cie Don’t stop me now, du 26 septembre au 5 octobre 2025, au théâtricule
Mise en scène : Gaspard Boesch
Avec Lorin Kopp Steven Matthews et Mirko Verdesca
Site de la compagnie Don’t stop me now
Photos : © Aline Zandona
