Les réverbères : arts vivants

Rome, comme si vous y étiez

Du coucher du soleil au lever de Lune – Roma – un spectacle écrit et composé par Luca Leone au théâtre des Grottes, du 31 octobre au 2 novembre 2025. 

C’est toujours avec bonheur que l’on vient voir un spectacle qui s’inspire de l’Italie. À cela s’ajoute une joie particulière quand il s’agit de Rome. Dès lors, on se surprend à murmurer une mélodie de Nino Rota, à évoquer quelques folles extravagances vues par Fellini, à retrouver la gloire antique en se souvenant d’un péplum tel Quo vadis . Évoquer le nom de cette ville, c’est déjà s’inviter au plaisir de la mémoire. 

Luca Leone nous y invite par ces mêmes moyens d’anamnèse, dans un spectacle qui oscille entre musique et théâtre. Trois musiciens, une scène avec juste assez d’éléments de décor pour suggérer les choses, ce qui est très bien vu pour une salle de peu d’ouverture. Ainsi, entre trois colonnes romaines et un vestige antique, sur une place que l’on peut imaginer, Luca Leone offre ses chansons et son univers onirique. 

Plein de vie et d’énergie, il se présente avec un micro à fil. Un détail qui, ajouté aux décors et aux costumes, nous replonge dans l’univers de Maritie et Gilbert Carpentier, célèbres pour leurs émissions de variété scénarisées. Un clin d’œil amusant. 

Disons-le de suite, la salle des Grottes ne se prête pas à un tour de chant. Ses grands murs n’apportent aucune qualité acoustique et qui plus est, y réside en permanence un bruit de colonne de chauffage qui n’arrange rien. Deux éléments qui vont contrarier fortement le spectacle. Quelle revanche va prendre Luca Leone ? Son talent, sa pétillance, de l’humour, quelques touches de mise en scène et la célébration de sa poésie. « Toutes les chansons parlent de la mémoire, de l’absence, et de ce qu’on fait ou dit à ces absences-là ». Un monde musical qui balance entre Piaf et Trenet. C’est Ménilmontant au Trastevere. 

Bien qu’annoncé comme oscillante entre deux arts, car c’est ce que ce jeune artiste aime, il s’agit bien d’un spectacle de chant avec des récitatifs empruntés au théâtre. De belles idées sur scène, telles une allumette géante et une cigarette aux volutes de tissus qui tranche avec quelques lourdeurs comme un pupitre qui gêne la fluidité des déplacements. À ceci, s’ajoutent des projections sur les colonnes antiques qui sont des compléments timides et pas vraiment indispensables. À trop vouloir de multimédia, les spectateurs se perdent dans des « multiregards ». 

Luca Leone est généreux sur scène et son public est conquis. Mais pour qui ne connaît pas sa plume ni ses mots, il est difficile de suivre le cour des choses. Le son encore une fois joue des tours à ses textes, comme à ses notes. À la piètre acoustique de la salle, s’ajoute un souffle important qui sort des amplis et couvre la musique et les paroles d’un spectacle qui aurait mérité d’être plus acoustique qu’électrique. Car tous les ingrédients d’un bon spectacle étaient réunis pour nous transposer dans les nuits bleues de Rome et l’imaginaire qui les accompagnent. 

Ces quelques réserves n’entament en rien la générosité et la créativité de Luca Leone et ses musiciens. Une troupe comme une famille à suivre de toute évidence. 

Jacques Sallin 

Infos pratiques :  

Roma, de Luca Leone au théâtre des Grottes du 31 octobre au 2 novembre 2025, puis au Teatro Comico à Sion les 7 et 8 novembre 2025 et au Théâtre de l’Odéon à Villeneuve les 14 et 15 novembre 2025. 

Mise en scène : Luca Leone 

Avec : Luca Leone, Mael Brauchli (basse, univers sonore), Mathieu Lazuli (guitare) et Lionel Nendaz (batterie).  

Photos : © Cambyse Tabatabay 

Jacques Sallin

Formé à l'université de la ferme et à l'atelier du Victoria Hall, c'est avec cette double culture qu’il s'approprie le monde. Il tenté de conjuguer les choses en signant des textes et des mises en scènes. La main, le geste, la phrase, le mot, c'est pour lui toute l'intelligence de la scène.

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