Les réverbères : arts vivants

Au Pulloff, on promet un rêve éveillé

Avec six créations et cinq accueils, le Pulloff Théâtres souhaite marquer sa vingt-cinquième année d’existence avec une programmation moderne et engagée, pour passionner toujours plus le public. Tour d’horizon de la saison 25-26.

Pour cette saison anniversaire, les deux codirecteurs Jean Gabriel Chobaz et Geoffrey Dyson auraient souhaité une programmation encore plus foisonnante, en augmentant le nombre de spectacle. La réalité des moyens alloués à la culture les a malheureusement rattrapés. Pour autant, ils ne se laissent pas abattre et promettent un véritable rêve éveillé, avec des émotions et une scène à échelle humaine, à la fois sublime et fragile. Pour ne citer que quelques noms qui devraient déclencher la curiosité : Virginie Despentes, Léonore Confino, Franz Kafka, Vincent Bonillo, Lou Lepori, Matthieu Béguelin ou encore Samuel Beckett… Passons sans plus attendre à la découverte de cette saison 25-26 lausannoise.

Rendez-vous le 26 août pour ouvrir cette belle saison avec L’effet miroir. En coproduction avec Les Amis musiquethéâtre, ce texte de Léonore Confino, mis en scène par Olivier Périat, rassemble quatre personnages et leurs différentes interprétations d’un petit conte philosophique imaginé par l’un d’entre eux. Dans cette tragi-comédie, les faux pas révéleront les faux-semblants, et il se pourrait bien que les protagonistes n’en ressortent pas indemnes.

Un mois plus tard, un grand classique de la littérature débarquera sur les planches du Pulloff. Adaptée et mise en scène de  Benjamin Knobil, La Métamorphose interroge notre place dans la société, et cette transformation réelle ou fantasmée. Jouant sur cette incertitude, le spectacle mettra davantage l’accent sur la réaction de la société, qui s’avère être encore plus terrifiante que ladite transformation.

À partir du 28 octobre, Vincent Bonillo proposera Haute Société, son premier texte théâtral en forme de satire sociale. En prenant source parmi diverses inspirations, il propose un portrait de cette haute société à la fois parodique et dramatique, entre analyse sociologique et pamphlet politique.

Pour terminer l’année 2025, du 8 au 21 décembre, place à une Master Class. Sous-titrée Maria Callas la leçon de chant, cette reprise jouée précédemment aux Amis musiquethéâtre, dévoile une Maria Mettral au sommet de son art dans son interprétation de la célèbre cantatrice. Dans une mise en scène de Pierre Laville, elle propose de revisiter une fameuse leçon de chant donnée en 1971 à New York.

2026 débutera avec un triangle amoureux, ou plutôt une ronde, où deux artistes qui s’aiment, le premier ayant sacrifié sa carrière pour la seconde, voient ressurgir l’ancien mari de cette dernière. Curieusement, le schéma d’adulation au sein du couple semble se répéter. Mais comment se sortir de cette situation ?

Du 24 février au 6 mars, Matthieu Béguelin proposera un texte fort et ô combien actuel, Dans Occupation, basé sur divers récits et témoignages, on suivra un grand-père et sa fille cisjordanien·ne·s et trois soldats israéliens. Pour réhumaniser la population palestinienne, Occupation entend illustrer les méandres et la complexité de la colonisation. Un beau projet qui ne laissera pas indifférent·e.

Du 26 au 29 février, Cédric Leproust, accompagné du piano de Marc Berman viendront interpréter le brillant et puissant texte de Lou Lepori, Insuline. Récital, manifeste, cri du cœur, difficile de qualifier cet instant nécessaire, où la voix d’un corps queer ose enfin s’exprimer, pour un grand moment de théâtre, sur fonds de souvenirs et de violences trop longtemps tues.

Paradoxes et absurdité du monde seront ensuite dévoilés dans Rien ne me sépare de la merde qui m’entoure. Adapté d’un discours revendicateur de Virginie Despentes interroges les injonctions faites aux corps collectifs, pour en proposer une révolution. Mais que faire quand on contribue, nous-mêmes, à notre propre déchéance ?

Du 19 mai au 5 juin, Le Colocataire, de Geoffrey Dyson et Antoinette Monod imagine la rencontre entre deux femmes d’âge mur. Le passé sulfureux de Robyn pourrait bien perturber le quotidien tranquille de Sharon. Derrière cette histoire somme tout banale se cache une profonde réflexion sur la transformation personnelle et le désir d’émancipation.

Pour clore la saison, le Pulloff accueillera deux monologues, entre le 16 et le 21 juin. Dans Premier Amour, Beckett raconte l’isolation d’un homme, en pleine Seconde Guerre mondiale, qui ne sort que pour arroser ses fleurs. L’irruption de Lulu dans sa vie risque bien de tout faire basculer. Giliane Bussy proposera quant à elle C’est dans votre tête, Mademoiselle !, où Roxane osera enfin s’ouvrir, pour parler de sujets qui la préoccupent, comme ses premiers émois amoureux, ses règles, son rapport compliqué avec son corps… Une manière de s’interroger, de manière plus intime, sur la violence du patriarcat et cette maladie encore trop méconnue qu’est l’endométriose.

Avec sa saison 25-26, le Pulloff marque donc son quart de siècle avec des textes forts, des propositions engagées et une ribambelle d’artistes prêt·e·s à nous faire rêver, à nous émouvoir et imaginer le monde autrement.

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Pulloff Théâtres.

Photo :  © Pitch Comment

Fabien Imhof

Co-fondateur de la Pépinière, il s’occupe principalement du pôle Réverbères. Spectateur et lecteur passionné, il vous fera voyager à travers les spectacles et mises en scène des théâtres de la région, et vous fera découvrir différentes œuvres cinématographiques et autres pépites littéraires.

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