Les réverbères : arts vivants

Comme dans un thriller des années 70

Pour clôturer sa saison, le Théâtre du Loup propose, en ce mois de juillet, une reprise de l’un de ses spectacles phare : Jimmy the Kid, d’après l’œuvre de Donald Westlake. Une plongée au cœur des années 70, pour un divertissement haut en couleurs.

Andy Kelp (David Casada), qui vient de sortir de prison, est sûr de lui : le livre qu’il a lu durant son enfermement contient le plan parfait. À l’aide de sa bande, composée du cerveau John Dortmunder (Julien George), de sa copine May (Lola Riccaboni), du chauffeur Stan Murch (Baptiste Coustenoble) et de sa mère (Rossella Riccaboni), il décide d’enlever Jimmy Harrington. Cet enfant de 12 ans est le fils d’un riche avocat new-yorkais. L’occasion est trop belle : vite, il faut suivre le plan indiqué dans Vol d’enfant, le livre qui a fasciné Kelp. Mais tout ne se passera pas comme prévu, Jimmy se révélant bien moins docile qu’escompté…

Du cinéma à la BD, du cartoon au théâtre

L’immense décor présent sur la scène du Théâtre du Loup représente un immeuble new-yorkais des années 70, avec ses trois étages, ses briques typiques et son toit plat par lequel Dortmunder et Kelp tentent de s’infiltrer pour voler des manteaux de fourrure. On a presque le sentiment d’être au cinéma, face à la grande toile sur laquelle seront tour à tour projetés la façade de l’immeuble et autres rues de Manhattan. La bande son, avec ses morceaux emblématiques, nous plonge elle aussi dans l’univers des plus grands films à suspense de l’époque. Ajoutez encore les narrateurs qui se succèdent (François Nadin, Lola Riccaboni, Thierry Jorand…) et vous obtenez les voix-off si chères au 7ème art. Mais le cinéma n’est pas le seul à l’honneur ! Au fur et à mesure que les rideaux s’ouvrent, dévoilant l’appartement de May, le bar qui sert de repaire à la bande, le bureau du père de Jimmy ou encore l’intérieur de la ferme dans laquelle l’enfant sera retenu, on croit voir des cases de bandes dessinées, avec des décors peints à même les murs. Ne manque plus que les bulles, et on y est !

De la bande dessinée, on passe même au cartoon, avec la scène de l’enlèvement à proprement parler, qui se solde par un accident de voiture dans lequel les personnages ricochent, de manière tout à fait exagérée, sur toutes les parois de l’habitacle, boing, boum et autre splash à l’appui ! On ne sait ainsi plus trop si les personnages sont issus d’un film, d’une BD, d’un roman, d’un cartoon… ou du théâtre. Car il ne faut pas l’oublier, c’est bien là qu’on se trouve ! Et pour nous le rappeler, la mise en scène d’Eric Jeanmonod laisse une grande part à l’imaginaire du spectateur : les véhicules sont ainsi simplement figurés par des plateaux à roulettes surmontés de chaises, d’un volant et de phares. Les narrateurs ne se privent également pas de faire quelques apartés, typique de cet art de la scène auquel on est venu assister.

Un casting XXL, pour un excellent divertissement

Dans Jimmy the Kid, pas de réflexion profonde sur la société, sur l’actualité politique ou internationale. Il s’agit bien de divertissement à l’état pur. Et ça fonctionne ! Les comédiens et comédiennes, familiers des scènes romandes et d’ailleurs, s’apparentent à une grande bande de copains, dans laquelle la complicité est communicative. On retrouve ainsi la mécanique déjà bien expérimentée de l’arroseur arrosé, avec ces malfrats qui se font totalement berner par le jeune Jimmy. Les personnages, très typés, n’en deviennent pour autant pas loufoques. Dortmunder se vexe, par exemple, de laisser sa place de cerveau des opérations à un livre et choisit de modifier certaines parties du plan, et pas pour le meilleur… Stan, quant à lui, se prend tellement au jeu qu’il veut tout faire comme dans le bouquin, même quand cela s’avère totalement inutile. Et que dire de l’agent du FBI (François Nadin) et des deux policiers de la route, qui se prennent tous pour des caïds, tout en étant totalement à côté de la plaque… Les hilarants clichés de Police Academy ne sont pas loin ! Pour ajouter une dernière note à l’humour déjà bien présent de la pièce, les narrateur·trice·s ne s’empêchent pas d’agrément leur récit de quelques commentaires, que ceux-ci soient adressés au public ou aux personnages, qui ne se privent d’ailleurs pas pour leur répondre.

Rebondissements, suspense, humour… tous les ingrédients sont réunis pour nous faire passer un excellent moment de théâtre, où l’on rit beaucoup ! Et ça fait du bien ! En un mot : G-É-N-I-A-L !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Jimmy the Kid, d’après Donald Westlake, du 6 au 18 juillet 2021 au Théâtre du Loup.

Mise en scène : Eric Jeanmonod

Avec Janju Bonzon, David Casada, Baptiste Coustenoble, Julien George, Thierry Jorand, François Nadin, Philippe Raphoz, Lola Riccaboni,  Rossella Riccaboni et les enfants Roméo Nadin (les 7, 11, 14, 16 et 18 juillet) et Emil Zurn (les 6, 10, 13, 15 et 17 juillet)

https://theatreduloup.ch/spectacle/jimmy-the-kid-nouvelles-dates/

Photos : © Elisa Larvego

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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