L’humour face à la mort
Convoitise, avidité, mort… Voici quelques-unes des thématiques abordées avec beaucoup d’humour par la compagnie Pelele, dans La mort de Don Cristobal, jusqu’au 20 octobre au Théâtre des Marionnettes de Genève.
Don Cristobal, pendant ibérique de Guignol ou Polichinelle, est quant à lui avare, moche et méchant. Et surtout très riche ! Nombreux sont ceux qui convoitent sa fortune, à commencer par sa servante et l’inspecteur des impôts. Mais Don Cristobal est aussi très malin. Il ne se laisse pas avoir si facilement, surtout lorsqu’il s’agit d’argent. Après de nombreuses tentatives infructueuses et toutes plus farfelues les unes que les autres, sa servante finira par lui faire passer l’arme à gauche. Et pourtant…même la mort se rendra compte que l’homme est coriace…

Des marionnettes à gaine
Avec La mort de Don Cristobal, la compagnie Pelele nous replonge dans notre enfance, avec l’utilisation des marionnettes à gaine, celles qu’on connaissait étant petits, habillant la main du marionnettiste. Sur la scène, un castelet, comme quand j’étais petit. En sortiront Don Cristobal, sa servante, l’inspecteur des impôts et la mort. Alors, on s’émerveille comme un enfant. Et, comme les nombreux enfants présents dans la salle, on rit, se laissant embarquer dans cet univers si caricatural.
La musique jouée en live par Christophe Sabatié apporte un côté cartoonesque à l’ensemble. La gestuelle de Don Cristobal, si expressive, notamment dans ses danses, est accompagnée parfaitement par des morceaux d’accordéon et autres bruitages. La voix de Don Cristobal, qu’on ne comprend pas toujours bien, car apparaissant comme un peu métallique, rappelle aussi les dessins animés de l’enfance. Le public, très jeune, est conquis, et les adultes aussi.
Une thématique pas évidente
Pourtant, la thématique de la mort n’est pas facile à aborder, et ce dans un spectacle adressé aux enfants dès 6 ans. Mais la compagnie Pelele parvient à désamorcer tout malaise par le rire. L’humour de geste extrêmement présent tout au long du spectacle permet de rire de la mort, et de la dédramatiser. Don Cristobal lutte pour ne pas mourir mais on a plus l’impression d’assister à un tango qu’à un véritable combat.
À travers les marionnettes et cet humour omniprésent, ce n’est pas seulement la mort qui est moquée, mais aussi les comportements déviants de l’être humain. L’avarice de Don Cristobal ne peut ainsi l’amener qu’à une funeste fin, alors que l’envie et la jalousie de la servante lui font envisager les pires extrémités. Elle n’en sort d’ailleurs pas indemne, loin de là !

Si vous n’en avez pas encore eu l’occasion, rendez-vous donc au Théâtre des Marionnettes de Genève pour assister à ce spectacle inaugural de la saison-anniversaire. Et si vous n’avez pas une âme d’enfant, vous pouvez toujours opter pour Les funestes épousailles de Don Cristobal, adressé à un public plus âgé mais traitant des mêmes thématiques. Démarrant sur les chapeaux de roue, cette saison s’annonce palpitante !
Fabien Imhof
Infos pratiques :
La mort de Don Cristobal, par la compagnie Pelele, du 5 au 20 octobre 2019 au Théâtre des Marionnettes de Genève.
Construction des marionnettes et interprétation : Paz Tatay
Composition musique : Alice Behague
Interprétation musique et bruitages : Christophe Sabatié
https://www.marionnettes.ch/spectacle/226/la-mort-de-don-cristobal
Photos : © Chan
