Toujours plus d’amour
Du 4 au 11 octobre prochain se tiendra, à Fribourg, FriScènes, le festival international de théâtre de Fribourg qui fait se rencontrer théâtres amateur et professionnel depuis 2008 grâce à une équipe de bénévoles passionné-es.
Célébrer l’amitié
Octobre arrive, et avec lui le meilleur moment de l’année à Fribourg : FriScènes. Durant une semaine, au creux du café de l’Ancienne Gare et de la salle du Nouveau Monde, une équipe joyeuse et amoureuse de théâtre, accueillera 10 compagnies issues des théâtres professionnel et amateur. L’histoire a commencé en avril 2008, Alexandra, Olivia, Paul, Benoît, Luca et Géraldine, ami-es et membres de la troupe de théâtre de l’université, sont à Paris, avec leur pièce, iels viennent de gagner un prix dans un festival en l’honneur de Boris Vian : l’Arrache-Coeur. L’émotion est au rendez-vous et la nuit est belle, même si l’ambiance est un peu électrique avec les autres compagnies1. Sur un pont, au-dessus de la Seine, l’idée naît : faire un festival à Fribourg ! Les fils rouges, que l’on retrouve encore aujourd’hui, sont esquissés : une compétition, oui mais conviviale ! Et surtout on soigne l’accueil ! Toute personne qui sera passée un jour par FriScènes se souviendra sans doute de la soirée fondue et du karaoké où le micro se partage joyeusement.

Des pièces en compétition
Chaque année l’équipe du festival reçoit, suite à un appel sur ses réseaux, les candidatures de troupes de théâtre amateur. Cinq sont choisies pour participer à la compétition. La semaine débutera avec Electronic City, de la troupe de l’université de Lausanne, les Polyssons. Dans un monde hyperconnecté, optimisé et uniformisé, un dysfonctionnement vient mettre à mal la fluidité du système. Une comédie à l’humour grinçant de Falk Richter qui met l’humain face à ses contradictions et sa dépendance à la technologie. Mardi, PARHELIA reviendra pour une deuxième participation, après avoir émerveillé le public avec L’Heure Bleue. La compagnie valaisanne propose cette année une adaptation de la tragédie Les Troyennes d’Euripide : Femmes de Troie. Elle donne à ce huis-clos une forme nouvelle et captivante qui mêle la danse, le théâtre et la musique. Pour le mercredi, la troupe fera un voyage depuis Creil, dans le département de l’Oise, pour nous dévoiler une performance chorégraphiée, sur un poème dramatique de Jean-Pierre Siméon : Stabat Mater Furiosa. Sept femmes, sept voix, qui nous livreront un cri de douleur, une résistance poétique, et une fureur de vivre éblouissante face à la violence des hommes. Souhaitant mettre à l’honneur le théâtre amateur, qui séduit par sa créativité, son ingéniosité et son amour immense pour le théâtre, le festival, célèbre aussi sa diversité. Ainsi le jeudi, il accueillera le Collectif d’abord, pour une soirée d’improvisation théâtrale, où le public donnera le ton de la soirée, entre roman noir, science-fiction ou encore horreur ! Finalement, la troupe de théâtre amateur du collège André Chavanne, de Genève, proposera la création Let them Cook déjà présentée à la Comédie de Genève à l’occasion du festival VIVA dédié aux jeunes de 12 à 20 ans. Sur scène, dans une mise en scène originale, une dizaine de jeunes, entre récits intimes et poésie chorale, partageront une parole forte sur la manière dont le langage des adultes les contraint et les façonne.
La compétition se déroulera sous les yeux attentifs et bienveillants d’un jury de professionnel-les du théâtre et de la vie culturelle. Si souvent l’on retrouve des prix pour le jeu et l’interprétation, celui-ci est libre également de féliciter et d’encourager le processus création, le choix des textes ou encore les aspects visuels des spectacles. Ainsi il y a deux ans, la compagnie du Talweg repartait avec le prix de l’audace, et cette année nous apprenons la co-organisation, par leur metteuse en scène, d’un Festival de l’Audace à Magny-les-Hameaux, où les compagnies sont choisies selon des critères d’inventivité et de prises de risques. Cette anecdote reflète quelque chose qui est cher à FriScènes, la création d’un lien et d’un dialogue qui va bien au-delà de la semaine partagée.

Les rencontres
Des histoires d’amitiés, des rencontres artistiques façonnent l’histoire du festival. Durant la semaine, les professionnel-les et les amateur/trices échangent autour des spectacles, mais pas seulement, des ateliers et des formations sont également organisées. C’est aussi l’occasion de faire découvrir Fribourg autrement, avec notamment un Hors-Scène confié cette année à la troupe Ljubav i Pobuna qui fête ses 10 ans. La compagnie proposera, durant toute la semaine Théâtre de Boulevard, une déambulation poétique, historique et absurde sur le Boulevard de Pérolles. Cette pièce s’inscrit dans la programmation hors compétition, comme les pièces d’ouverture et de clôture, réservées à une programmation professionnelle. Le festival débutera avec Carte blanche à ma mère, un seule-en-scène magistrale et lumineux de Valeria Bertolotto dans lequel elle invite, à travers elle, un récit croisé entre elle et sa mère, bien élevée et trop discrète, disparue subitement un matin de novembre. Les festivités s’achèveront avec le prix de la relève décerné cette année à la création toute en nuances de rouge de la Cie What About What : Hello. La rencontre se tisse également entre des associations ou des instituions fribourgeoises, et cette année, le festival proposera pour la première fois, une pièce famille long format, le dimanche, en collaboration avec Le Théâtre Marionnette de Fribourg. La pièce co-choisie est le conte marionnettique, doux et joyeux autour de l’exil et de l’intégration, de l’échange et de l’accueil, Dans ta valise, de la Cie Rêve général ! Finalement, depuis quelques années le Festival organise également des pièces et des rencontres exclusives pour les adolescent-es dans le cadre scolaire. Cette année iels auront la chance de découvrir une création qui mêle danse, théâtre et beatbox : Je viens de partir de la Cie ChamplOo.
Une 18ème édition, avec des propositions engagées et drôles, aux scénographies vidéasques et aux costumes sublimes, questionnant notre monde avec poésie, et qui est surtout une déclaration d’amour, parce que, comme le dit l’adage, FriScènes, c’est toujours plus d’amour.
Charlotte Curchod
Infos pratiques :
Infos complémentaires et réservation sur https://www.friscenes.ch/
Photos : dans l’ordre d’apparition ©Aline Paley (banner), ©Lucas Klotz, ©Rebecca Bowring
