Les réverbères : arts vivants

Une 29ème saison pour les « rameurs » du Galpon

Au Galpon, on réitère le même concept que l’an dernier : après un bref mot d’introduction de Gabriel Alvarez et Nathalie Tacchella, nous étions invité-es autour de tables, à raison d’une par spectacle, et de plats imaginés par le chef, en fonction de la thématique de chacun d’entre eux. 

En guise d’introduction, Gabriel Alvarez a tenu à remercier toute l’équipe, qu’il s’agisse des fondateur/trices ou de celles et ceux qui sont arrivé-es au fil des ans. Désigné-es comme des « rameurs » qui œuvrent pour faire de ce lieu si chaleureux ce qu’il est aujourd’hui, il n’a pas manqué d’insister sur la précarité de la situation de la culture. Nathalie Tacchella a d’ailleurs embrayé en invitant chacun et chacune à signer l’initiative visant à garantir qu’au moins 1% du budget de fonctionnement annuel du canton soit alloué à la culture. Pour conclure sur ce chapitre des « rameurs », Gabriel Alvarez a souligné le magnifique travail de Camille Lacroix, graphiste de la saison, qui invite à ramer vers le haut, pour s’émanciper et découvrir les productions théâtrales et dansées de cette saison 25-26. Les deux co-directeur/trices des lieux nous ont présenté le concept de la soirée, dont le format a été réitéré, avant de laisser la parole aux artistes, autour des différentes tables, non sans avoir rappelé les événements de recherche et autres ateliers qui auront lieu tout au long de la saison. Nathalie Tacchella a conclu en évoquant le projet Récits potagers, en collaboration avec des cultivateur/trices de Cité-Jonction, et qui a abouti à un livre écrit par Justine Ruchat et illustré par Tom Tirabosco. 

Création, échanges, découverte et rencontres 

La saison du Galpon débute du 4 au 7 septembre, avec le festival Cataclysme Piano #4, auquel notre rédactrice Charlotte Curchod a consacré le premier reportage de la saison. La Pépinière renouvelle ainsi son partenariat avec le Galpon, pour documenter le processus de création des spectacles de la saison. Durant ce premier événement, on pourra donc découvrir différentes formes de piano, des performances autour de ceux-ci, dans un moment qui se veut avant tout une aventure humaine. 

La première pièce théâtrale au programme est signée Justine Ruchat et débutera le 23 septembre. Avec Méandres, elle propose un texte poétique en sept tableaux, où la question du regard est abordée. Il s’agira pour les trois interprètes que sont Clara Brancorsini, François Revaclier et Elise Perrin, de nous inviter à réinvestir le monde pour mieux l’observer, et retrouver, espère-t-on, l’essentiel. Puis, du 18 au 30 novembre, Gabriel Alvarez nous présentera sa vision d’Ubu Roi. Le texte d’Alfred Jarry sera exploré par le Studio d’Action Théâtrale, pour réinterroger la guerre, vue comme un concours d’egos surdimensionnés. Avec ce roi si peureux, mais ignoble, véritable parodie de Macbeth, on se rendra compte que le propos est, tristement, particulièrement actuel. 

L’année se conclura avec Les larmes de Titania, basé sur les écrits d’Elisabeth d’Autriche, alias Sissi. Pierandré Boo y dirigera Greta Gratos, qui nous présentera une autre facette de l’impératrice, loin du fard des palais. Ses écrits y questionnent l’époque, malgré les privilèges auxquels elle avait accès. On se retrouvera ensuite en janvier avec une nouvelle création du Studio d’Action Théâtrale, Judith ou le corps séparé. Second volet sur la guerre, il questionnera aussi les fantasmes, les relations humaines, et les jeux de pouvoir, grâce à un texte percutant d’Howard Barker, pour un huis-clos où la catastrophe est proche. 

 

Du 17 au 22 février, Catherine Gaillard débarquera avec Les voyages inattendus et revisitera les contes, loin du classique « Il était une fois… ». Il y sera question de profane et de sacré, d’enfance et de folie dévastatrice, ou encore de la nature humaine sous tous ses aspects. Un spectacle qui n’épargne pas. Ces « contes sur nous » seront suivis par un accueil dans le cadre du Festival Groove’N’Move. Stuck, ou quand les mots restent coincés et que seul le corps peut encore exprimer ce qu’on ressent. Mounia Nassangar utilise le whacking pour en revenir à l’essence-même, à savoir l’urgence d’une expression née de l’oppression. 

Dès le 24 mars, Alexandre Simon et Cosima Weiter proposeront un spectacle interdisciplinaire. Avec Portrait, ils explorent différents territoires à travers le regard des habitant-es de ceux-ci. Un spectacle entre sensibilité artistique et enquête anthropologique qui ne devrait pas laisser indifférent-e. Place ensuite au Pas de deux de Pascal Gravat. Bien que le titre soit encore provisoire, le chorégraphe, en cocréation avec Julien Mages, interroge la thématique du vieillissement, et de comment le temps peut agir sur nous, entre récit et danse. 

Du 28 mai au 7 juin, Lou Lepori présentera son Insuline. Porté par Cédric Leproust et Marc Berman, ce long monologue résonne comme la logorrhée d’un personnage queer qui a besoin de s’exprimer, pour raconter ce qu’il subit, ainsi que la mémoire de son grand-père. Le tout en lien avec le diabète dont il est atteint. Un spectacle puissant, dont on ne ressort pas indemne. Enfin, la saison se conclura avec un opéra, soit les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, avec la Haute École de Musique de Genève. L’histoire de cette congrégation religieuse prise dans la tourmente de la Révolution Française résonne étonnamment avec nous, que nous soyons croyant-es ou non… 

Alors, prêt-es à ramer avec le Galpon en 25-26 ? 

Fabien Imhof 

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Galpon. 

Photos : ©Erika Irmler 

Fabien Imhof

Co-fondateur de la Pépinière, il s’occupe principalement du pôle Réverbères. Spectateur et lecteur passionné, il vous fera voyager à travers les spectacles et mises en scène des théâtres de la région, et vous fera découvrir différentes œuvres cinématographiques et autres pépites littéraires.

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