Les réverbères : arts vivants

Arcoincanto : Cupidon a plus d’une corde à son arc

Qu’elles soient frappées, frottées ou vocales, la séduction a de multiples cordes à son arc. L’ensemble Variante racontait la musique et la séduction ce dimanche au studio Gabriele de Agostini.

« Et si la musique classique s’écoutait autrement ». C’est le slogan de l’ensemble Variante. Composé pour l’occasion d’un pianiste (Christophe Sturzenegger), d’une soprano (Clémence Tilquin), d’un violoncelliste (Giacomo Grandi) et d’un comédien (Vincent Aubert), l’ensemble propose de mêler musique, jeu et parole, pour rendre la musique classique accessible à tous. Dans un répertoire où se côtoient Bizet, Offenbach, Satie, Jaques-Dalcroze, Lehár, Mozart, Puccini et Bernstein, la palette était large pour dire la séduction. Les mots de Baudelaire, Molière, Rostand, Louise Labé et Vincent Aubert étaient là pour lier le tout, dans un résultat qui a emmené le public dans tout ce que la séduction a de beau et de complexe.

L’émotion par la musique

La musique, qu’elle soit accompagnée ou non de paroles, peut transmettre beaucoup de sentiments. Tantôt calme ou tempétueuse, elle raconte les diverses étapes de la séduction et de la vie de couple, des moments intimes et doux aux disputes et aux déchirements, en passant par les doutes et les questionnements. C’est là tout l’art de la composition et du jeu des deux instruments, qui parviennent à faire passer des images par les sons. La voix de Clémence Tilquin ajoute encore à cet effet, en apportant des paroles, illustratrices de situations plus concrètes, qu’elles soient exprimées en français, allemand ou anglais.

Si l’on connaît bien les extraits de Carmen ou Don Giovanni, l’ensemble Variante propose également de belles découvertes, comme le Paysage sentimental, un poème de Louis Duchosal, mis en musique par Émile Jaques-Dalcroze, dans lequel il est question de l’état intérieur de celui qui cherche à séduire… Et à la fin de ce panorama, les musiciens nous laissent sur un extrait de Peter Pan de Leonard Bernstein, comme une invitation au rêve…

L’appui des mots

Vincent Aubert, à travers un choix de textes et autres extraits, apporte du liant à la performance, grâce à des explications sur ce qu’expriment ces morceaux. S’appuyant sur des poèmes de Baudelaire, notamment le célèbre Serpent qui danse, ou autres passages de Molière et Rostand, il illustre toute la beauté que revêt l’art de la séduction, les doutes qu’elle exprime également. Une constante dans tout cela : elle ne laisse jamais indifférent, qu’on soit l’être à séduire ou celui qui séduit…

Mais un questionnement s’impose tout de même en fin de spectacle, amené subtilement et sans insistance par le comédien : les textes proposés sont tous produits par des hommes. On n’a que la vision de l’homme : l’homme qui séduit, qui imagine les réactions de la femme, l’homme qui pense… Alors, à l’heure du #metoo, Vincent Aubert choisit de citer un poème trop peu connu de Louise Labé, Quelle grandeur rend l’homme vénérable ?, un questionnement tout à fait d’actualité sur lequel il nous laisse méditer.

Fabien Imhof

Informations pratiques :

ARCOINCANTO : Les cordes de la séduction, un spectacle musical de l’ensemble Variante, le 29 septembre 2019 au Studio Gabriele de Agostini.

Avec Christophe Sturzenegger, Clémence Tilquin, Giacomo Grandi et Vincent Aubert

http://ensemblevariante.ch/

Photo : © Ensemble Variante 2019

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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