Les réverbères : arts vivants

À Am Stram Gram, on regarde vers le haut

Une citation liminaire d’Edgar Morin ouvre le dossier de presse : « L’univers est en nous. » Cette année, Am Stram Gram veut faire rêver et mener les plus jeunes à la découverte du théâtre, du cirque, de la danse de la musique. Bref, mettre des étoiles dans les yeux et dans nos cieux.

À Am Stram Gram, on y croit : le théâtre peut changer le monde. Et si ce n’est pas le cas, il peut au moins contribuer à faire rêver, ouvrir les esprits pour découvrir d’autres perspectives, surtout auprès des plus jeunes qui s’y rendent pour la première fois. C’est pourquoi la première page du dossier de presse se termine par ce mot simple, et si empli de sens : « Bienvenue. » Depuis 2021 et l’arrivée de Joan Mompart à la direction du théâtre s’est mis en place le projet DEMAIN, qui vise plus d’horizontalité, d’échange et de partage entre les acteur·ice·s culturel·le·s, le théâtre et la jeunesse. Parce que c’est dès l’enfance que s’invente le monde de demain, que l’imaginaire n’a pas de limite quand on n’a pas encore grandi et que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Une bien belle visée, pour une saison qui résonnera comme une fête d’ouverture au monde.

Tout commencera les 9 et 10 septembre, avec La Bâtie et Foreshadow et cette question simple : Que faire quand un mur de six mètres occupe toute la scène ? Grimper dessus et danser, pardi ! C’est en tout cas le défi que se proposent de relever les huit artistes qui imaginent cette danse performance.

La saison d’Am Stram Gram à proprement parler débutera le 29 septembre avec un spectacle imaginé par Antoine Courvoisier, Angelo Dell’Aquila, Delphine Barut, Clea Eden et Charlotte Filou : Dégueu. Reprenant la trame du fameux DUKUDUKUDUKU, la Cie Mokett s’adresse cette fois aux plus jeunes pour leur parler d’éducation sexuelle, tout en cassant le mythe de ce qu’on leur a enseigné à l’école. Place cette fois à un dialogue généreux, drôle et libre, où seront convoqué·e·s des cigognes, un ukulélé rose, le mythe du chou, ou encore Adam et Eve…

Du 14 au 20 octobre, les acrobaties verbales laisseront place à celles du corps avec De bonnes raisons, par la Cie La Volte-cirque. Grâce à un dispositif circulaire qui rappellera à certains leurs souvenirs d’enfance, Matthieu Gary et Sidney Pim interrogent notre rapport au risque à travers leur pratique, en abordant des thématiques variées comme une chute de sept mètres de haut ou encore un banquier puni par la gravité. Attention, il ne faudra pas avoir le vertige !

Après avoir élevé notre regard, il faudra apprendre à l’envisager autrement, dans Gretel, Hansel et les autres, du 3 au 5 novembre. En caméras embarquées, on redécouvre le conte qu’on connaît, de manière totalement réinventée : dans un décor d’aujourd’hui, on s’inquiète de la disparition de la sœur et du frère, qui ont simplement décidé de se sauver dans la forêt pour échapper à un monde qui manque de goût…

Du 17 au 26 novembre, Caroline Bernard et Gaël Sillere s’adresseront aux adolescent·e·s. Avec ce public un peu plus âgé qu’à l’accoutumée, iels construiront un appartement sur scène et les y inviteront. Une programmation un peu différente pour libérer leur parole et leur donner un espace dans lequel s’exprimer, afin de s’immerger dans leur quotidien par si évident. En parallèle, durant les premiers jours du spectacle, Am Stram Gram accueille une agora intergénérationnelle autour de l’eau et de l’alimentation. On y apprendra, en s’amusant, beaucoup de choses sur l’eau et son rôle dans notre alimentation, tout en se questionnant sur les défis d’aujourd’hui et de demain. Alors, prêt·e·s à changer le monde ?

On se retrouve ensuite au mois de décembre avec Ollie, un projet qui abolit la limite entre espace public et théâtre. Philipp Glass y rencontrera des skateur·se·s, amateur·ice·s de parkour, de danse et de théâtre, pour un moment qui promet de nous en mettre plein la vue ! Pendant ce temps-là, les 9 et 10 décembre, les plus petit·e·s pourront, dès 2 ans, découvrir Circles, un spectacle d’Helios Theater, qui reviennent pour la troisième fois. Cette fois-ci, il s’agira d’imaginer un univers centré autour du cercle, auquel chacun·e pourra se mêler pour jouer, inventer son monde, manipuler et découvrir dans le sable qui tombera du saut percé se balançant au-dessus de la scène.

On se retrouve ensuite en 2024 avec Ciao ciao, du 12 au 28 janvier. Martin Zimmermann et son personnage Gelsomina nous emmènent dans l’univers magique du théâtre et de tous ses possibles, en abordant des thèmes larges comme l’appartenance à l’autorité, la dépendance et la liberté, l’amitié et l’inventivité.

En février, on retrouve le monde du conte, encore une fois réinventé. Dans Seule dans ma peau d’âne, Estelle Savasta réinvente le texte de Perrault, en s’intéressant à ce qui lui plaît à elle. Sans prince, sans fée, on se concentre sur la princesse, qui garde fermement son destin entre les mains, sans oublier la magie de la fable !

Du 9 au 18 février, avec Mirkids, Jasmine Morand imagine un dispositif chorégraphique hypnotisant où le public ne sera non pas assis, mais allongé. Le spectacle se passera au-dessus de sa tête, dans une forme de kaléidoscope géant. Quand on vous disait qu’Am Stram Gram invitait à regarder vers le haut…

Après la pause dévolue aux vacances, on retrouvera Dario Moretti, Saya Namikawa et Marta Lucchini, qui nous raconteront une Histoire de lumière. Entre danse, musique, récit et peinture, le trio voyagera au cœur d’une matière encore vierge pour y déposer ses sensations. Un spectacle à ressentir avant tout, dès 4 ans.

Et si on se disait que C’est pas beau et c’est pas grave ? C’est en tout cas le nom du nouveau projet de Marjolaine Minot, dans un univers imaginaire où toutes nos perceptions seront chamboulées. Et si une chaise n’était une chaise… mais un piège ? Une invitation à demeurer toujours curieux·ses et à l’affût !

Du 19 au 28 avril, pour les plus grand·e·s (dès 11 ans), Sébastien Olivier, Sara Uslu et Alexandra Gentile imaginent une étrange créature, seule sur la scène. Origan, c’est le personnage principal de Pourritures, et il déteste tout ce qui est imprévu. Tout doit être méticuleusement préparé et réglé. Mais quand Rognure, qui échappe à tout contrôle, débarque, quitte à tout détruire, les perceptions d’Origan pourraient bien être bouleversées…

Place ensuite à une drôle de ménagerie, au cœur de laquelle on retrouve… des canards ! Dans Poil de la bête, un pianiste accompagne les volatiles, les poules et les chiens de la compagnie les Plumés, dans un spectacle qui fait la part belle aux animaux et au rire.

La saison se terminera du 24 au 26 mai, avec Le jour J de Mademoiselle B., une comédienne qui a longtemps connu la gloire, avant de disparaître de la circulation. La voici de retour sur scène, sans savoir que son public est désormais composé d’enfants. Comment va-t-elle réagir face à la peur qui s’empare d’elle ? En parallèle du spectacle, une nouvelle agora intergénérationnelle sera proposée, cette fois autour du thème de l’amour. Les participant·e·s à l’atelier théâtre s’emparent des lieux pour le raconter à leur manière.

Plein d’autres événements seront au programme de la saison, avec des expos, des rendez-vous les samedis pour les familles, de la musique, des activités au théâtre ou hors les murs… À Am Stram Gram, on nous invite à voir autrement, à ouvrir grand les yeux pour rêver, découvrir et mettre des étoiles dans nos vies !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Théâtre Am Stram Gram.

Photos : © Am Stram Gram

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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