Le banc : cinéma

Bambi, loin du monde de Disney

Avec Bambi, l’histoire d’une vie dans la forêt, Michel Fessler adapte le roman de Felix Salten. Il y raconte l’histoire d’un jeune faon qui apprend la vie, durant sa première année de vie, et des moments de celles qui suivent. Le tout est narré par la voix de Mylène Farmer.

Tout commence à la naissance du jeune faon, et même avant, alors que le ventre de sa mère grossit de jour en jour. Bambi, une fois debout sur ses pattes, doit apprendre à évoluer dans la forêt. Pour l’aider, il recevra bien sûr le soutien de sa mère, toujours protectrice et bienveillante, mais aussi de la corneille qui veille, du lapin malin, ou encore d’un raton laveur, de sangliers, de souris… À leurs côtés, il apprend les secrets de la forêt, des plantes qui soignent, mais aussi des dangers qui rôdent : la vipère, l’aigle royal, mais aussi et surtout l’humain ! Et l’histoire que l’on connaît et qui a brisé tous nos cœurs d’enfants finit par arriver : la mère de Bambi se fait tuer. Le faon, devenu un jeune cerf, se rapprochera alors du père, qui lui prodiguera un tout autre enseignement, alors qu’il est amené à devenir le futur chef de la forêt. Ses retrouvailles avec Faline, son amie d’enfance, l’aideront également à surmonter cette terrible épreuve.

Ceci n’est pas un documentaire animalier

Les images tournées par Michel Fessler rappellent bien sûr celles d’un documentaire animalier. On citera d’emblée le magnifique travail de photographie, avec ses plans aériens de la forêt, mais aussi ces gros plans sur les feuilles, les insectes, ou la patte abîmée de la corneille… À travers cela, c’est toute la vie de la forêt qui nous est montrée. On retrouve ainsi les codes du documentaire animalier, avec ces images d’animaux et la voix off qui narre le tout.

Pour autant, Bambi, l’histoire d’une vie dans la forêt n’est pas un documentaire animalier. Le récit est très romancé, avec de belles formules et un suspense qui se crée au fur et à mesure. On est tenu en haleine devant ce qui peut arriver à Bambi, mais aussi au petit lapin – Panpan, on t’a reconnu, même si ton nom n’est pas cité – ou à la corneille. Rien n’est donc raconté comme dans un documentaire, avec un phrasé qu’on qualifierait de littéraire, empli de nombreuses métaphores, tout en demeurant très didactique. On en apprend ainsi beaucoup sur la vie de la forêt, l’évolution du faon et la façon de vivre des cervidés. On est ainsi surpris de découvrir la manière dont la mère et son fils sont séparés du reste de la meute durant les premières semaines de vie du faon, mais aussi comment les bois poussent et tombent…

Un voyage initiatique

Surtout, l’histoire de Bambi a tout du roman initiatique : on retrouve la quête de soi de Bambi, amené à devenir un grand cerf ; les différents mentors ; les obstacles qui se dressent sur sa route ; et enfin la transformation intérieure, après la mort de sa mère. Paradoxalement, le film présente une dimension très humaine, avec cet apprentissage de la vie. Comme nous, Bambi a tout à apprendre, en recevant l’aide des adultes et d’autres mentors. Il se retrouve confronté aux rencontres, à la perte et au deuil. Tout le cycle de la vie se présente à lui en peu de temps. Y aurait-il dès lors une volonté de nous rapprocher des animaux, en abolissant les frontières que nous nous sommes socialement construites ?

Mais le message du film est même poussé plus loin, de manière plutôt subtile. L’humain est constamment présenté comme le plus grand de tous les dangers, nous rappelant notre sentiment de supériorité et de toute puissance par rapport à la nature. Bambi, l’histoire d’une vie dans la forêt, s’apparente alors également à une fable écologique, en nous invitant à relativiser notre posture. C’est surtout une manière de nous faire réfléchir à mieux vivre ensemble, en harmonie avec la nature, non seulement parce qu’elle est belle, mais aussi parce qu’elle a beaucoup à nous apprendre. En un mot, le film de Michel Fessler nous invite au décentrement.

Fabien Imhof

Référence :

Bambi, l’histoire d’une vie dans la forêt, d’après le roman de Felix Salten, réalisé par Michel Fessler, France, sortie en salles le 16 octobre 2024.

Avec la voix de Mylène Farmer

Photos : ©Eric Travers

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *