Dans l’Atelier lecture virale d’Olivier May… – 1ère partie
La période pandémique est, décidément, très fertile pour les créateurs – quels qu’ils soient. Contraints de repenser leurs pratiques et de les adapter aux supports numériques, les auteurs font preuve d’une vitalité fascinante.
Aujourd’hui, c’est Olivier May, auteur « jeunesse » amateur de haïkus et de belles histoires, qui nous fait entrer dans son univers. À ces côtés, nous poussons la porte d’une chaîne Youtube un peu particulière, malicieusement intitulée Atelier lecture virale. Entre lecture, découverte et écriture, Olivier May n’a pas froid aux yeux et sort ses petits lecteurs-spectateurs de leur zone de confort…
La Pépinière : Olivier May, bonjour ! Vous êtes un auteur « jeunesse »… en quoi cela consiste-t-il, exactement ?
Olivier May : Depuis tout gosse, j’ai développé un goût prononcé pour l’imaginaire, l’histoire, la préhistoire et les peuples lointains, dans le temps et l’espace. J’ai lu Jules Vernes, Fenimore Cooper, Walter Scott, Karl May… avant de découvrir la science-fiction à l’adolescence. J’ai commencé à écrire il y a une vingtaine d’années, d’abord pour les adultes, de la fiction spéculative. C’est un sous-genre, plutôt anglo-saxon, de la littérature de l’imaginaire, qui se recoupe avec la dystopie[1] – mais pas seulement. Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes ou 1984 en sont les œuvres les plus emblématiques, selon moi. Il s’agit d’explorer des futurs pas trop lointains, dont nous vivons déjà les prémices, sans voyages interstellaires, extraterrestres, ni trous de ver. Pour moi, Michel Houellebecq écrit de la fiction spéculative.
Il y a une dizaine d’années, j’ai ressenti le besoin d’écrire les histoires dont j’avais été privé dans mon enfance. Et j’ai eu la chance que ma série Les enfants de la louve soit publiée chez Flammarion. Mes jeunes lectrices et lecteurs y suivent deux petits héros qui sont les premiers à domestiquer des loups, ancêtres de nos chiens. Le tout dans la toundra, entre bisons et mammouths. J’écris depuis lors des romans historiques et préhistoriques pour les 8-13 ans.
La Pépinière : Les Enfants de la louve n’est pas le seul roman du genre que vous avez écrit. Vous avez notamment développé une série, Les Enfants de…, qui suit des petites héroïnes et des petits héros au fil de la préhistoire et de l’histoire. Expliquez-nous ce concept.
Olivier May : À la place de faire voyager mes personnages dans le temps, j’ai tout naturellement développé un concept basé sur l’observation de mon fils et de ma nièce, au même âge. Par exemple, une fille intrépide qui entraîne son cousin dans des aventures dans la montagne. Dans chacun de mes romans, deux enfants liés par le sang ou l’amitié affrontent des événements historiques. Ce sont les éditions Auzou qui m’ont donné la chance d’écrire ces romans que j’aurais aimé lire pour illustrer les cours d’histoire et de préhistoire suisse avec la série Les Enfants de… Imaginez que jusqu’aux Enfants de l’Escalade, il n’y a avait aucun roman illustré à lire en classe ou chez soi sur cette extraordinaire histoire genevoise ! Et pas davantage de romans sur les lacustres, ou les Helvètes et Jules César ! À travers mes livres, je cherche à emmener mes jeunes lecteurs dans des aventures qui les aideront à fixer les grands moments de l’histoire et de la préhistoire. Par exemple, avec les personnages des Enfants de la louve, Airelle et de Petit-Nez en tête, la visite d’une grotte préhistorique ou d’un musée aura une autre saveur !
La Pépinière : Votre idée n’est pas sans évoquer celle de l’association Les Guides à pattes, qui crée des petits livres consacrés aux différents sites archéologiques suisses, à destination des enfants. Histoire, jeu et illustration se mêlent – comme par exemple dans Les Burgondes à Genava, dont nous avions parlé à nos lecteurs. Vos livres font également une grande place à l’illustration et à la véracité historique, non ?
Olivier May : Je travaille avec mes éditrices et les illustrateurs comme documentaliste de mes propres histoires, afin que l’illustration soit la plus proche possible de la réalité matérielle d’une époque. Un casque gaulois, une hache polie, une montre du temps de l’Escalade ou l’uniforme d’un hussard doivent être au plus proche de ce que les données scientifiques nous livrent comme témoignage iconographique ou matériel.
Lors de mes animations en classe ou dans les festivals du livre, j’insiste auprès des enfants sur ce travail de restitution afin qu’ils soient exigeants dans leurs choix de lectures et apprennent tout en éprouvant les frissons de l’aventure que provoque la fiction. Et lorsqu’incarnant mes personnages, lorsqu’ils me présentent des saynètes issues de mes livres, lorsqu’ils font circuler les silex et les haches polies que je leur apporte, je sais qu’ils voyagent avec moi.
Propos recueillis par Magali Bossi
Photo : ©EliasSch
La suite de l’entretien est à lire lundi à 11h !
Infos pratiques :
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[1] Ndlr : la dystopie est un genre d’utopie cauchemardesque (ou de contre-utopie) qui joue avec les événements historiques en les réarrangeant pour créer une réalité alternative (ex. l’Europe, dans le cas où Hitler aurait gagné la Seconde Guerre mondiale ; l’évolution de la géopolitique mondiale, après l’éradication de la quasi-totalité des Occidentaux par la grande peste, en 1347…).
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