Des drames dans le tram… en anglais aussi !
Depuis le 11 septembre dernier, Tram’Drames a repris. Toujours sis dans le tram historique, le spectacle a évolué depuis les premières représentations du mois de juin. Un élément n’a pas changé toutefois : la pièces aussi jouée en anglais.
Dans la version anglaise, les histoires sont les mêmes : la jeune Yolande est assassinée dans une rame du tram (quel drame !), un Italien de passage a tué sa femme adultère, une femme démembrée est retrouvée un peu partout dans la ville, un riche cadavre apparaît dans une grande malle jaune, une autre femme est noyée deux fois par son fiancé, alors que la tête d’un vendeur de pierres précieuses finira rôti dans une cuisinière de la marque Le Rêve[1]…
Autre langue, autre dynamique
Mais alors, on peut se demander ce qu’apporte ce changement de langue ? Trois éléments nous sautent aux yeux. D’abord, la musicalité. Les dialogues sont plus chantants, avec par moments quelques éléments de poésie, et ses normes si différentes des carcans francophones. Et si la version française regorgeait de jeux de mots et autres calembours, le pendant anglais n’est pas en reste et permet d’autres jeux de langue, avec ce vocabulaire si riche et ses subtilités de prononciation. Vous l’aurez compris, entre quiproquos et jeux de mots, le dynamisme du langage est totalement différent et amène un rythme complètement nouveau.
Deuxième élément à souligner : la troupe. Les Renegade Saints sont habitués à l’improvisation. Jacques Sallin, le metteur en scène, ne les a donc pas choisis par hasard. Par leur formation, c’est monnaie courante pour eux d’interagir avec le public. Alors, en plus des interventions des spectateurs qui existent aussi dans la version française (certains étant appelés à témoigner à la barre, ou à jouer à une partie de puzzle géant en cherchant les différentes parties du corps d’une femme démembrée), par de tout petits gestes, ils font participer le public. Celui-ci devient véritable acteur au sens premier du terme. Invité à agir en tant que jury ou encore à tenir la lime à ongles d’un personnage pendant qu’il est ailleurs, son attention est captée en permanence par une troupe de comédiens qui ne le lâche pas d’une semelle.
Enfin, toujours en rapport avec la troupe, il faut souligner la multitude d’accents. Les comédiens viennent des quatre coins du globe, représentant merveilleusement la Genève internationale. Leurs diverses intonations permettent non seulement de varier les personnages, mais aussi de donner plus de personnalité au spectacle, investi d’une véritable âme.
Tram’Drames en version anglaise, c’est donc un spectacle totalement différent, bien que la trame soit la même qu’en français. La troupe excelle ainsi dans l’art de surprendre le spectateur qui aurait déjà assisté à une autre représentation et cela, c’est très fort ! Un grand bravo !
Fabien Imhof
Infos pratiques :
Tram’Drames, inspiré des Meurtres à Genève de Corinne Jaquet, dans le vieux tram genevois, du 12 au 30 juin et du 11 au 29 septembre 2019.
Mise en scène : Jacques Sallin
Avec Michele Rizzello, Marine Delacrétaz, Chaquib Ibnou-Zekri, Nathalie Gantelet, Michel Kuhne, Simone Emery, Odile Thevenot et Serge Clopt pour les représentations en français
Avec Viki Lazar, Daire O’Doherty, Noëlle Rentsch, Berta Adell Palau, Gabriel Bird, Marilyn Dunning, Manda Kirkus Vacic et Gary Bird pour les représentations en anglais.
https://www.compagnielamouette.ch/spectacles/tramdrames
Photos : © Nathalie Gantelet, Irwin Law (banner et inner 2), © Jacques Sallin (photo du tram)
[1] Pour plus de détails sur ces affaires, retrouvez la critique du spectacle version française : http://lapepinieregeneve.ch/embarquez-a-bord-de-tramdrames/