Les réverbères : arts vivants

Et on ne sait toujours pas Comment on va l’appeler

Renaud de Vargas était au Caustic Comedy Club samedi, pour y jouer son spectacle Comment on va l’appeler, une deuxième fois après une première représentation… en octobre 2020 ! Avec son ami Adrien Laplana en première partie, il a enchanté le public grâce à sa galerie de personnages, ses jeux de mots et ses drôles d’anecdotes !

La voix de l’humoriste résonne depuis les coulisses pour annoncer la première partie, durant laquelle Adrien Laplana met ses talents d’improvisateur au service d’un sketch hilarant sur sa récente paternité. Il nous raconte notamment que ses habitudes ont changé et qu’être papa en Suisse, c’est quand même bien plus simple qu’en Australie, un endroit qui lui fait très peur. Car Adrien est un hypocondriaque qui a peur d’à peu près tout. Pendant une dizaine de minutes, il joue de ses peurs et se livre, avant de laisser place à l’humoriste du soir. Qu’à cela ne tienne, on le retrouvera le 16 novembre sur la même scène, pour une heure de blagues ! On attend avec impatience.

Comment on va l’appeler ? C’est ainsi que s’intitule le spectacle de Renaud de Vargas. Sur l’affiche, une photo de lui enfant, avec son « front de la taille du CERN », renvoyant ainsi au double sens du titre : trouver un nom au spectacle, mais aussi à cet enfant. Vivre avec un tel prénom n’a pas forcément été une sinécure. Vous imaginez aisément les blagues qu’il a entendues à ce propos, tout au long de son existence… Pendant près d’une heure et demie, il oscille entre anecdotes personnelles, observations sur le monde qui l’entoure – comme tout stand-uper qui se respecte –, personnages hauts en couleur, accents et improvisation…

Du Renaud de Vargas comme on l’aime

Bien avant la scène, c’est sur les ondes de Couleur 3, puis sur Instagram et TikTok qu’on l’a connu. Dans ses chroniques comme sur les réseaux, il interprète plusieurs personnages, accents à l’appui. C’est en grande partie cet humour qu’il transpose à la scène, pour notre plus grand plaisir ! On retrouve, bien sûr, de nombreux personnages au fort accent vaudois, rappelant les origines de l’humoriste : de sa mère au touriste pratiquant le trek à Genève, en passant par le propriétaire de chien et ses phrases toutes faites, Renaud de Vargas n’oublie pas de faire preuve d’une grande autodérision. Son anecdote sur son Nouvel-an à Amsterdam, en comparaison avec la « fête d’adulte » qui a marqué son passage en 2021 vaut vraiment le détour !

Comme dans tout spectacle de stand-up, il y a une grande part d’interaction avec le public. Et il n’est jamais aisé de mettre ce dernier à l’aise[1]. Renaud de Vargas y parvient pourtant avec brio, en réagissant aux commentaires des spectateur·trice·s avec un humour bienveillant – attention tout de même si vous avez un prénom original du type « Willy » et que vous êtes un peu plus âgé que Renaud… – tout en se moquant de lui-même, de ses transitions parfois douteuses ou des blagues qui fonctionnent mieux dans sa tête que face au public. On aurait par ailleurs pu craindre que l’utilisation d’accent ne devienne gênante à force, avec un humour dont on avait plus l’habitude dans les années 90-2000. Renaud de Vargas prend magnifiquement le contrepied de cette difficulté en proposant non pas de se moquer des personnes qui ont ces accents (portugais, brésilien, albanais ou italien), mais plutôt d’en dévoiler les subtilités, avec quelques conseils bien sentis pour les reproduire au mieux. Une belle preuve d’intelligence et de recul, que l’on retrouve dans son joli message final adressé aux hommes qui s’y prennent mal pour aborder les filles (entre drogue dans le verre et non-acception du refus poli de ces dernières…). On évoquera encore son improvisation, où il demande au public de donner dix mots à placer dans un discours, en proposant également une situation et un personnage. Et même si on a le sentiment de s’être fait un peu escroquer par rapport à certains mots (les placements de « troubadour » et « bivouac » n’étaient effectivement pas aisés), on rit de s’être fait avoir par les excellents jeux de mots de l’humoriste.

Renaud de Vargas réussit donc brillamment le passage de la radio et des réseaux sociaux à la scène, avec un humour souvent local (de nombreuses allusions au canton de Vaud), qui a parlé à la salle comble du Caustic Comedy Club. On attend la suite !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Comment on va l’appeler, de Renaud de Vargas, le 2 octobre 2021 au Caustic Comedy Club.

Photo : © Marie Monod

[1] Voir la critique d’Anaïs Rouget sur le spectacle de Thibaud Agoston pour mieux s’en rendre compte.

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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