Les réverbères : arts vivants

Groove’N’Move : danser pour s’exprimer

Alors que la 11ème édition du festival Groove’N’Move se tient uniquement en ligne, la programmation n’en demeure pas moins riche. Ce samedi 6 mars, entre 19h et 20h15, ce sont trois spectacles qui seront proposés sur YouTube. Focus.

Ambiance étrange à la salle du Lignon en ce mercredi après-midi, lors de la captation en amont des spectacles, presque à huis clos. Le partage n’est pas le même sans la présence du public, et pourtant les émotions et la performance sont au rendez-vous. Mieux, on se rend compte de l’impact physique de la danse pour celles et ceux qui la pratiquent. Tous les sons se trouvent amplifiés, dans cet espace quasiment vide. On entend ainsi les corps qui claquent, les pieds qui martèlent le sol et, plus impressionnant encore, le souffle des danseurs et des danseuses.

Dans le « Processus » d’une danse

Le premier spectacle proposé mettra en scène quatre danseurs du « cercle SomoS ». Tous sont également chorégraphes et interprètes, et viennent d’univers différents. De noir vêtus, chacun dans un cercle de lumière distinct, ils se laissent mener par la musique ultra rythmée qui résonnent autour d’eux. On le sent immédiatement : l’énergie sera au rendez-vous. Petit à petit, la musique les pénètre, l’un après l’autre, et leur inspire des mouvements. Alors que l’un se met à bouger, un autre respire tranquillement, pendant que le troisième s’étire et s’échauffe… Chacun son rythme, chacun son mouvement. On vit tous la musique différemment.

Au fur et à mesure, les cercles distincts n’en forment plus qu’un, où se rejoignent les quatre danseurs. Ensemble, ils partagent, s’influencent, se suivent. Ils se rassemblent et se ressemblent, atteignent un point commun à travers leurs différences. Leurs énergies se mêlent et se nourrissent, et on n’a qu’une envie : se mettre à bouger avec eux.

Communicatif.

Dans la sensibilité d’une « Perception »

Changement d’ambiance et d’énergie dans le deuxième spectacle. Le duo composé de Laura Nala et Miel Malboneige y parlera de complicité, dans une danse à la sensibilité extrême. Éclairés d’abord uniquement par une grosse lampe au milieu de la scène, on distingue à peine les deux corps dans la pénombre. Bien vite, on comprend qu’ils s’étreignent. Et puis, Miel s’en va, laissant Laura seule avec la lampe. Dans une danse qui s’apparente à un flirt, c’est une force entre attraction et répulsion qui se développe. Comme si la danseuse et la lampe ne faisaient qu’une, sans pourtant jamais se toucher – ou presque.

Au retour de Miel, cette même énergie prend de plus en plus d’ampleur. Leurs mouvements se suivent, sans contact, jusqu’à la rencontre. Entre séduction et conflit, ils se rapprochent et s’apprivoisent, comme dans un couple. Les coups, entrecoupés de stops, s’opposent à la fluidité de leur chorégraphie. De lui ou d’elle jaillit l’énergie, qui se transmet entre eux dans une parfaite symbiose.

Hypnotisant.

Dans l’intimité d’une « Re_Act »ion

Dans le halo de la lumière au centre de la scène, Cédric Gagneur entame un solo. Sur une musique d’une extrême douceur, sa danse est presque animale. Le rythme survient petit à petit et la chorégraphie monte en puissance.  On perçoit des mouvements de va-et-vient, avant que le cercle ne s’élargisse et que Melissa Ellberger, sa partenaire, ne le rejoigne.

C’est une démonstration de souplesse et de force qui s’offre alors à nous. On pourrait parler de force tranquille, tant les mouvements sont fluides et semblent faciles, alors qu’ils requièrent une grande puissance. Preuve en est en entendant le souffle des deux comparses et l’aspect acrobatique de la chorégraphie. Dans ce spectacle, on a le sentiment d’assister à une forme d’opposition, mêlée paradoxalement à un soutien indéfectible. Alors qu’ils semblent sans arrêt à la limite de la chute, ils ne tombent jamais, rattrapés par l’autre. Une exploration du rapport à l’autre, l’authenticité de chacun et ses valeurs implicites. Comme une furieuse envie de vivre. Et de s’achever sur un doux air de piano, où les corps passent l’un vers l’autre, dans un moment à la fois romantique et sensuel. Ils ne font plus qu’un.

Vertigineux.

« C’est fou ce que des corps peuvent raconter ! ». C’est la première pensée qui m’est venue à l’issue de ces captations. Qu’on soit passionné·e ou non de danse urbaine, qu’on soit connaisseur ou néophyte, comme c’est mon cas, on ne peut rester indifférent·e face à ces spectacles. En présentiel ou à travers un écran, l’émotion est au rendez-vous, sans doute différente pour chacun. Je ne peux que vous conseiller de vous connecter ce samedi, de 19h à 20h15.

Et si vous aussi vous avez envie de danser, une Before party, en livestream depuis la Gravière vous sera proposée ce soir de 20h à minuit, histoire de participer, à votre façon, à la fête. Autre possibilité : les ateliers du samedi après-midi, en Zoom évidemment, ou les workshops de dimanche. Avant l’apothéose du battle all style de dimanche à 16h ! Rendez-vous sur le site du festival pour plus de détails ! En tout cas, toute l’équipe du Groove’N’Move a travaillé d’arrache-pied pour monter une édition, certes différente, mais qui restera à coup sûr dans les annales !

Fabien Imhof

Pour retrouver toute la programmation du festival, c’est par ici : https://groove-n-move.ch/

Photos : © Brenda Aponga (Processus), © ekhostudio (Perception et Re_Act)

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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