L’animal qui est en toi
Trois danseurs et une danseuse à moustache portent des imprimés d’animaux. Ils paradent, roucoulent, et montrent le pouvoir séducteur d’une chorégraphie. Ils sont les Roméos. Des yeux de Juliette dardent des rayons de bonheur et de douce moquerie. Juliette n’est autre que nous, public, et elle observe.
Joshua Monten est certainement resté, de longues heures durant, dans les coins sombres des bars, là où raison et rêves font bon ménage. Il aura relevé les différents caractères et attitudes sociales qui s’y déploient. Sociales ? Le mot devrait être accompagné d’une connotation animale pour comprendre comment certains mâles (surtout) s’emploient à vouloir être admirés par les compagnes alentour au cœur libre.
Précisons, avant d’entrer dans le vif de la prestation, qu’il y a certes les messages, les mails et autres applications virtuelles mais … rien ne semble pouvoir pour autant surplomber le pouvoir physique de la danse. Là, les hommes paonnent.

La prestation des quatre danseurs est étonnante, tant elle brasse des émotions différentes. Avant tout drôle, elle vire au frisson lorsqu’ils et elle approchent du bord de scène et font mine de venir attraper l’une des Julia dans le public. Si l’on esquisse des sourires à tout-va, c’est entre autres parce que l’on se remémore certaines stratégies mises en place sur les pistes de danse pour capter les regards et l’intérêt des autres. Bientôt, on poussera des soupirs d’admiration : les danseurs font preuve, en effet, d’une agilité sans pareille pour épouser tous types de mélodies. Danses africaines, balinaises ou inspirées du modern-jazz, leurs mouvements puisent dans de multiples origines et prouvent ainsi le caractère multiculturel de la séduction. Agissant à de multiples niveaux et dans divers pays, la séduction est une série de parades – époustouflantes – mais c’est bien souvent la transposition culturelle de ces mécanismes qui serait à déconstruire. Un point important pour les débats genrés.
Le spectacle vire à la démonstration scientifique, lorsqu’un des danseurs s’empare du micro et explique dans un anglais (facile !) les dernières trouvailles montrant la large part de séduction que la danse porte en elle. Comme c’est agréable de voir cette vitalité animale dont chaque corps dispose ! Il manquait plus que les cris pour laisser l’humain sortir de ses gonds et montrer jusqu’où il peut parfois aller pour défendre son territoire. Entre conquêtes ou entre voisins.
Laure-Elie Hoegen
Infos pratiques :
Romeo, Romeo, Romeo de Joshua Monten
Mise en scène : Joshua Monten
Avec : Konstantinos Kranidiotis, Max Makowski, Noa Van Tichel et Jack Wignall
Photos : Sabine Burger

