Les réverbères : arts vivants

Les projets avant tout au Grütli

Le 20 juin dernier, autour d’un brunch, le Grütli – Centre de production et de diffusion des Arts vivants dévoilait sa nouvelle saison à la presse. Une saison qui s’annonce prometteuse et qui traverse les continents !

Après leur première année à la tête du Grütli, Barbara Giongo et Nataly Sugnaux Hernandez tirent un bilan positif. Au cours d’un programme riche et intense, elles ont beaucoup appris, confient-elles. Privilégiant les rencontres avec les artistes – de nombreux rendez-vous se sont accumulés durant toute l’année – elles ont pu se faire une belle idée de ce qui se fait en Suisse romande. Un mot d’ordre pour résumer cette expérience ? Stimulant ! Évidemment, au milieu de toutes ces demandes, il a fallu faire une sélection. Le but premier de cette nouvelle direction a donc été de coacher les équipes, en les accompagnant, que ce soit dans la production, dans l’administration des spectacles, ou dans la logistique. Pour cette nouvelle saison, elles proposent un grand éventail de profils, entre nouveaux arrivants et troupes confirmées. Les projets sont privilégiés… et peu importe qui les porte (suggestion).

De nombreuses collaborations

En septembre, la nouvelle saison s’ouvrira avec deux accueils dans le cadre du festival de La Bâtie. Anna Lemonaki y interprétera les deux premiers volets de sa trilogie des couleurs, Bleu et Fuchsia Saignant. Dans le premier, autour d’un duo, il sera question d’angoisses, alors que le second traitera d’amour, de passion, dans un mélange de langues et de discussions, illustrant le choc entre personnes. Le troisième volet sera présenté plus tard dans la saison. Le mois de septembre se poursuivra avec une rétrospective autour du travail de Jérôme Bel. Grâce à des images d’archives, ce sont 20 ans de spectacles chorégraphiques qui seront proposés au public. La danse sera encore à l’honneur, avec le Grand écart de Kiyan Koshoie, découvert à l’Étincelle, qui interprétera un solo sans danse, sous la forme d’un one-man-show proposant une galerie de portraits sur le monde de la danse.

En écho à ce spectacle, le mois d’octobre débutera avec l’Australienne Nicola Gunn et sa Piece for person and ghetto blaster, un spectacle plein d’énergie qui mêle mouvement de danses et récit, monté par cette chorégraphe, performeuse et plasticienne. Nous nous envolerons ensuite pour l’Afrique du Sud, avec Lovers, dogs and rainbows de Rudi van Merwe, dans lequel il interroge son identité et ses racines, notamment à travers la question du genre, en compagnie d’Oyama Mbopa, une dragqueen sud-africaine avec qui il partage la scène. Départ ensuite pour l’Inde, avec Cœur luxuriant et atteint, une traduction poétique du terme « Karuna », qui vient du sanskrit et signifie peu ou prou « compassion ». Mathias Glayre y montrera les deux parts de lui-même, sous la forme d’une autofiction, visant à devenir meilleur. Ce spectacle troublant se composera d’un film et d’une chorégraphie.

En novembre, le Grütli s’adressera aux enfants, avec Hulul, pour tout public, dès 5 ans. Un vieux hibou de roman emmènera les spectateurs en visite chez lui, pour un spectacle plein d’humour. Par la suite, Le complexe de l’hôtesse de l’air, en collaboration avec le festival Les Créatives questionnera les relations d’une femme aux hommes, la façon dont elle peut être convoitée et vue comme un objet. En dénonçant sans dénoncer, elle cherchera à exorciser certains démons. Les intrépides, un dispositif visant à mettre en avant des autrices, en collaboration avec la SSA et la SACD, proposera l’intervention d’Antoinette Rychner, l’autrice suisse sélectionnée cette année, avec la thématique La liberté est un mot qui refuse de se taire.

Le mois de décembre sera consacré à une adaptation moderne d’Hamlet, qu’il s’agira de mettre à l’épreuve avec le public, en mettant en avant le plaisir du jeu. Le Sud sera ensuite à l’honneur, avec Les Italiens, une histoire de famille d’un enfant immigré, par Massimo Furlan. En parallèle, Mister Milano se produira le 14 décembre en concert.

En janvier, Simon Senn proposera Arielle F., un spectacle autour d’un corps virtuel, parrainé par les co-directrices du théâtre, dans lequel l’humain sera mis en avant. Pamina de Coulon proposera ensuite le troisième volet de Fire of Emotions, dans lequel il sera question de jardin, de plantations et des ressources, à travers un questionnement sur l’environnement, qui devrait aussi parler à un public plus adolescent. Le mois se conclura avec un Salon d’artiste, le 1er à Genève, visant à s’entraîner à vendre son projet de spectacle.

Entre février et mars, Trisha Leys et Rachel Gordy se questionneront sur la place des femmes dans la création, en s’inspirant d’Un monde flamboyant de Siri Hustvedt, dont Paul Auster était l’époux. Louis(E), en hommage à Louise Bourgeois, sera ainsi au programme. Fabrice Gorgerat s’interrogera ensuite sur le massacre d’Orlando, avec Nous/1. Quatre solos, pour un spectacle coup de poing.

Le mois d’avril emmènera le public dans le monde de la nuit, de la fête, de ce qu’on rate sans sortir, avec Ouverture nocturne, qui fictionnalise le récit à Manchester, autour d’un club. Un spectacle mystérieux de Lucile Carré… La neuvième édition du festival « C’est déjà demain » se tiendra ensuite au cœur de plusieurs théâtres, notamment le Grütli, pour une édition qui proposera plus d’échanges, entre artistes et avec le public.

Le mois de mai sera consacré au dernier volet de la trilogie d’Anna Lemonaki, avec Blanc, qui traitera de la mort, de la séparation, pour parler avant tout de la vie, avec de l’humour, du cynisme et, comme toujours, du rock ! La finale du concours Premio se tiendra ensuite le 9 mai dans les locaux du Grütli, avant que le spectacle Ainsi parlait n’arrive. Une alliance bluffante entre un auteur et un chorégraphe qui confrontent leurs démarches…

La saison se clôturera avec 3 spectacles au mois de juin. Madame De, créé par la costumière Valentine Savary, tentera de réveiller Madame d’Epinay pour l’habiller, en reproduisant la robe d’un tableau de Jean-Etienne Liotard à l’identique. Durant toute la saison, un atelier de couture se tiendra sur la « Terrasse ». Le résultat, monté autour de textes sur le corps de la femme, avec un questionnement autour de l’apparence, sera à voir en fin de saison. Puis, avec une distribution 100% romande, on s’apprêtera à Partir avec Jean-Daniel Piguet et son « théâtre documenté », mêlant image et son, pour un adieu à son père et tout ce qui a gravité autour de son dernier mois. Enfin, l’école Serge Martin proposera Demain, il serait raisonnable de ne pas l’être, un spectacle encore en création…

Vous l’aurez compris, cette nouvelle saison s’annonce riche en questionnements, en thématiques diverses et en rebondissements. Il n’y a plus qu’à la découvrir dès le mois de septembre prochain !

Fabien Imhof

https://www.grutli.ch/

Photo : ©Sébastien Monachon

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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