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Maisons Mainou : donner aux artistes un lieu de résidence et d’échange

Depuis quelque temps, Justine Ruchat et Mansour Walter ont été nommé·e·s à la co-direction des Maisons Mainou à Vandoeuvres. L’objectif du lieu ? Offrir un lieu aux artistes pour leurs résidences d’écriture, dans un cadre idyllique.

Tout commence grâce à Germaine Tournier, comédienne bien connue de la place genevoise. En 1996, elle crée la fondation Johnny Aubert-Tournier – Maisons Mainou, léguant les lieux pour promouvoir les objectifs artistiques en faveur d’auteur·ice·s à Genève et en Suisse romande. De 1998 (suite au décès de Germaine Tournier à l’âge de 93 ans) à 2004, Gérald Chevrolet, premier directeur des lieux, assure à la fois un travail de résidence et d’archivage d’informations sur le théâtre. Le lieu est d’ailleurs une véritable mine d’or et l’un des objectifs de la nouvelle co-direction est de pouvoir rendre cette archive publique. S’ensuivent des hauts et des bas pour les lieux, entre problèmes de financement et oppositions de différents côtés. Depuis 2009, de nombreux·ses artistes ont toutefois pu être accueilli·e·s pour des résidences d’écriture. La liste est impressionnante !

Depuis cet été, donc, Justine Ruchat et Mansour Walter ont été nommé·e·s co-directeur·ice des Maisons Mainou. Si iels ont décidé de déposer cette candidature commune, c’est avant tout grâce à leurs profils complémentaires, alors qu’il y a énormément à gérer. Il faut à la fois s’occuper de l’intendance de cette grande et vieille bâtisse, en accueillant les artistes, tout en pensant à la nourriture, au transport… sans oublier, bien sûr, toute la direction artistique, avec les projets d’écriture et de mise en réseaux des artistes.

Leurs parcours s’avèrent donc tout à fait complémentaires. Justine Ruchat est passée par l’écriture, des études universitaire et le milieu du théâtre genevois depuis huit ans maintenant. Elle connaît donc très bien le milieu artistique, avec l’expérience qu’elle a des compagnies de théâtre. De son côté, Mansour Walter a été membre du ballet du Grand Théâtre, entre autres comme régisseur plateau. Il a été amené à gérer des tournées mondiales, avec la gestion des plannings, du confort des artistes, au sein de grosses équipes où tout le monde ne parlait pas forcément la même langue… Son expérience au sein de grosses institutions comme le GTG s’avère donc précieuse, cette réalité étant très différente de celles des compagnies. S’ajoute à cela la connaissance du milieu du bâtiment, avec sa formation initiale en menuiserie. Au vu du cahier des charges présenté pour la direction des lieux, il fallait bien une telle complémentarité !

Leur objectif est de faire des Maisons Mainou un lieu dynamique et sympathique, tout en conservant le côté « bulle » offert par le cadre de la campagne genevoise. L’idée est d’apporter plus d’échanges entre les différent·e·s auteur·ice·s, en créant des rencontres. Il est important que chacun·e a signé pour un mandat de 20%. Il faut donc concilier cela avec les autres activités qu’iels mènent en parallèle, notamment au sein des compagnies. L’envie de Justine Ruchat est d’accompagner les auteur·ice·s qui le souhaitent, à travers des moments d’échange durant le travail, de manière à discuter de l’avancée, surmonter certains nœuds, verbaliser le projet. Comme elle nous le confie, deux semaines d’écriture seul·e, c’est très long ! L’échange avec d’autres professionnel·le·s peut alors aider, même si la début d’une résidence est un moment intime, où le projet est encore très fragile.

La ligne directrice des Maisons Mainou s’annonce dès lors très ouverte : il s’agit d’accueillir des professionnel·le·s, avec des projets principalement destinés à la scène, qu’il s’agisse de texte de théâtre, mais aussi de musique par exemple. Un scénariste est d’ailleurs présent dans les lieux au moment où nous nous rencontrons. L’idée est également de chercher un équilibre entre des artistes déjà expérimenté·e·s et d’autres émergent·e·s. Pour l’instant, l’accueil se limite à la francophonie, mais à terme, l’objectif est de s’ouvrir plus loin, avec des contacts déjà pris en Espagne, par exemple.

Pour parler de manière plus pragmatique, la co-direction a signé pour un mandat de quatre ans, renouvelables. Des partenariats sont dès lors envisageables, avec l’Espagne comme cela a déjà été évoqué, mais aussi avec la Belgique, où Justine Ruchat a fait ses études. L’un des objectifs avoués est d’explorer le monde francophone, tout en montrant que la culture française du théâtre n’est pas la seule à exister. Justine Ruchat évoque les synergies et l’influence que peuvent avoir la Suisse allemande sur nous, Romand·e·s, où la partie flamande de la Belgique sur les Wallon·ne·s. Il faut dès lors tendre à cultiver ces particularités, ces structures assez semblables, avec cette organisation particulière.

Au niveau des collaborations sur Genève, les maîtres-mots sont véritablement la solidarité et l’échange, à des niveaux qu’on voit sans doute peu de l’extérieur. On cherche à créer plus d’allers-retours entre les institutions et les compagnies, de manière à développer une certaine porosité entre les deux, pour favoriser ces échanges. Pour ce faire, plein de projets sont envisagés, une fois que Justine et Mansour auront bien pris possession des lieux. On parle de brunchs littéraires, d’ateliers avec un coach…

Les Maisons Mainou semblent avoir un bel avenir devant elles, et avec elles le milieu culturel genevois, romand, et même francophone !

Fabien Imhof

Photos : ©Maisons Mainou

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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