Les réverbères : arts vivants

Neuf bonnes raisons de (re)venir aux Amis

Chaque année, on aime venir et revenir aux Amis, dans cet ancien garage carougeois qui a trouvé un alliage précieux entre musique et théâtre. La première partie de saison 25-26 ne déroge pas à la règle puisqu’elle promet un menu dont chaque plat nous met l’eau à la bouche. De la performance à la comédie en passant par des créations ou autres matinées musicales, il y en aura pour tous les goûts avec deux constances : la qualité et des grands noms de la scène romande.

UN. Le gardien des enfants de Charles Voyer. Dans le cadre du festival de la Bâtie, ce seul-en-scène est une performance délicate et sensible qui aborde la question des traces laissées par la violence sur les corps et les esprits de celles et ceux qui la subissent. Il faut révéler l’indicible. Envers et contre tout. Ou comment oser regarder la douleur et l’inexprimable chaos de l’intimité. Déconseillé aux moins de 18 ans.

DEUX. Contre-jour de Mathi et Margot Lecoultre, d’après les œuvres de Grisélidis Réal. Une création qui aborde le sujet de la prostitution et propose une nouvelle approche de l’écriture inspirante de cette grande autrice, peintre et catin révolutionnaire (comme elle aimait se nommer) genevoise et tzigane. Il y avait les maudits (ses clients) et les mots dits (ses livres) … Ou comment accorder autant de soin au mouvement du corps qu’à celui du texte.

TROIS. L’aquarium de Louis Calaferte. Mis en scène par Françoise Courvoisier, cette pièce intimiste raconte une bribe de l’histoire d’un couple de quarantenaires, un soir d’automne, aux alentours de vingt heures quinze. Ils finissent de dîner et attendent un camarade d’enfance qui doit venir prendre le café. On assistera alors à l’horrifiant spectacle d’une humanité peu fréquentable que l’auteur dissèque comme un entomologiste. Ou comment le théâtre peut sublimer la vie telle qu’elle est.

QUATRE. L’effet miroir de Léonore Confino. Un petit bijou d’humour noir pour cette histoire qui raconte la trajectoire d’un écrivain à succès sur le déclin qui se lance dans l’écriture d’un petit conte philosophique… et aquatique. L’interprétation de son texte par ses proches se révèle cataclysmique et va donner lieu à des règlements de comptes loufoques. Ou comment chacun peut se voir en reflet dans une métaphore et ainsi éclairer les zones d’ombres de nous-mêmes.

CINQ. Ça veut jouer (ou bien ?) de Robert Bouvier. Un responsable artistique improvise de son mieux un show afin de faire patienter le public, les acteurices du spectacle programmé ce soir-là étant en retard. Beaucoup d’humour et d’autodérision pour ce bouquet d’anecdotes croustillantes. Ou comment la cascade des souvenirs d’un comédien, metteur en scène et directeur de théâtre peut inspirer un seul-en-scène jubilatoire avec soixante personnages différents.

SIX. Petites histoires de Pascal Chenu. Il y a d’un côté Corinna Bille, poétesse valaisanne rayonnante du XXe siècle qui disait que « l’écriture est un remède à l’insupportable ». Et de l’autre Franz Schubert, le génial compositeur romantique autrichien du XIXe siècle. Pour relier ce couple imaginaire dans un récital poétique, Pascal Chenu crée ce nouveau spectacle musical. Chenu c’est ce « chanteur, auteur, compositeur, bricoleur, joueur, obsédé textuel, pianiste tout terrain qui s’est forgé depuis plus de trente ans un répertoire bien à lui, drôle, tendre et humain ». Ou comment réaliser ses rêves entre poésie, musique et textes.

SEPT. Le chemin d’Yvette Théraulaz. Une comédienne-chanteuse qu’on ne présente plus. Un pianiste compagnon – Lee Maddeford – depuis plus de vingt ans. Les deux réunis pour un spectacle nostalgique et gai constitué de souvenirs, de textes et de chansons pour retracer un parcours fait de doutes, de poésie et de tendresse : « Le premier homme qui m’a pris dans ses bras, c’était mon père, Maurice, un homme bon, digne et droit qui a vécu sa vie humblement… » Ou comment chercher sans relâche la voie du cœur.

HUIT. Canicule de Bastien Blanchard. Premier texte publié de cet artiste multi-talentueux. Côte ouest des États-Unis. La chaleur est suffocante, l’air sec, le vent brûlant. Une villa luxueuse un été. Un couple en apparence heureux. Une panne de climatiseur. Et au loin un incendie de forêt qui s’approche… jusqu’à transformer un conte de fée en cauchemar. Ou comment faire voler en éclats une histoire d’amour comme du verre brisé.

NEUF. Les matinées classiques. Sous l’impulsion de Nicolas Le Roy, un dimanche par mois à 11h sont présentés aux Amis des œuvres de compositeurs classiques à (re) découvrir : Dimitri Chostakovitch, Piotr Illitch Tchaïkovsky, Béla Bartók, István Örkény, Maurice Ravel. Ces pièces sont interprétées par des musicien·ne·s au talent éprouvé et parfois même mis en lecture par des comédiens de grande stature comme Gilles Privat. Ou comment une fois encore marier musique et théâtre.

En conclusion, il ne vous reste plus qu’à convenir, à la lecture de cette présentation, de la qualité de la programmation de ce vénérable lieu culturel et, dès lors, de venir et revenir encore et encore dans la petite salle des Amis dont la réputation ne cesse de grandir année après année.

Stéphane Michaud

Les informations pratiques et les détails de la programmation sont à retrouver sur le site des Amis Musiquethéatre

Photos : @ Guillaume Perret et Laurent Dubois

Stéphane Michaud

Spectateur curieux, lecteur paresseux, auteur heureux et metteur en scène chanceux, Stéphane aime prendre son temps grâce à la lecture, à l’écriture et au théâtre. Écrire pour la Pépinière prolonge le plaisir des spectacles.

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