Les réverbères : arts vivants

Quand la magie rencontre le quotidien

La fille, la sorcière et le fer à bricelets. Voici un titre bien intrigant pour un conte bien suisse, adapté pour la scène par Anna Popek. Il y est question d’une sorcière, de météo, de magie et de beaucoup de mystères… C’est à voir au Théâtre des Marionnettes jusqu’au 17 février.

Lise est une petite fille pas facile : entêtée et se plaignant presque constamment, elle rechigne à effectuer les tâches que lui confie sa maman. Aussi, quand cette dernière lui demande d’aller faire les courses, elle y va à reculons et finit par se perdre dans la forêt. Après y avoir croisé toutes sortes d’animaux, elle arrive à la maison de la sorcière de la pluie et du beau temps. Cette dernière se prend d’affection pour la petite Lise et la garde chez elle, lui faisant lire les horaires des CFF ou préparer des bricelets. Jusqu’à ce que son courageux petit frère se lance à la recherche de Lise, en plein hiver…

Des rencontres magiques

Si l’on devait résumer ce spectacle, il faudrait d’abord parler de rencontres. D’abord, celle entre le quotidien et le fantastique. Alors que la petite fille et le fer à bricelets nous ancrent dans une banalité toute helvétique, l’apparition de la sorcière amène une dimension magique au spectacle. Excentrique, elle contribue à créer une ambiance mystérieuse. Vient s’ajouter la langue. Si la majeure partie du spectacle a été traduite, de nombreux passages en dialecte bernois sont encore présents. Si l’on ne comprend pas tout, on se laisse porter par la poésie de cette langue chantante qui accompagne la chorégraphie des deux comédiennes et de leurs marionnettes. Car c’est là aussi qu’est la rencontre : celle de l’humain et de la marionnette, qui, ensemble, contribuent à amener de la magie aux yeux des petits comme des grands.

Le théâtre d’ombres

Sur un décor composé de panneaux modulables sont projetées des images pleines de couleurs. Un univers fantastique, tout droit sorti de l’imagination d’un enfant, pourrait-on croire, se développe sur la scène, avec ces plantes qui grandissent à vue d’œil, ces animaux qui se promènent comme dans un vieux conte de Perrault et cette neige qui tombe, amenée par la bise noire… Au milieu de tout cela, des ombres se meuvent. Silhouettes énigmatiques, elles sont tantôt celles des comédiennes, tantôt des marionnettes. Si bien qu’on en vient à ne plus savoir qui de la marionnette ou de l’actrice est la plus vivante. C’est la beauté de ce monde : d’imaginaire, il devient réel, avec sa petite touche de magie qui nous ravit.

Si je devais donc résumer La fille, la sorcière et le fer bricelets en un mot, ce serait « magique ». Ce spectacle adressé d’abord aux tout petits m’a enchanté, me faisant retomber en enfance. Cet univers qui s’est dévoilé devant mes yeux aurait pu sortir de mon cœur d’enfant. Merci à la compagnie Obsession du Printemps pour ce moment qui nous rappelle que nous sommes tous encore un peu des enfants, capables de nous émerveiller de pas grand-chose. Un spectacle magique à voir absolument.

Fabien Imhof

Informations pratiques :

La fille, la sorcière et le fer à bricelets, adapté par Anna Popek, d’après Grännilisi de Ruth Güdel

Marionnettes à gaines, ombres et objets

Mise en scène et scénographie : Anna Popek

Avec Garance La Fata et Danae Dario

https://www.marionnettes.ch/spectacle.php?action=details&id=219

Photos : © Philippe Pache

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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