Le banc : cinéma

Space Jam : retomber en enfance avec les Looney Tunes

25 ans après le premier opus et Michael Jordan, les Looney Tunes retrouvent LA superstar du basket actuel, LeBron James, le temps d’un match pour sauver un enfant et une partie de la planète. Deux heures d’humour, de folie toon et de basket, à regarder sans modération.

Tout commence avec la même mécanique qu’il y a 25 ans : après un bref détour dans l’enfance de LeBron, son rapport à Bugs Bunny sur GameBoy et au basket, on nous montre quelques images d’archives retraçant son parcours, du lycée à Ohio State, en passant par sa draft[1], ses passages à Cleveland, Miami et Los Angeles, et ses titres NBA. Mais cette fois-ci, à la différence du premier opus, ce ne sont pas les Looney Tunes qui font appel à la superstar, mais bien l’inverse. Alors que Al-G Rhythm (Don Cheadle), l’algorithme intelligent de la Warner est vexé que ses idées ne soient pas reconnues à leur juste valeur, il enlève LeBron James et son fils fictif Dom, convaincant ce dernier de le rejoindre pour l’aider à développer son jeu vidéo, le DomBall. Il défie alors LeBron dans un match de basket, lui donnant 24 heures pour réunir son équipe, en l’envoyant dans le monde des Tunes…

Les nouvelles technologies au service d’une mécanique bien huilée

Space Jam : A New Legacy reprend les codes qui avaient fait le succès de la franchise en 1996 : la présence de la superstar du moment, surnommé le « King », une superteam adverse basée sur plusieurs grands joueurs du moment (numérisés dans un jeu vidéo), un massacre en première mi-temps, suivi d’un discours inspirant qui remet la Tune Squad (l’équipe des Tunes) sur les bons rails… Bref, on ne change pas une équipe qui gagne ! Et pourtant, la franchise a su se renouveler. Exit les extraterrestres qui veulent réduire Bugs Bunny et consorts en esclavage, c’est, cette fois-ci, à une intelligence artificielle que nous avons affaire. Par ce biais, la Warner Bros. questionne la puissance de ces algorithmes, capables de nous dépasser et de n’en faire qu’à leur tête. Et quand il fait entrer des milliers de personnes dans le serveur pour assister au match, menaçant de ne pas les libérer si son équipe gagne le match, on comprend vite les dérives d’un tel système d’exploitation. Comme avant, outre LeBron James, plusieurs stars du basket sont invitées : Damian Lillard, Klay Thompson, Anthony Davis ou encore le célébrissime commentateur Ernie Johnson. Et pour se mettre au goût du jour, on notera même la présence de deux stars WNBA (la ligue américaine féminine) : Diana Taurasi et Nneka Ogumwike. Sans révolutionner le genre, Space Jam : A New Legacy a donc su intégrer l’actualité et les codes d’aujourd’hui pour se renouveler avec brio.

Au rayon des innovations, on notera la transformation de LeBron James en personnage de cartoon durant le moment où il réunit son équipe, avant de retrouver sa véritable apparence pour le match. À la vue des bandes-annonces, beaucoup ont craint qu’il ne figure qu’en dessin animé durant tout le film. Rassurez-vous, il n’en est rien : au contraire, ce sont les Looney Tunes qui, pour le match, ont été recréés en images de synthèse. Si certains regretteront que leurs personnages favoris aient été dénaturés, on ne peut que souligner ici le brio technique avec lequel tout cela a été réalisé.

La folie des Tunes

Ce qu’on aime par-dessus tout dans un tel film, c’est l’humour qui nous ramène en enfance. Space Jam a été pour moi l’un des grands films de ma jeunesse. Sorti alors que j’avais à peine 4 ans, il réunissait mes héros préférés et LA star du basket que j’adulais déjà : Michael Jordan. Je peux aisément imaginer ce que doit ressentir un enfant aujourd’hui… Et si cela fonctionne aussi bien, c’est parce que le réalisateur Malcolm D. Lee rend toute leur folie aux personnages de la Warner : course-poursuite effrénées, gag du décor peint qui devient réel, chute, absences de lois de la gravité… Tout ce qui a fait et fait encore le succès des Tunes aujourd’hui est bien là. Même la polémique autour du personnage de Lola Bunny[2] (doublée par Zendaya) n’enlève rien à la qualité du film.

Si Space Jam : A New Legacy n’est pas le film de l’année, comme on pouvait s’en douter, il reste un excellent divertissement qui rappellera sans doute de nombreux souvenirs aux nostalgiques dont je fais partie. On notera encore que ce film ne serait pas ce qu’il est sans les grandes leçons de vie à l’américaine, l’exigence d’un père qui ne veut que le meilleur pour son fils, mais prendra finalement conscience qu’il faut avant tout le laisser devenir qui il est vraiment. Le leitmotiv du « Sois toi-même », revient ainsi souvent, pour les Looney Tunes, comme à l’égard de Dom. Soulignons enfin l’autodérision de ce film, qui se moque ouvertement du procédé consistant à mêler personnages de cartoon et personnages réels, ou qui raille les sportifs devenus acteurs, avec le peu de succès qu’on connaît…

Fan de la première heure, nostalgique ou désireux de passer un bon moment, je ne peux donc que vous conseiller d’aller voir Space Jam : A New Legacy, avec ou sans enfants !

Fabien Imhof

Référence : Space Jam : A New Legacy, de Malcolm D. Lee, avec LeBron James, Don Cheadle, Khris Davis, Sonequa Martin-Green, Jeff Bergman, Zendaya…, États-Unis, 2021 (sortie en salles le 21 juillet 2021).

Photo : © Warner Bros.

[1] La draft désigne le repêchage en début de saison, qui permet aux équipes de sélectionner des joueurs sortant de l’Université (ou du lycée) dans le but de se renforcer et de rééquilibrer la ligue, les moins bonnes équipes de l’année précédente disposant des premiers choix.

[2] Jugée trop sexy, on a fait changer de look à la lapine, tout en coupant une scène jugée trop sexualisée mettant en scène Pépé le putois, qui n’apparaît dès lors pas au générique : https://www.linfo.re/magazine/cinema/space-jam-2-polemique-autour-de-la-desexualisation-de-lola-bunny

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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