Le banc : cinéma

The Lost City : parodie du film d’aventure ?

Une autrice recluse qui s’invente un exotisme, un milliardaire excentrique, un pseudo-aventurier raté et un véritable aventurier qui ne fera, par contre, pas long feu ! Voici, sommairement, les protagonistes de The Lost City, une comédie proche de la parodie, du moins pendant la première partie du film. À voir en salles depuis le mercredi 20 avril.

Loretta Sage (Sandra Bullock) est une autrice à succès. Ses romans mettent en scène deux aventuriers, sur fond de romance érotique. Alors qu’elle est en pleine tournée de promotion avec Alan (Channing Tatum) – le mannequin à la longue perruque blonde qui incarne Dash, le héros des romans, sur les couvertures de ces derniers et lors de la tournée de promotion – la voilà enlevée par l’excentrique et misanthrope Abigail Fairfax (Daniel Radcliffe). Le milliardaire est à la recherche d’un trésor perdu sur une île et dont les seuls indices se trouvent sur un parchemin écrit dans une langue que Loretta a justement traduit dans son dernier roman. Une aubaine ! Mais quand Alan, accompagné de Jack Trainer l’entraîneur (Brad Pitt) rencontré lors d’une retraite méditative, tentera de la libérer, voilà la véritable aventure qui démarre…

Première partie : un film qui a tout d’une parodie

La scène d’ouverture est prometteuse et nous plonge directement dans l’univers des romans de Loretta : Dash et Angela (l’alter-ego inventé de Loretta dans les romans) sont attachés sur le sol d’un temple perdu, entourés de serpents contrôlés par un milliardaire fou. L’incipit du film joue avec les codes du film d’aventure en s’en moquant : que font tous ces serpents dans la même pièce d’un temple millénaire, et pourquoi ne s’attaquent-ils qu’aux deux héros et pas aux acolytes du méchant ? Rien ne va, et bien vite, tout disparaît. On comprend que Loretta tente désespérément d’écrire une histoire qui tient la route. Elle n’a rien d’une aventurière, et la combinaison rose à paillettes qu’elle porte au moment de son enlèvement, et avec laquelle elle se baladera dans la jungle, n’en sont que le plus probant exemple.

Le film des frères Nee débute donc comme une parodie de film d’aventures : exit Indiana Jones, on a plutôt affaire ici à un anti-héros, représenté par Alan. Une fois sa perruque luxuriante tombée, il perd de sa superbe. Dans la jungle, il se montrera bien incapable de faire quoi que ce soit, qu’il s’agisse de neutraliser un ennemi ou de se déplacer furtivement. Channing Tatum excelle d’ailleurs dans ce rôle, qui contraste avec celui de Brad Pitt. En Jack Trainer surentraîné, il neutralise à lui tout seul toute la base du misanthrope Fairfax, à grands renforts de cascades et autres roulades totalement inutiles et exagérées. Ce qui ne l’empêchera pas de mal finir, un morceau de sa cervelle terminant sur le visage d’Alan, au plus grand dégoût de ce dernier. Tout cela, c’est grosso modo la première demi-heure du film, durant laquelle on rit énormément, chaque scène étant plus grotesque que la précédente. On se dit alors que The Lost City va au-delà de ses promesses d’être une chouette comédie, en alliant un côté parodique fort bien amené !

Seconde partie : une comédie qui retombe dans le pathos

Seulement voilà, le ton parodique ne semble pas assumé jusqu’au bout par les frères Aaron et Adam Nee. Après quelques pérégrinations dans la jungle où ils se sortent des griffes des acolytes de Fairfax par on ne sait quel miracle, Alan et Loretta semblent petit à petit devenir d’aussi bons aventuriers que leurs alter-ego Angela et Alan. Ils grimperont ainsi presque aisément au sommet d’une falaise, désarmeront avec facilité les bandits dans un camion lancé à pleine vitesse ou parviendront encore à se sortir d’une tombe dans laquelle ils ont été enterrés vivants… The Lost City retombe ainsi dans le pathos et les codes du film d’aventure, dont il se moquait jusque-là. Il y a sans doute toujours une part de parodie, mais celle-ci semble moins assumée à mesure que le film avance.

Pour autant, The Lost City reste une bonne comédie, avec un excellent casting. On ne se lasse ainsi pas de la performance de Daniel Radcliffe en milliardaire excentrique et misanthrope, avec son accent so british et le pouvoir qu’il exerce sur les plus vaillants mercenaires, malgré son physique de jeune premier un peu gringalet. Et que dire de Brad Pitt en aventurier surentraîné à la véritable chevelure luxuriante, qui rendra jaloux Alan. Channing Tatum est d’ailleurs plutôt bon dans ce rôle à contre-emploi de mannequin qui a peur de tout, malgré son apparente assurance, ses gros bras et son envie de bien faire. Quant à Sandra Bullock, elle reste fidèle à elle-même, très à l’aise dans son rôle un peu décalé d’exploratrice qui maîtrise très bien la théorie, un peu moins la pratique…

The Lost City, un film à voir pour celles et ceux qui veulent passer un bon moment, rire sans trop se prendre la tête, et qui aiment les films d’aventure envers et contre tout !

Fabien Imhof

Référence :

The Lost City d’Aaron et Adam Nee avec Sandr Bullock, Channing Tatum, Daniel Radcliffe, Brad Pitt, États-Unis, 2022 (sortie en salles le 20 avril 2022).

Photo : © DR

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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