Les réverbères : arts vivants

« Un jour je partirai sans avoir tout dit »

Et pourtant, que dirait un comédien s’il pouvait revenir pour un 6ème acte. C’est la question, à laquelle le comédien Pierre Nicole répond lors des représentations de son 6ème acte au Théâtricul du 17 au 19 et du 24 au 26 septembre 2021.

Le 6ème acte est une véritable mise en abîme du théâtre ou l’on regarde une pièce qui parle d’un comédien, qui parle des pièces qu’il a jouées. Soyons moins condensé, c’est l’intervention de l’âme d’un comédien (Harry) qui va sortir du cercueil pour raconter sa vie et sa passion du théâtre à l’assistance présente à ses obsèques. Une succession de scènes comme autant de mini-épisodes de vie auquel le spectateur va s’identifier ou non selon sa propre route. Le tout ayant pour seul point commun l’extraordinaire banalité d’une existence d’homme, d’un artiste, mu par un amour inconditionnel du théâtre et des belles tirades. Un homme à qui il « importait de témoigner sur scène des affres de la condition humaine ».

Le texte a, pour moi, brillement réussi à exprimer la vie d’un homme sans se perdre dans des leçons de morale pour les autres ou dans la complaisance de son propre mérite. J’avoue avoir immensément apprécié le coté profondément humain du personnage d’Harry qui partage son vécu tant en satisfactions et succès, qu’en déboires et échecs juste pour expliquer à l’assistance qui il était. Il est constellé de chansons, de tirades et de scènes de grands auteurs dont les noms sont écrits sur les murs comme un hommage à l’amour du personnage pour leurs écrits. Même s’il est vrai que de bonnes connaissances de ces auteurs permettraient de mieux apprécier l’aspect comique de certains passages, cela n’est pas nécessaire pour comprendre ni pour apprécier le spectacle.

Un texte qui ne serait pas aussi percutant et efficace sans le soutien de tous les autres aspects de la mise en scène, à commencer par l’excellent jeu du comédien Pierre Nicole qui incarne non seulement Harry, mais également ses proches et certains des personnages joués par Harry durant sa vie. Une interprétation d’autant plus impressionnante que le comédien a pour seuls partenaires (exception faite de l’équipe technique évidemment), un cercueil avec son lui-même imaginaire dedans, une chaise et une guitare. Un décor simple qui pourtant suffit amplement et qui se modifie grâce au jeu et à l’imagination du spectateur, avec un cercueil qui devient lit, une chaise qui devient banc et plus encore.

Mais, à mon sens, l’exception de mise en scène de cette pièce, c’est l’éclairage qui souligne admirablement l’ambiance de chaque scène. Habituellement je ne remarque pas vraiment l’éclairage et le fait que ça m’ait frappé aussi rapidement m’a fait me demander pourquoi il m’a semblé si remarquable.

En fait c’est l’adéquation de chaque élément de mise en scène avec le reste qui rend cette pièce superbe. Le texte, le jeu, le décor, l’éclairage tout est pertinent et forme une véritable harmonie. Ce qui permet à cette ode au théâtre déclamée par un passionné d’atteindre le spectateur avec force.

Lisa Rigotti

Infos pratiques :

6ème acte, de Pierre Nicole et Stéphane Michaud, du 17 au 19 et du 24 au 26 septembre 2021 au Théâtricul

Mise en scène : Stéphane Michaud

Avec Pierre Nicole

https://www.theatricul.net/11118-2/

Photo(s) : © Théâtricul

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