Un véritable esprit de festival
La deuxième édition du festival Théâtre en campagne s’est achevée dimanche. Le soleil et le public étaient au rendez-vous, pour un week-end encore une fois très réussi !
L’ambiance était festive ce week-end à Presinge : entre les spectacles, les familles et tout le public ont pu profiter du cadre idyllique de la campagne genevoise, et de tout ce qui avait été imaginé par les organisatrices du festival. On boit un verre entre amis, les enfants s’occupent sur les jeux, alors que d’autres dégustent des glaces artisanales et autres pâtisseries préparées à la buvette. Alors que le moment est en passe de devenir un incontournable du mois de juin, nous avons pu assister à trois spectacles durant le week-end, sur lesquels nous vous proposons aujourd’hui de revenir.
Conter l’univers
Charlotte Chabbey nous prévient en préambule : Steven Matthews est un peu fou. Son spectacle Conte un Jean le confirme, pour le plus grand bonheur du public. Le pari ? Raconter l’histoire de l’univers à la façon d’un conte, dans un seul en scène plein d’énergie. Dans son récit, tout y passe : la création de notre galaxie, les dérives du nucléaire et des entreprises pharmaceutiques, les mystères de la génétique qui relient des êtres de manière inattendue… À travers une impressionnante galerie de personnages, Steven Matthews et sa Cie Don’t Stop Me Now proposent un spectacle hilarant, tout en y intégrant de nombreuses réflexions sur le monde et la société. Les jeux de mots s’enchaînent dans un rythme effréné, alors que certains passages s’avèrent particulièrement poétique, en jouant sur les sonorités des mots autour du prénom Jean notamment. Il faut suivre, mais la performance mérite d’être soulignée. Mention spéciale pour le personnage de Tanguy le rat, sans doute l’un des plus emblématiques de Conte un Jean !
Lutter contre l’automatisation et les multinationales
Dimanche matin, en ouverture, le festival proposait un drôle de spectacle jeunesse, en forme de conte écologique, avec Les Irréductibles. Nous voilà, spectateur·ice·s, dans la peau des actionnaires Rösti Corp, alors que Hans nous présente son projet de parc entièrement automatisé, dans lequel mêmes les oiseaux seront remplacés par des drones. Mais les habitants du lieu, à commencer par Phylo, ne l’entendent pas de cette oreille ! À l’aide de Beeverly l’abeille et Jeannette la goutte d’eau, iels feront tout pour sauver Eugène le tilleul, emblème du lieu. Avec un humour débordant, la Compagnie Nigave propose un message écolo tout sauf moralisateur, invitant le public à se reconnecter à la nature et envisager une forme de décroissance. Même Hans n’y est pas indifférent, et finit par nous inviter à lui jeter nos cravates, symboles de la puissance de Rösti Corp qu’il nous enjoint à laisser tomber.
Presque Shakespeare en marionnettes
L’après-midi, la Compagnie Temps Zéro a proposé un Hamlet… ou presque. Entre transitions jouées au ukulélé et marionnettes de table, l’histoire reprend la trame du drame shakespearien, notamment l’idée du conte maudit, tout en s’amusant avec l’histoire. La tragédie devient presque une comédie, et les références sont nombreuses : allusions aux autres pièces du dramaturge, comme Richard III ou Roméo et Juliette, évocation de la pop culture à travers des répliques et des noms de personnages. En dédramatisant ainsi la tragédie, le spectacle propose une excellente entrée dans l’univers de Shakespeare pour les plus jeunes – le spectacle est accessible dès 5 ans – tout en parvenant à s’adresser à la fois aux enfants et aux adultes. On rit, on s’amuse, et on a envie de découvrir d’autres pièces avec cette joyeuse troupe !
On se réjouit déjà de la prochaine édition ! Rendez-vous est pris pour 2024, avec une nouvelle édition qu’on attend une nouvelle fois riche et foisonnante d’idées.
Fabien Imhof
https://www.theatreencampagne.ch/
Photos : © Théâtre en campagne
