Le banc : cinéma

Visions du Réel – Atelier critique – The Ride

La Pépinière vous emmène au sein de l’atelier de critiques qu’elle a organisé pendant le festival Visions du Réel. Comme les participants, nos membres se sont essayés à l’exercice de la critique courte. Fabien Imhof et Laure-Elie Hoegen vous emmènent dans The Ride, un court-métrage en forme de road-trip vers l’inconnu…

The Ride : faire route vers le néant

Un homme et une femme, qui ne se connaissent visiblement pas, s’enfoncent dans la nuit, sur des images de Google Earth. Accompagnés par les seuls battements de leur cœur et par le bruit du véhicule, leur périple les mène vers un endroit où quelque chose s’est apparemment produit.

The Ride, ce sont d’abord des images en noir et blanc. Celles, impersonnelles et pleines de pixels, de Google Earth. On pourrait être n’importe où, partout, ou nulle part. Dans ce décor tout plat, sur une route vide, les silences sont longs et répétés, à peine entrecoupés par des bribes de discussion autour du mystérieux lieu d’arrivée. L’atmosphère est angoissante, on roule vers l’inconnu. Arrivés sur place, les deux protagonistes semblent heureux, soulagés. L’émotion est palpable. Quelque chose est arrivé. Mais quoi et quel est leur lien avec l’événement ? On n’en saura rien…

The Ride s’apparente ainsi à un parcours intérieur, à la recherche, peut-être, d’un passé, d’un avenir, de réponses à certaines questions. L’impersonnalité de l’image et de la discussion nous font entrer dans un no man’s land, comme si on pouvait être n’importe où, n’importe qui. À l’arrivée, du noir, le néant, mais l’impression d’avoir accompli quelque chose, d’avoir atteint un but. C’est là peut-être le sens profond de ce court-métrage.

Fabien Imhof

Référence :

The Ride, Esther Polak, Ivar van Bekkum, Pays-Bas, 12 minutes.

*****

Une surface plane sans élan

Rêver de notre infinie mobilité ? Le collectif PolakVanBekkum propose, dans The Ride, un coup d’œil poétique sur une dérive. Est-ce un ciel à sillonner, à dévaler ? Le flou attire ou lasse.

Terra incognita – ces mots agissent vite et provoquent un léger bouleversement en nous. C’est comme passer derrière le voile de l’inconnu et se sentir là, seul.e au-dessus de tous ceux qui ne pourront pas participer à la scène – elle est vôtre et rien ne manque.

Deux indications temporelles pour la découverte du jour qui restera trop vague : la nuit a gagné les images satellites de Google Earth. Un homme, une femme conversent, tandis qu’ils descendent de voiture, le cœur battant à la chamade. Ces trois bruits sur lesquels la bande-son s’arrêtera. Il y a une simplicité désarçonnante dans la façon de se représenter la vastitude de la Terre depuis le programme informatique.

On avance à pas de loups, dans un décor qui désoriente. Le paysage gris nuit tressaute. Nous attendons d’ailleurs un bref sursaut, mais aucun visage pour venir briser l’obscurité de ce long plan-séquence. Souvenirs des paysages de Lost Highway mais il manque l’enthousiasme de la cavale pour un ride mémorable.

Référence :

The Ride, Esther Polak, Ivar van Bekkum, Pays-Bas, 12 minutes.

Photo : The Ride, Esther Polak, Ivar van Bekkum, Pays-Bas.

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