Les réverbères : arts vivants

Le Gniolu revoit l’année 2019 avec humour

Comme chaque année, le Gniolu Thierry Meury fait sa revue. Accompagné de ses fidèles acolytes Véronique Mattana et Jean-Marc Morel et, pour cette année, de Jessie Kobel, il critique ce qui l’a marqué en 2019. Un spectacle à voir au P’tit Music Hohl jusqu’au 8 avril.

Avec pour sous-titre « Persona non Greta » et l’entrée des 4 protagonistes avec des perruques à tresses, Meury annonce la couleur : Greta Thunberg sera au centre de son propos, et avec elle les préoccupations écologiques. Comment passer à côté ? Mais ce ne serait pas du Meury si l’actualité genevoise n’était pas décortiquée. Cette fois, ce sont les casseroles des conseillers genevois qui passent sous la loupe. N’oublions pas, entre autres, la grève des femmes et quelques questionnements plus généraux… La Revue du Gniolu 2020 sera, à n’en pas douter, un bon cru !

Discussions dans un bar

À l’exception de quelques sketches (l’enfance de Greta notamment), tout se passe dans un bar : Véronique Mattana y incarne la patronne, alors que Jessie Kobel en est l’employé. Une ribambelle de personnages se succèdent, de Thierry Meury en personne, en passant par Greta Carlsberg, l’alter-ego « alcoologique » de la jeune Suédoise, ou encore un couple vegan-intolérant-au-gluten-et-au-lactose, et j’en passe !

La force de Meury, comme bien souvent, est de ne pas s’en prendre à des gens en particulier, mais plutôt à des types, à des comportements. Excepté Luc Barthassat, qui en prend pour son grade après son passage du PDC au MCG, personne n’est véritablement pris à parti. Même Greta Thunberg, personnage central, n’est pas vraiment critiquée. Quelques vannes bien senties autour des préoccupations écologiques, les comportements de chacun – surtout les plus riches – à cet égard ou sur elle sont bien sûr présentes, mais elle sert plutôt de prétexte à d’autres questionnements, qu’ils concernent l’écologie ou la politique.

On regrettera l’absence, pour cette année, de l’analyse des manchettes de journaux par Meury, et l’efficacité de cet humour dont il a le secret. Elles sont toutefois remplacées par des appels à divers répondeurs (ceux des conseillers, de diverses institutions ou autres personnages hauts en couleur) avec à chaque fois une courte phrase qui tape là où il faut. On soulignera encore son discours autour du « vert », qui est tant à la mode, et ses digressions autour du choix de cette couleur plutôt que les autres, avec cette plume si prolifique qui le caractérise toujours.

Des comédiens toujours bien choisis

Si la plume de Thierry Meury dégage toujours la même verve, c’est aussi parce qu’il s’entoure de comédiens qui savent donner à ses textes le ton qu’il faut. On citera ainsi Véronique Mattana qui excelle dans les rôles très typés qu’on lui confie, notamment la sœur alcoolico-clodo de la patronne du bar. Jean-Marc Morel a toujours ce pouvoir comique incroyable qui fait sa marque de fabrique, avec son phrasé inimitable. Thierry Meury est égal à lui-même : son sketch sur le rosé bouchonné en est la parfaite illustration. S’il semble limiter les blagues misogynes, il trouve quand même toujours quelque chose à redire sur sa femme. Nous évoquerons ici le joli retournement de situation durant le sketch sur la grève des femmes, durant laquelle il trompe sa femme à l’hôtel… Enfin, citons Jessie Kobel qui s’en sort très bien pour sa première apparition, n’hésitant pas à placer intelligemment quelques vannes de son spectacle, qu’il reprendra tous les jeudis au P’tit Music Hohl. Un peu de promo ne fait jamais de mal…

Au final, on passe un bon moment devant la Revue du Gniolu, on rit des casseroles de certains, des critiques sur d’autres… Si, comme chaque année, certains sketches sont un peu inégaux, on soulignera le talent d’improvisateur de Thierry Meury au moment où il oublie son texte ou encore quand il se trompe carrément de sketch… Le texte est peut-être un peu moins incisif que ce à quoi il nous a habitués, mais la cuvée 2020 de cette Revue du Gniolu s’avère tout de même un bon cru, qui, comme un bon vin, s’améliorera encore avec le temps, au fur et à mesure des représentations. C’est tout ce qu’on leur souhaite !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

La Revue du Gniolu 2020 – Persona non Greta, de Thierry Meury, du 12 février au 8 avril 2020 au P’tit Music Hohl.

Mise en scène : Thierry Meury

Avec Véronique Mattana, Jean-Marc Morel, Jessie Kobel et Thierry Meury.

Photo : © P’tit Music Hohl

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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