Les réverbères : arts vivants

À la veille de la première, la Cie STT peaufine les derniers détails

Pour la deuxième saison, dans le cadre d’un partenariat, la Pépinière produira des reportages sur les créations programmées au Théâtre Saint-Gervais afin de documenter les méthodes de travail des artistes.

À la veille des représentations au Théâtre Saint-Gervais, la Cie Super Trop Top affine les derniers réglages en vue de Tous les poètes habitent Valparaiso. Lumière, placements, déplacements, transitions… tout doit être réglé comme du papier à musique !

Le nouveau projet de Dorian Rossel et de la Cie STT imagine des rencontres. « Histoire vraie ou destins fabulés ? » nous dit la description du site du Théâtre. Des poèmes de jeunesse de Jean-Louis Martinez, journaliste genevois, se retrouvent publiés en 1988, à son insu… au Chili ! Ils sont signés par un homonyme parfait, Juan Luis Martínez ! Au même moment, une jeune Suissesse fait la rencontre d’un chercheur qui enquête sur le poète chilien. Hasards ? Rencontres de la vie ? Dorian Rossel choisit de tourner autour de cette frontière fragile et mystérieuse pour un spectacle en forme de « boule à facettes », où tout est possible ! En créant ce spectacle tiré d’une histoire vraie découverte dans Le Temps, le metteur en scène imagine le poème comme un lieu de rencontre, de carrefours entre les humains, comme un lien mystérieux symbolique du génie fabulateur de l’être humain.

Il est 16h30 quand je rejoins l’équipe, en plein filage. Horaire oblige, tout le monde carbure au chocolat. On s’arrête entre chaque scène, parfois même au milieu, afin que tous les détails puissent être réglés. Le jeu n’est pas au centre des préoccupations, le texte étant déjà bien en place après la première série de représentations à La Grange de Dorigny. Le plus difficile est l’adaptation au nouveau plateau, plus petit que le précédent. La gestion de l’espace est dès lors bien différente. Il faut penser à ce qu’on voit ou non, aux effets produits sur le public, aux nouvelles marques à ajouter au sol pour placer correctement les objets… Les questions fusent alors autour de la « bonne lumière » : faut-il jouer sur les projecteurs à l’avant-scène ou plutôt les latéraux ? Quels seront les bons contrastes pour mettre en avant certains personnages ou autres éléments selon les scènes ? Tout cela, c’est le travail de l’ombre auquel on pense trop peu en assistant à un spectacle. Il faut réfléchir à tout : intensité de la musique, transitions entre les scènes, parcours pour les sorties des comédien·ne·s. Toute l’équipe s’affaire alors pour trouver des solutions pratiques, notamment en ce qui concerne le temps qu’il faudra pour amener certains objets sur scène. Car qui dit changement de salle dit aussi changement de coulisses.

Sur la scène, on aperçoit une table au centre, des bâches en plastiques sur les parois au fond et côté cour, tandis que des panneaux en bois colorés se trouvent à jardin. De quoi se faire une petite idée de ce qu’on verra dès ce soir, pour la première. Et alors que les réglages s’effectuent, on perçoit le stress de l’approche de la rencontre avec le public : chacun·e veut que tout soit parfait, et le souci du détail est omniprésent, ce qui donne lieu parfois à de longues discussions sur ce qui peut paraître anodin pour un œil extérieur. On citera en guise d’exemples l’intensité et l’angle de certaines lumières ou la gestuelle qui doit évoquer les différents personnages interprétés par chacun·e… Et on a hâte de voir le résultat !

Dans la salle sont présents Jean-Louis Martinez (celui de Genève), et Scott Weintraub, un chercheur américain spécialiste du poète chilien. Tous deux interviendront à l’issue de la première représentation, pour discuter avec le public autour de la thématique du spectacle. On m’apprend d’ailleurs que Scott est aussi l’un des personnages de la pièce, sous le nom de Scott Bloom pour la fiction. Alors, avant que tout ne commence, on se pose la question de la frontière entre fiction et réalité. Qu’en sera-t-il sur scène ? Il faudra voir pour le savoir. En parlant de cela, on m’annonce également que Tous les poètes habitent Valparaiso sera joué l’été prochain à Avignon, dans une version à nouveau totalement remaniée, la salle étant encore plus petite. L’avantage ? Le texte fonctionne tellement bien, que l’équipe pourra s’appuyer dessus, comme une valeur sûre.

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Tous les poètes habitent Valparaiso, sur un texte de Carine Corajoud en collaboration avec Dorian Rossel, du 17 au 26 mars 2023 au Théâtre Saint-Gervais, , reprise aux Amis musiquethéâtre du 14 au 26 mai 2024, avec Alexandra Marcos reprenant le rôle d’Aurélia Thierrée..

Conception et mise en scène : Dorian Rossel

Avec Fabien Coquil, Karim Kadjar et Aurélia Thierrée

https://saintgervais.ch/spectacle/tous-les-poetes-habitent-valparaiso

Photo : © Lothar Knopp

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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