Les réverbères : arts vivants

À l’Arsenic, on se confronte aux codes et les bouscule

Le 15 janvier, l’Arsenic, à Lausanne, lancera sa seconde partie de saison. Quinze spectacles à voir jusqu’à début avril, pour questionner les codes de notre société et s’y confronter, à travers théâtre, performance, danse et musique.

Du 15 au 19 janvier, Alice Oechslin et Mayara Yamada se poseront cette question a priori simple : Rouge est la couleur de… ? La Suisse ou l’Amour ? Tout n’est pas si simple lorsqu’on veut se marier et qu’on se confronte aux normes en vigueur dans notre pays. Le duo explorera cette thématique pour la réinventer, à la lumière queer et interculturelle. Puis, le week-end du 24 janvier, avec Zizi Zozio, Marvin M’Toumo reviendra lui aussi sur l’amour impossible, dans un poème chanté où il sera aussi question de sexualité empêchée et de famille divisée.

À la fin du mois, place d’abord à la Cie Dreams Come True, qui proposera une rencontre entre GenZ et Boomer, pour interroger les fossés entre les générations. Sont-ils infranchissables ? Comment débattre et faire s’affronter des visions du monde a priori opposées, avec pour seul point commun la queerness ? L’Âge de nos idées tentera d’y répondre. En parallèle, on pourra également découvrir Un trait d’union, une performance d’Oriane Emery, sous la forme d’un monologue entre autobiographie et fiction. Ses origines suisses et algériennes permettront d’aborder la question de l’identité, avec toutes les tensions et ambiguïtés que cela comporte.

On se retrouve ensuite du 6 au 9 février, avec Entepfuhl, une performance dansée d’une vingtaine de minutes signée Alina Arshi. Entre danse contemporaine européenne et mudras indiens, elle nous propose un voyage entre différentes cultures, pour en souligner à la fois la richesse et les tensions. Les 3 et 28 février, on retrouvera le quintette Oswèla avec tbc. Un mélange de genres musicaux, du jazz au hip hop, en passant par la house et la musique afro-caribéenne : c’est le projet de ce groupe qui nous invite à danser et à se défouler.

En mars, place tout d’abord à Cecilia Moya Rivera et sa performance théâtrale ROTA. Véritable bulle dans le temps, elle propose un récit à trois voix, au cœur des ombres coloniales. Il s’agira d’interroger la résistance face aux colons, mais aussi la manière dont l’histoire peut réparer sa face sombre…

Du 14 au 16 mars, deux spectacles seront joués en parallèle. À commencer par Magic Maids, imaginé par Eisa Jocson et Venuri Perera. Le balai y jouera un rôle central, à la fois dans son usage quotidien, mais aussi dans l’image de la sorcière qu’il évoque. Véritable symbole d’oppression et de résistance, il permettra aux deux artistes de proposer une forme de transformation grâce à lui. Aux mêmes dates, Teresa Vittucci se questiennera sur la pop culture, l’histoire et la religion avec un regard queer et féministe. Dans Sane Satan, elle s’intéresse au récit du mal, avec un regard plus ludique, en parodiant les séries B des années 2000. Ou comment envisager une approche décalée et absurde pour parler d’un sujet plus profond.

Entre le 20 et le 23 mars, Elie Autin présentera son Antichambre, entre installation et performance. Dans cette salle d’attente aux inspirations baroques et pleines de faste, elle commémore les bacchanales passées et questionne les jeux de pouvoir et de séduction, en flirtant avec la notion d’assujettissement. Dans STUCK, Mounia Nassangar tente de dépasser les mots. Ou quand la danse prend le relais d’une parole qui ne parvient plus à décrire ce qu’elle doit. Cinq actes pour cinq danseuses au vécu fort, avec pour thématique commune la résilience.

Rendez-vous ensuite, du 27 au 30 mars avec Marie-Caroline Hominal et Numéro 0 / Scène III, où elle explore différents concepts du mouvement, de l’énergie et de la déconstruction des formes chorégraphiques traditionnelles. Dans un studio de cinéma à ciel ouvert, elle enchaîne les formats courts, pour explorer cette énergie qui va decrescendo.

Enfin, deux spectacles seront à voir en avril. Bast Hippocrate présentera un récit autofictionnel entre deux hommes amoureux, mais qui se déchirent et se réconcilient sans arrêt. Une exploration des différents types de relation, du chemsex au polyamour, en passant par la relation ouverte ou platonique. Joyeux lourdement sous-estimés, à voir du 3 au 6 avril. Aux mêmes dates, on pourra découvrir la nouvelle création, sans titre pour l’instant, d’Alex Baczynski-Jenkins, qui se questionne sur la fin et ses intensités, dans un rendu presque tactile, brut et minimal.

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de l’Arsenic.

Photo : ©Arsenic.ch

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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