Les réverbères : arts vivants

À Théâtre en campagne, on explore des univers

Le week-end dernier se tenait, à Presinge, la quatrième édition du festival Théâtre en campagne. L’occasion de découvrir des formes variées, des univers originaux, pour un magnifique moment de partage dans la campagne genevoise.

Après avoir manqué – une fois de plus ! – le Vous avez dit Barbe-Bleue ? de Guillaume Pidancet, notre périple campagnard a démarré samedi à 13h dans la cabane à histoire du Théâtre des Marionnettes. Le matin, les élèves d’Open’Scènes avaient présenté leurs créations. À 13h, donc, nous avons pu assister, grâce au joyeux duo composé de Joël Hefti et Diego Todeschini, à une version revisitée d’un conte bien connu. C’est l’histoire de deux enfants perdus dans la forêt, un sœur et une frère, qui se retrouvent dans une maison faite de pain d’épices et d’autres friandises. Mais comment s’appellent-ils déjà ? Haehndel et Gracile ? Denzel et Gratin ? Ah oui, c’est ça, Wafel et Bretzel ! Avec tout l’ingéniosité des marionnettistes, nous avons donc pu découvrir une hilarante version de ce conte bien connu, où la maison – ou serait-ce la sorcière ? – termine dans un four, cuisson à feu doux, parce que les enfants sont gentils ! Quant à la morale de cette histoire, on se demande si elle respecte bien l’histoire originale. Mais nous n’en dirons pas plus…

La journée s’est poursuivie avec le premier épisode des Aventures de Peer : La princesse des trolls, ou l’histoire d’un jeune garçon prêt à tout pour sauver sa mère malade, même à se rendre auprès du roi des trolls, pour que ce dernier libère sa propre fille, la princesse, afin qu’elle aide Peer à sauver Mère. Quentin Teixeira y interprète une impressionnante galerie de personnages – Peer, la princesse, le roi, quatre autres trolls et une mouche particulièrement intelligente et un peu imbue d’elle-même. La performance, sans décor, uniquement avec son corps, une épée, et un synthé, impressionne ! Mention spéciale à la chanson composée pour la princesse, qui rappelle un générique de notre enfance… merci pour la nostalgie !

Dans une caravane climatisée – on remercie le Collectif La Méandre pour cela ! – nous avons pu assister à un ciné-concert joué en direct. Dans Avion Papier, avec toute l’ingéniosité qu’il fallait, Arthur Delaval (en alternance avec son collègue Noé Lémac) nous a emmené dans l’univers onirique du duo. Des personnages déambulent, des avions en papier s’envolent, le tout accompagné par un nombre incalculable d’instruments. On retombe en enfance avec les sonorités du synthé qui rappellent le Glockenspiel, et l’utilisation d’objets tels qu’une pompe à vélo, une râpe, un ukulele, un extincteur vide en guise de percussions, dans un dispositif particulièrement ingénieux. Un petit moment de magie.

Nous sommes ensuite parti·e·s à la pêche aux sons, dans Corne de Brume, avec le duo belge des productions Hors Cases. Nous embarquant sur leur bateau pour un spectacle déambulatoire, nous avons pu découvrir différentes techniques de prises de son, pour nous rappeler qu’il faut écouter le monde qui nous entoure, être attentif·ve·s à tout, et même au silence, dont nous avons parfois besoin. Le tout muni·e·s des indispensables casques, et avec beaucoup d’humour. Un moment déjanté et poétique.

Enfin, nous avons assisté à une impressionnante performance de théâtre de rue, par le duo Les Batteurs de Pavés. En à peine une heure, ils ont traversé l’ensemble de l’œuvre majuscule de Victor Hugo : Les Misérables. Tout en faisant participer des membres du public, ils sont parvenus à résumer toute l’histoire en si peu de temps, le tout avec un humour totalement débridé et en étant exhaustif. Une performance de haute volée, tout bonnement hilarante. On en redemande !

La soirée s’est terminée avec un plateau de stand-up auquel nous n’avons pas pu assister. Tout comme au premier spectacle du dimanche, Mam’zelle Chapeau, adressé aux plus jeunes, dès 1 an, et qui tourne depuis de nombreuses années déjà. Notre journée du dimanche a ainsi débuté avec Pas jeter les mots. Malgré la tempête, sous le chapiteau, Carole Schafroth nous a embarqué·e·s dans l’histoire d’une jeune fille et de sa famille qui peine à communiquer, à l’exception de son oncle. Celui-ci joue avec les mots, les couche sur papier, les transmet, les faire vivre et virevolter. Un format court empli de poésie, auditive comme visuelle, pour faire confiance aux mots.

On a ensuite enchaîné avec le second épisode des Aventures de Peer : Le royaume des morts. Comme la veille, Quentin Teixeira nous en emmené·e·s dans l’univers de ce jeune homme qui veut sauver sa maman. Avec son énergie débordante, il nous a présenté une nouvelle galerie de personnages, dont la mouche qui revient. On apprécie la dimension physique et humoristique de sa performance. En attendant, pourquoi pas, un épisode 3 ?

Enfin, nous avons conclu notre weekend en compagnie de Camille Figuereo et de Tant qu’il y aura des cabanes. Dans ce format court d’une douzaine de minutes, elle nous invite à reconsidérer notre espace et à le relativiser, dans un conte métaphorique et poétique, avec diverses techniques marionnettiques et un humour plein de douceur. On regrettera d’avoir manqué les deux derniers spectacles du dimanche : Terrain vague, où une préposée à la barrière se demande si on l’a oubliée là ; et le Loto Bingo Dingo, un moment plein de folie inspiré du jeu de notre enfance. On se dit rendez-vous l’an prochain à Presinge ?

Fabien Imhof

Photo : ©Théâtre en campagne

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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