Les réverbères : arts vivants

À Vernier comme à l’américaine ?

Victoria Pianasso, était de passage à la salle du Lignon avec son spectacle Reste simple. L’occasion, pour le public genevois, de découvrir son humour piquant de la Parisienne, et pour elle, de faire connaissance avec la Suisse.

« C’est un show à l’américaine, mais avec un budget de kermesse », annonce-t-elle rapidement en arrivant sur la scène. Il est vrai qu’on est loin de ce qu’elle avait imaginé, avec un podium, un tigre dressé, des cracheurs de feu du Cirque du Soleil… Au lieu de cela, une scène nue, ainsi qu’un pied de micro et une chaise de bar qu’elle utilisera pour certains sketches. Cela ne l’empêche pas de débarquer avec son costume grandiloquent, rappelant l’Aigle noir de Barbara, sur lequel elle devait faire son entrée, dans un remix électro-techno qui devait emmener tout le public. Durant un peu plus d’une heure, elle parlera donc de son regret de ne pas avoir pu monter ce show, mais aussi du difficile passage à la trentaine, de ses souvenirs d’enfance, de son traumatisme avec les mathématiques, et même de sa supposée ancêtre médiévale ! Un programme riche et varié, donc, pour cette jeune humoriste à l’énergie débordante.

Une grande capacité d’autodérision

On le sait, les stand-upper·euse·s aiment bien parler d’elles et eux dans leurs spectacles. Victoria Pianasso, que l’on découvrait totalement ce soir-là, ne déroge pas à la règle. Après tout, quel sujet connaît-on mieux que soi-même ? Loin de se mettre en avant – quoique… – l’humoriste se moque beaucoup d’elle-même, surtout depuis qu’elle est entrée dans la trentaine. Difficile, dès lors, de ne pas se reconnaître, lorsqu’elle évoque sa préférence pour les soirées jeux de société à celles en boîte de nuit. Eh oui, les trentenaires, pourtant peu nombreux·ses ce soir-là à Vernier, sont (presque) tou·te·s pareil·le·s… Ce qu’on apprécie beaucoup, chez Victoria Pianasso, c’est cette capacité à se moquer d’elle-même, sans filtre, n’hésitant pas à évoquer ses problèmes de transit, ou le décalage qu’elle ressent face à ses copines jeunes mamans. Pour autant, elle ne s’enfonce pas, loin de là, car les autres en prennent aussi pour leur grade. À commencer par le public, notamment cette moitié qui, comme elle, éprouve quelques difficultés avec les mathématiques…

Une belle palette de talents

Mais Victoria Pianasso ne se limite pas à des sketches façon stand-up, en interaction avec le public. Elle nous le rappelle d’ailleurs régulièrement : « Ne vous inquiétez pas, personne ne va monter sur scène (si on peut appeler ça une scène), je ne suis pas connue ! » L’humoriste a ainsi le don de manier ses effets. On pourra lui reprocher quelques longueurs à certains moments, notamment dans son ouverture où elle décrit tout le show à l’américaine qu’elle avait imaginé, et qui dure peut-être un peu trop longtemps. Il n’en demeure pas moins qu’elle parvient à capter son public, avec un humour souvent surprenant. Au-delà de quelques blagues attendues, elle joue beaucoup sur l’humour noir, pour choquer son audience, avec des effets qui fonctionnent à la perfection. On pense à ce problème de mathématiques inventés autour de quatre prénoms qui nous rappellent de sombres affaires françaises… On n’en dira pas plus.

Surtout, Victoria Pianasso démontre de nombreux talents. Il y a, bien sûr, l’humour, au cœur de Reste simple. Mais n’oublions pas non plus ses talents de comédienne, lorsqu’elle incarne cette ancêtre médiévale très virile, de laquelle elle pense tenir son agressivité. Mention spéciale, durant ce sketch, à l’apparition d’un certain Michel, qui nous enterrera tou·te·s, qu’on n’avait pas vu venir ! Et la comédie n’est pas le seul talent de Victoria Pianasso. Poussant la chansonnette à plusieurs reprises, en parodiant des grands classiques de la chanson française (et notamment Johnny !), elle nous emporte dans son univers en nous faisant découvrir son joli brin de voix. Avec Victoria Pianasso, c’est donc toute une palette de talents qui se met au service d’un spectacle complet. Il ne nous reste donc plus qu’à attendre son retour en Suisse, pour voir comment tout cela aura évolué ou, pourquoi pas, à l’occasion d’un nouveau spectacle ?

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Reste simple, de Victoria Pianasso, le 7 décembre 2024 à la Salle du Lignon – Vernier Culture.

Mise en scène : Yohann Lavéant

Avec Victoria Pianasso

https://www.vernier.ch/evenements/victoria-pianasso

Photo : ©Jérôme Sussiau

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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