Les réverbères : arts vivants

Plongeon dans l’estuaire

La nouvelle création envoûtante de la Compagnie de l’estuaire, chorégraphiée par Nathalie Tacchella en collaboration avec l’équipe artistique, L’agenda des tentacules, est à voir au théâtre du Galpon jusqu’au 15 décembre.

Avant la première, Nathalie Tacchella nous présente le spectacle comme une création mise au monde grâce à l’intelligence collective, elle prend soin de nommer chacune des personnes ayant œuvré pour ce rendez-vous avec le public. Car finalement, l’une des facettes principales de la compagnie de l’estuaire, et l’un des propos de cet Agenda, est de mettre en avant la solidarité et la collaboration.

L’agenda des tentacules est envoûtant, on est transporté·e dès l’entrée en salle dans un écosystème à part, qu’on pourrait rapprocher des profondeurs sous-marines, mais pas que. Le jeu de lumières, créé par Florian Bach, reprend le mouvement oscillant des faisceaux de lumières dans les eaux profondes, et nous plonge dans les abysses qui se répercutent sur un immense tissu gris sombre. La scénographie nous rappelle les fonds marins, mais évoque aussi de petits îlots, qui servent à la fois d’ancrage aux danseur·se·s, mais figurent aussi des obstacles. La musique, composée par Adrien Kessler, participe de cet effet envoûtant, elle nous attrape au plus profond et fait un effet sous-marin, pour s’autoriser ensuite des envolées épiques, cinématographiques par moment.

La chorégraphie, portée par Marion Baeriswyl, Fabio Bergamaschi, Aïcha El Fishawy, Ambre Pini et Diane Senger, part de chaque individualité, qui se distingue et se retrouve à la fois. Chaque danseur·se, depuis son rocher, découvre cet environnement, prennent conscience de la présence des autres, avec de beaux moments de résonance, les mouvements se répondent de manière subtile. Iels se meuvent avec une grande écoute des un·e·s et des autres, cherchant à s’adapter à ce terrain à la fois hostile, et en même temps espace de jeu. Finalement, les différentes parties de l’organisme se rejoignent pour ne former qu’une seule entité en mouvement, d’où sortent des membres, des tentacules, le tout dans une osmose parfaitement maîtrisée.

Les inspirations de L’agenda des tentacules sont aussi diverses que variées, mais proviennent principalement de la littérature. On retrouvera donc notamment la philosophe Vinciane Despret, qui interroge l’humanité des animaux, et invite à repenser notre ethnocentrisme. On aura aussi Ramuz, dont la nouvelle Présence de la mort a servi d’inspiration pour la forme des costumes, rappelant les travailleurs des années 50. Tous les titres ayant servis d’inspiration sont disponibles à la vente au Galpon, une manière de se plonger encore plus profondément dans l’univers du spectacle, et donner d’autres dimensions à ce que l’on vient de voir.

L’agenda des tentacules est une belle expérience, qui nous invite à sortir de notre paradigme humain pour se laisser porter par d’autres réalités que la nôtre, et pourquoi pas la réalité d’une pieuvre à lunettes ?

Léa Crissaud

Infos pratiques :

L’agenda des tentacules, par la Cie de l’estuaire, chorégraphie de Nathalie Tacchella, en collaboration avec l’équipe artistique, au Théâtre du Galpon du 5 au 15 décembre 2024.

Distribution :

Chorégraphie Nathalie Tacchella en collaboration avec l’équipe artistique
Danse Marion Baeriswyl, Fabio Bergamaschi, Aïcha El Fishawy, Ambre Pini, Diane Senger
Composition musicale et diffusion sonore Adrien Kessler
Création lumière Florian Bach
Création costumes Marion Schmid
Scénographie et construction Padrut Tacchella
Direction technique Vahid Gholami
Production déléguée Laure Chapel – Pâquis Production

Photos : ©Isabelle Meister

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