Les réverbères : arts vivants

ADN : « Tout donner » pour la dernière de Philippe Olza

Avant de laisser sa place à Laurence Perez à la tête de l’ADN – Association Danse Neuchâtel, Philippe Olza propose un dernier volet 2024 avec une programmation toujours aussi enthousiaste.

La thématique de cette année 2024 s’intitule « INSTINCT(S) ». Avec des représentations dans divers lieux emblématiques du canton de Neuchâtel, elle fait la part belle à des artistes aux univers entiers : chorégraphies millimétrées, confrontation des zones d’ombres, de la violence au combat, ouverture des vannes de la fantaisie, élan choral…

Des spectacles audacieux

Rendez-vous dès le 31 août dans le Parc Technologique et Industriel du Site Dubied pour un spectacle a cappella, entre parcours, danse, et chant. Le Val-de-Travers accueillera donc les artistes du collectif Ville-en-Feu pour Le Sacre, en réexplorant l’œuvre de Stravinsky, en guise d’ouverture de la seconde partie de la saison. Séance de rattrapage le lendemain sur le Parvis de la Collégiale de Neuchâtel.

En septembre, place à un focus Danse et Combat, avec trois spectacles au programme. Autour de chacun d’entre eux seront organisés un atelier, un temps de rencontre et un échange avec les artistes. On commence le 21 septembre, avec Raphaël Berkane et le collectif Flèche, qui nous plongeront dans l’univers d’un performeur-samouraï. Dans Cascades, Kung-Fu, Agility, il  explorera le lien entre la danse et ces arts martiaux si particuliers. Le lendemain, Johanna Heusser présentera Dr Churz, dr Schlungg und dr Böös, dans lequel elle revient sur des traditions plus locales, puisqu’il sera question cette fois du rapport entre danse et lutte suisse. Enfin, comment parler de combats sans évoquer la boxe. Les 25 et 26 septembre, dans Boxing Noise, place aux émotions fortes, avec un spectacle qui se présente comme une performance sonore au corps-à-corps.

Les 3 et 5 octobre, au TPR de La Chaux-de-Fonds, on retrouvera un trio déjanté et cocasse. Dans Zonder, la chorégraphe argentine Ayelen Parolin s’inspire de la figure de l’Idiot. Elle y propose une véritable ode à la faille et à l’imperfection, tout en nous promettant un humour exubérant. Pas le temps de s’ennuyer donc avec les trois brillants interprètes que sont Piet Derfancq, Naomi Gibson et Daan Jaartsveld.

Un peu plus tard dans le mois, place à Mehdi Berdai et Le Lokart, dans Egos. Alors que la thématique du pervers narcissique fascine, la Compagnie tentera de disséquer le langage du corps dans les mécanismes de violence qui s’instaurent dans ce type de relation. Entre corporalité et sensibilité, l’événement est prometteur !

Entre les différentes représentations, on pourra retrouver Marc Oopsterhoff au Musée international d’horlogerie, pour une performance de 45 minutes visant à fêter les 50 ans du bâtiment. Avec À l’échelle, il propose, à l’aide de huit artistes acrobates, d’investir les lieux, entre danse et cirque, dans un parcours qui s’annonce déjà envoûtant.

Le 1er novembre, dans le cadre du Festival Résonance de Morteau, on pourra retrouver non pas un, mais deux spectacles pour composer la soirée. Avec L’ENVOL, la compagnie (La) Rue Serendip prépare son prochain spectacle Anabatos. Dans cette version tremplin, entre danse, théâtre et musique, iels partageront leur quête d’un ailleurs plus solidaire. En seconde partie de soirée, Edouard Hue et la Beaver Dam Company nous conduiront du frisson à la frénésie. Dans le duo SHIVER, c’est un numéro particulièrement exigent d’un point de vue technique qui fera entrer les interprètes dans une forme de transe.

Deux semaines plus tard, Kiyan Khoshoie présentera son seul-en-scène Wannabe, un coming out pop, en forme d’hommage à ce style musical qui a explosé dans les années 80. Ou comment exprimer ce sentiment de liberté exploré par Janet Jackson, les Spice Girls et autre All Saints.

Juste après, Jasmine Morand et la Cie Prototype Status débarqueront au Théâtre du Passage avec Mirkids. Entre danse et arts plastiques, ce spectacle adressé au jeune public propose un kaléidoscope dansé, où les illusions d’optique nous emmènent dans un autre univers, pour un moment hors du temps.

Le 26 novembre, Mehdi Kerkouche interroge les rapports interfamiliaux. Offrant la scène à des artistes d’âges variés, il propose dans Portrait un dialogue entre les différents profils, entre partages et confrontations, pour montrer toutes les subtilités d’une tribu familiale.

Les deux jours qui suivront, Ruth Childs reviendra avec Blast ! Accompagnée d’une création sonore percussive, elle confrontera le public aux représentations du corps les plus effrayantes, marquées par la souffrance. Invitant à une forme de méditation, elle cherche à apprivoiser cette expressivité pour en faire un antidote. Le 25 novembre, pour en apprendre un peu plus, elle proposera également un atelier en marge du spectacle.

Du 5 au 8 décembre, (La) Rue Serendip proposera cette fois-ci la version finale d’Anabatos. Quatre danseurs accompagnés d’un musicien nous transmettent leur appel du large, avec cette quête toujours présente de fraternité et de solidarité. Un spectacle qui s’annonce énergique, poétique et doux à la fois.

Enfin, pour marquer la fin de l’aventure de Philippe Olza avec l’ADN, trois complices s’inspirent du film muet de 1913 Ma l’amor mio non muore pour cabotiner et montrer qu’on peut rester jeune dans sa tête même en l’étant un peu moins dans son corps. Un bien joli message pour conclure cette année 2024 !

Des rencontres en marge

À côté des spectacles, l’ADN met aussi tout en œuvre pour donner accès à sa programmation, à travers différents événements. Nous avons déjà évoqué l’atelier de Ruth Childs. Plusieurs tables rondes seront également organisées, à commencer par celle du 17 octobre. Animée par Anne Grussner-Weiss, et s’intégrant dans le projet CORIOLIS dédié aux futur·e·s physiothérapeutes, elle invite des danseurs et sportifs à venir discuter sur les bienfaits de l’art du mouvement. Deux semaines plus tard, c’est en compagnie de danseur·se·s, pédagogues et sociologues qu’elle interrogera cette fois-ci le rapport au corps, toujours dans le cadre du projet CORIOLIS.

Le 19 novembre, la même Anne Grussner-Weiss animera cette fois-ci un débat autour de la danse et du travail. Il y sera question de reconversion professionnelle et des bienfaits, par toujours attendus, de la danse et des autres pratiques artistiques dans cette optique.

Cette période servira aussi de transition, pour permettre à Laurence Perez, qui succédera à Philippe Olza, de prendre ses marques, rencontrer les artistes et les équipes, pour préparer sereinement une année 2025 dont on est déjà curieux·se d’en connaître la forme.

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site de l’ADN – Danse Neuchâtel.

Photo : © Arthur Silve

Affiche : ©Julien Mudr_Garphik ©Equipo

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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