Au Pulloff, on s’ouvre sur le monde
Pour la saison 2024-2025, le Pulloff Théâtres annonce onze spectacles, dont huit créations, avec une volonté de variété et d’exigence. Dans ce lieu situé à l’emplacement des anciens magasins lausannois, on attend que la magie opère…
Dans son courrier de diffusion en vue de la saison, le Pulloff Théâtres met l’accent sur le texte. Comme depuis sa création en 2001, il a à cœur de proposer des univers ouverts sur le monde, où les mots sont au centre. Cette nouvelle saison ne déroge pas à la règle.
Tout commencera le 3 septembre, avec une drôle de rencontre avec Elisabeth Blumenfeld, alias Liza Bloom. Partant d’une interview en Suisse romande en 2010, on remontera le temps jusqu’aux années 1970, à l’intérieur d’un studio d’enregistrement américain. On y retrouvera la chanteuse de jazz, ses mémoires, ses blessures, sa vie tourmentée… La légende, à voir jusqu’au 15 septembre.
Du 1er au 6 octobre, on changera totalement d’ambiance, avec le Cravate Club. Dans un cabinet d’architectes, deux associés et amis sont très complices, bien que très différents. Seulement voilà, alors qu’ils se retrouvent au sein d’un club chaque mois, l’un des deux est absent à l’anniversaire de l’autre. De quoi mettre en péril leur amitié et poser certaines questions.
On retrouvera ensuite un texte de Yasmina Reza. Dans Trois versions de la vie, c’est une soirée entre couples d’amis qui se répète trois fois, alors même qu’on avait rêvé d’un moment tranquille chez soi. La soirée exquise qui s’annonçait tourne à la catastrophe, pour un spectacle plein d’ironie et de surprises.
En décembre, nous aurons droit à d’autres retrouvailles : celles d’un frère et d’une sœur, dans l’appartement à vider du père décédé qu’iels détestaient. Dans Nocturne/Nachtland, iels découvriront un petit tableau signé de la main d’un certain dictateur. Comment prouver son authenticité et le vendre ? Entre bonne conscience et appât du gain, difficile d’oublier le lourd passé de l’Allemagne.
En janvier, on reparlera de l’époque nazie, mais sous un angle totalement différent. Dans Un rapport sur la banalité de l’amour, on explorera cinq rencontres, entre 1925 et 1950, entre le philosophe Martin Heidegger et son étudiante Hannah Arendt. Une passion inavouable et qui les dépassera. L’amour sera-t-il plus fort que tout, alors que leur statut et leurs pensées y sont un obstacle ?
Du 1er au 16 février, place à un spectacle en musique, avec Erotikos Factory. L’objet de ce spectacle ? Créer un opéra autour du désir, pour renouer avec l’essence de celui-ci, loin des avatars virtuels. Les fantasmes y seront légion, accompagnés par une soprano, un ténor et une violoncelliste-danseuse. Ou comment repousser les limites.
On retrouvera ensuite l’auteur bernois Lukas Bärfuss avec Le Test (Die Probe). Dans cette fresque familiale pleine d’ironie, il sera question de la campagne électorale d’un homme, du désir de pouvoir de son second, d’un fils qui s’en détourne par lâcheté, d’une femme qui s’ennuie, d’une épouse parfaite… Tous les ingrédients sont réunis pour créer une véritable tempête !
C’est ensuite à une grande figure de la littérature qu’on s’intéressera. Dans Emma, c’est moi !, on retrouvera Gustave Flaubert et Louise Colet, dans la reconstitution d’un amour passionné au milieu duquel se retrouve l’héroïne du roman. La création de cette dernière en filigrane de l’échange épistolaire questionne l’amour, l’art et la société, pour évaluer le chemin parcouru jusqu’à nos jours au sein de ces thématiques qui nous interrogent toujours…
Du 28 avril au 8 mai, les trois complices que sont Pavel Jancik, Philippe Macasdar et Pierre Miserez présenteront le théâtre comme une dette à honorer. Dans Épongez vos dettes, faites du théâtre !, deux fils héritent d’un théâtre en faillite. Grâce au conseil donné par le bon génie, ils feront tout pour le remettre à flot et honorer la promesse faite au père.
Place ensuite à un biopic qui peindra un portrait acerbe du « star-system » américain. S’appuyant sur la terrible affaire Tonya Harding – dont la principale concurrente avait été volontairement blessée au genou, sans qu’on ne sache si la patineuse était impliquée – American Princess propose une chronique des années 80 à nos jours. Entre enquête aux nombreuses questions et biopic, voilà un spectacle qui promet de nous montrer l’envers du décor.
Enfin, pour clore la saison en beauté, on s’intéressera à celui qui est sans doute le dramaturge le plus célèbre de l’histoire. Dans Être Shakespeare, Geoffrey Dyson, seul en scène, retracera son parcours, en tentant de répondre à certaines grandes interrogations autour de la vie du poète.
Alors, tenté·e par cette nouvelle saison qui s’annonce déjà riche ?
Fabien Imhof
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Pulloff Théâtres.
Photo : © Pitch Comment
Affiche : © Pulloff Théâtres (affiche)