Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu : moins mauvais qu’on ne le pensait ?

Après avoir entendu beaucoup de critiques négatives sur le dernier Astérix, réalisé par Guillaume Canet (navet, flop, gros budget pour un tout petit résultat…), difficile de ne pas avoir d’a priori avant de le visionner.

Astérix et l’empire du milieu était annoncé comme le film événement de 2022, avec une promotion hors-normes autour de lui ; un film qui devait relancer l’industrie cinématographique française et prouver que la France, elle aussi, était capable de proposer des grosses productions de qualité. Commençons donc par les attentes suscitées et les critiques qu’on a pu entendre dessus.

Trop de stars ?

Le casting de ce nouvel opus s’annonçait XXL : Guillaume Canet, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, mais aussi les rappeurs Bigflo et Oli, les youtubeurs McFly et Carlito, ou encore le footballer désormais retraité Zlatan Ibrahimovic, pour ne citer que ceux-là… En-dehors de celles et ceux qui ont une véritable formation d’acteur·ice, les autres n’ont finalement que de petits rôles, avec des apparitions plus ou moins brèves. Iels s’avèrent donc être plus des clins-d’œil à la pop-culture qu’autre chose, dans une ambiance plutôt bon enfant. On pourra toutefois reprocher à ce large éventail de scènes de ne pas apporter grand-chose à l’histoire – si ce n’est l’Antivirus joué par Zlatan – et de la rendre parfois décousue, voire pire, de la faire passer au second plan. Si bien qu’on ne se rappelle parfois plus vraiment de la trame de départ…

Des clichés ?

Ma plus grosse crainte devant ce film français qui se déroule en Chine était d’assister à une succession de stéréotypes totalement déplacés, voire racistes. Rassurez-vous, à l’exception de quelques vannes un peu faciles, Guillaume Canet et son équipe s’en sortent plutôt très bien de ce côté-là !

Quid d’Obélix ?

Difficile de ne pas avoir en tête la performance de Gérard Depardieu quand on pense à Obélix. Là aussi, on pouvait émettre certains doutes quant au choix de Gilles Lellouche pour l’interpréter : trop maigrichon, un jeu trop éloigné de l’Obélix de la BD… Je dois dire qu’il a été pour moi l’une des bonnes surprises de cette réalisation ! Loin d’autres rôles dans lesquels on a pu le connaître (La Flamme, Les Infidèles…), il parvient à donner à Obélix le côté un peu benêt et naïf, parvenant aussi à s’affirmer dans son personnage et sortir de l’ombre d’Astérix, sans pour autant tomber dans la caricature débile qu’on craignait. Ce qui, malheureusement, est un reproche que l’on peut faire à plusieurs autres personnages. On citera ici Marion Cotillard en Cléopâtre qui, à part rire bêtement en se moquant de César et le quitter pour un homme plus jeune et plus musclé, ne montre pas grand-chose d’autre. Ramzy Bédia, qui interprète Epidemaïs, pense plus à tenter de coucher avec l’impératrice avec qui il est enfermé qu’à… quoi que ce soit d’autre, en réalité. Quant à Bun Hay Mean, alias Deng Tsin Quin l’antagoniste qui veut s’emparer de la Chine, si son personnage fonctionne bien au début, il tombe vite dans une parodie de personnage colérique, une sorte d’Iznogoud raté qui s’incline bien trop facilement devant César. On pourrait encore allonger cette liste…

Trop de déceptions

Malgré quelques bonnes surprises, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu n’a rien du grand film qu’il devait être. Impossible, bien sûr, de ne pas le comparer au Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, véritable référence en termes d’adaptation de la bande dessinée. On ne vous surprendra pas en vous disant qu’il ne tient pas la comparaison. Si Guillaume Canet a, on en a l’impression, voulu reproduire le même genre d’humour, n’est pas Chabat qui veut. Les vannes, même bonnes, sont trop souvent forcées, amenées excessivement longuement et prévisible à des kilomètres. Bon, j’avoue, on est un peu dur, il y en a quand même beaucoup qui fonctionnent.

Passons enfin à la plus grosse déception de ce film : Astérix en personne. Ou devrait-on dire Guillaume Canet. Car le personnage tient plus de l’acteur que de celui imaginé par Goscinny et Uderzo. Pour résumer, Astérix souhaite devenir végétarien – ou du moins réduire sa consommation de sanglier – et arrêter de boire de la potion magique. Une attitude dans l’air du temps qui ne colle pas du tout à l’esprit de la bande dessinée. En voulant aborder ces sujets de société, le film tombe complètement à côté. À l’image de cette scène avec Laura Felpin – qui me fait en général hurler de rire – dans le rôle d’une courtisane qui vient se plaindre auprès de César de la longueur des nouvelles jupes. Une scène qui n’apporte absolument rien à l’intrigue, dont on ne reparlera jamais et qui semble posée là juste pour aborder cette thématique, sans aucune motivation. C’est un peu le sentiment qu’on a face aux réflexions d’Astérix… On ajoutera d’ailleurs qu’il est imbu de lui-même, tout en remettant constamment tout en question. C’est pour moi le gros flop de ce film.

Au final, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu s’avère très inégal, avec quelques bonnes surprises, mais un scénario beaucoup trop entrecoupé de scènes inutiles qui n’ont pour vocation que de faire apparaître des stars à l’écran ou évoquer des sujets dans l’air du temps. On est trop loin de l’esprit de la bande dessinée pour que cela fonctionne, malgré une bonne ambiance générale. Ce film reste divertissant, mais il ne faut pas chercher beaucoup plus loin. Et surtout, pour l’apprécier, ne le comparer ni à la bande dessinée, ni à Mission Cléopâtre. Une tâche bien difficile, tant ces œuvres sont marquantes…

Fabien Imhof

Référence :

Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, d’après la bande dessinée de Goscinny et Uderzo, réalisé par Guillaume Canet, France, 2022.

Avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Bun Hay Mean…

Photo : © Pathé