Les réverbères : arts vivants

Au POCHE/GVE, l’éc(h)o résonne

Pour sa saison 23-24, le POCHE/GVE ne déroge pas à ses principes : un ensemble pour la saison et une scénographie qui vogue de spectacle en spectacle. Le théâtre comme écho à un monde plus éco… logique !

Le POCHE/GVE propose depuis quelques saisons un ensemble qui joue tous les spectacles de l’année, avec différentes configurations. Cette année, on retrouve quelques visages connus des précédentes années, avec Bénédicte Amsler Denogent, Barbara Baker, Léonard Bertholet, Louka Petit-Taborelli et Valéria Bertolotto. Iels seront accompagné·e·s de Chady Abu-Nijmeh, Raphaël Archinard, David Attenberger, Pierre-Isaïe Duc, Yann Philipona, Marek Recoursé, Lisa Veyrier et Lucie Ziegler. Pour cette saison intitulé Éc(h)o, le directeur Mathieu Bertholet tient à montrer que le théâtre fait partie du monde et en parle, comme un écho. Écho à certains spectacles passés, repris cette année, mais aussi regard tourné vers l’avenir, avec toujours des auteur·ice·s vivant·e·s, on y tient ! Petit tour d’horizon…

Après avoir pu voir ou revoir Privés de feuilles, les arbres ne bruissent plus et Less Tears ! More Action ! dans le cadre de La Bâtie-Festival de Genève, vous pourrez découvrir la nouvelle saison dès 2 octobre, avec Solastalgie. Le titre fait écho à la douleur ressentie lors de la prise de conscience que notre environnement, le monde dans lequel on vit, est menacé de disparition. Nul besoin de rappeler le contexte dans lequel nous vivons… Dans ce texte, Thomas Köck nous emmène en forêt, un forêt qui se meurt, que les animaux désertent, où la vie n’est bientôt plus qu’un souffle. Avec cette question simple et terrible : comment faire le deuil de ce monde que nous voyons disparaître devant nos yeux ? La mise en scène sera signée par le duo Olivier Keller et Patric Bachmann.

Après la chute du monde, celle d’un homme. Du 6 au 12 novembre, redécouvrez le texte de Philippe Malone, dans une nouvelle mise en scène de Guillaume Miramond. On avait pu en découvrir une première version en 2017, avec Fred Jacot-Guillarmod, mis en scène par Selma Alaoui. On y découvre la chute vertigineuse et apparemment sans fin d’un homme, chute sociale d’abord, mais chute au sens propre, puisqu’il est en train de tomber d’un immeuble. Ses pensées défilent, jusqu’au Krach

Changement total de décor – au sens figuré seulement – dès le 20 novembre, avec Le si peu talentueux Mr. R. Le titre fera peut-être résonner aux oreilles de certains les noms de Patricia Highsmith ou d’Alain Delon ? Monsieur Ripley a marqué toute une génération. Mais après cela, que reste-t-il ? De la dolce vita américaine sur les plages d’Italie, du luxe, de la bourgeoisie, qu’en demeure-t-il à l’heure du tourisme de masse ? C’est la question que se posent le texte et la mise en scène de Jan Koslowski.

Nous voilà donc à mi-saison et la période des fêtes. Au retour des vacances, deux noms bien connus seront associés : Jean-Luc Lagarce pour le texte et Mathieu Bertholet pour la mise en scène. Dans Le pays lointain, on nous racontera l’histoire d’un adieu. Celui de Louis, de retour au pays pour annoncer sa mort prochaine. Dans la voix de Louis résonnera celle de Jean-Luc Lagarce, décédé peu de temps après l’écriture de cette pièce, mais aussi celles de toutes celles et tous ceux qui sont partis, pour revenir ou plus jamais, exprimant leurs remords ou leurs regrets.

On change encore une fois de scénario du 4 au 27 mars, avec Et soudain Mirna. Mère célibataire à la vie ordinaire, sans jamais avoir véritablement percé dans sa carrière, elle se questionne. Sur sa relation, sur sa vie… Elle n’en peut plus ! Alors, dans ce qui s’apparente à un baroud d’honneur, elle envoie tout valser et se rebelle, prônant l’autosuffisance. Et pourtant, rien ne va… C’est alors que Mirna entre en scène. Sa fille devenue adulte bien avant l’heure prend les choses en main dans ce qui devient une critique de sa propre mère et, par-là même, des générations précédentes.

Du 18 au 24 mars, Selma Alaoui revient pour proposer une mise en scène d’Au bord, un seule-en-scène dans lequel évoluera Valéria Bertolotto. Tout part d’une photo d’une soldate torturant des prisonniers irakiens, en 2003. Claudine Galea a tenté d’écrire dessus, sans y parvenir, restant Au bord de cette photo. Jusqu’à sa 42ème tentative. Et voilà que naît cette autofiction, racontant des ruptures, les rapports d’une mère à sa fille, d’une femme à un homme, d’une fille à sa mère… Comme un écho à tant d’histoires que l’on pourrait connaître.

Enfin, pour clore la saison, Giulia Rumasuglia mettra en scène Femme disparaît (versions), dans une revisite d’un texte déjà vu en 2021. Dans les années 50, plusieurs femmes entrent tour à tour dans un appartement, qui n’est pas le leur. Mais qui a vécu ici ? Quelle est son histoire ? Quelles horreurs ont pu se passer ? Chacune à sa version des faits, qu’elle s’invente, s’imagine…

Vous l’aurez compris, cette saison Éc(h)o au POCHE/GVE peut s’entendre de diverses manières, avec ou sans le « h » et dans tous les sens que peut prendre le terme « écho ». Alors, curieux·ses ?

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du POCHE/GVE.

Photo : © POCHE/GVE

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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