Les réverbères : arts vivants

Bruno Peki, pas si innocent que ça

Ce week-end, et pour la première fois, Bruno Peki présentait son deuxième spectacle, Innocent, au Caustic Comedy Club. Si vous l’avez raté, pas de panique, il y rôdera une fois par mois jusqu’en juin prochain.

Bruno Peki, c’est un jeune humoriste genevois de 19 ans, dont nous vous avons déjà parlé à quelques reprises (ici, ou encore ici). Produit par Olivia Gardet et Emilie Chapelle, les deux propriétaires du Caustic Comedy Club, il a eu la chance, pendant trois soirs, de roder son spectacle devant une salle comble. Encore peu connu du grand public, Bruno débute son spectacle en parlant de son âge – duquel découle sa soi-disant innocence –, de son nom, qu’il a dû changer à cause d’un homonyme humoriste parisien encore moins célèbre que lui, ou encore ses origines helvético-brésiliennes. Il tire d’ailleurs son nom de scène d’un arbre brésilien, en l’honneur de sa mère. Il se met ensuite rapidement le public dans la poche en se moquant – toujours gentiment – des végans, des Français, des autres suisses romands qui ne connaissent pas Genève et, donc, le monde civilisé, à l’image de Vida, humoriste fribourgeois convié pour la première partie du spectacle vendredi soir.

Un spectacle sur les relations

Si l’on devait dégager une thématique centrale au spectacle de Bruno Peki, ce seraient les relations. D’abord celles entre hommes et femmes, par le prisme du féminisme, sujet parfois sensible, dont il se saisit avec un grand sens du second degré, en se moquant des clichés sur la place des femmes et des hommes au sein de la société. Partant de cela, il fait également preuve d’une belle autodérision, se présentant comme un homme pas viril du tout, lui le pongiste qui ne s’est décidé à parler portugais que pour « pécho des Brésiliennes », sans grand succès jusqu’ici… Il en profite alors pour lancer quelques blagues sur la sexualité, avec ici l’innocence promise par le titre de son spectacle, caché derrière une gêne feinte.

Dans Innocent, Bruno Peki parle aussi de ses relations familiales. Il y a d’abord cet improbable voyage au Maroc avec sa mère, sa sœur et Pauline – « Popo »-, l’amie dépressive de sa mère, qu’il a cherchée en pleine nuit dans les rues de Marrakech, avant de se rendre au poste de police pour signaler sa disparition. Il parle aussi de ses séjours au Brésil, où il est le seul blanc de la famille, qui le lui rappelle bien à longueur de journée, une famille de laquelle il parle avec, évidemment, de l’humour, mais aussi beaucoup de tendresse, concluant avec une jolie déclaration à sa mère, qu’il n’épargne pour autant pas tout au long du spectacle.

Même les personnes âgées qu’il rencontre au cours de son service civil ne sont pas laissées pour compte : Il les affectionne tout particulièrement et les intègre dans un sketch déjà bien ficelé : J’ai eu la chance de voir l’évolution de ce passage, entre ses premiers essais et son spectacle actuel. L’œil s’est affiné, les vannes se font plus précises et percutantes. On sent tout le travail d’écriture, en collaboration avec Olivia et Emilie, qu’il ne manque pas de remercier à la fin de son spectacle.

Un joli message de fin

On pourrait croire que Bruno Peki tente de donner des leçons de vie du haut de ses 19 ans. Il n’en est rien. Fin observateur, il jette un regard aiguisé sur le monde qui l’entoure, de sa famille aux gens qu’il côtoie, en passant par l’actualité et ses expériences personnelles. Il termine d’ailleurs par un touchant message adressé à son entourage, sans qui il ne serait pas là où il est, rappelant à chacun de se rappeler de ses 20 ans avec tendresse tout en profitant de la vie. Artiste engagé, il ne manque pas non plus de rappeler qu’il est l’un des ambassadeurs de l’association Stop Suicide.

Alors pas d’excuses, si vous l’avez manqué, rendez-vous ces prochains mois au Caustic Comedy Club pour assister au spectacle de Bruno Peki, qui n’est pas aussi innocent qu’il n’y paraît… Nul doute que son écriture s’affinera encore, pour un résultat qui déclenchera une nouvelle standing ovation bien méritée !

Fabien Imhof

Infos pratiques :

Innocent de Bruno Peki,, du 24 au 26 janvier 2019 au Caustic Comedy Club

Mise en scène : Emilie Chapelle

Texte : Bruno Peki, Olivia Gardet et Emilie Chapelle

Prochaines dates : 28 février, 27 mars, 25 avril, 23 mai et 20 juin au Caustic Comedy Club

https://www.causticcomedyclub.com/fullscreen-page/comp-jjheu6w8/d6f96523-55b0-4e79-99ed-b62e391992f7/0/%3Fi%3D0%26p%3Dgr72f%26s%3Dstyle-jjheu6y9

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/bubpeki/

Photo : ©Caustic Comedy Club

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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