Les réverbères : arts vivants

Split : on teste au Caustic !

Une heure de rire, deux jeunes humoristes genevois, trois bonnes raisons d’y aller : c’est Split, chaque mois au Caustic Comedy Club de Carouge ! J’y étais le 8 novembre dernier. Une expérience à tenter, sans modération !

Ils se nomment Cin et Bruno Peki… et accrochez-vous, ils vont vous en mettre plein la vue ! En résidence au Caustic Comedy Club, ils se produisent chaque mois sur scène pour tester leurs sketchs, leur humour et leurs univers respectifs. En trente minutes chacun, ils parviennent à conquérir le public. À la clef de cette expérience ? Deux spectacles en cours de préparation pour 2019 : Bruno Peki en janvier et Cin en mai.

Roulez jeunesse !

Bon. Je me sens un peu vieille en disant ça, mais ce qui accroche d’abord chez Cin et Bruno Peki, c’est leur jeunesse. Il a 19 ans, elle, sans doute un peu plus…  ils font leurs premiers pas sur les planches[1]. Pour autant, ils ne se laissent pas démonter, s’affirmant devant le public, maîtrisant leurs mains qui tremblent et les blancs dans leur texte. Car c’est une autre caractéristique de Split : proposer un espace pour tester des textes, des chutes, des histoires. Encadrés par l’équipe du Caustic, Bruno Peki et Cin apprivoisent les sketchs. Comment va réagir la salle ? Le rythme est-il bon ? La gestuelle, la posture, le texte doivent-ils être retravaillés ? Split est avant tout un laboratoire d’expérimentation pour ces deux jeunes humoristes qui fourbissent leurs armes en vue de spectacles plus conséquents. Bien sûr, cette dimension expérimentale se ressent dans le jeu : oui, il y a des blancs ; oui, il y a de l’impro (quand on perd un bout du texte) ; oui, il y a des fous rires imprévus… mais c’est justement ce qui fait le charme de Split. Quand Bruno cherche dans ses mascognes en lançant avec aplomb un « On teste, on teste ! » et que l’expression devient le running gag du show ; quand Cin ne perd pas son air désabusé et tourne les pages en disant tout-de-go « Tiens, je crois que je me suis perdue » – ça marche, ça marche même très bien ! On rit avec eux et espère que les spectacles à venir, tout en étant plus travaillés, garderons cette fraîcheur.

De l’inventivité avant toute chose

Là, c’est sans doute le gros point fort de Bruno Peki et de Cin : ils sont inventifs et n’ont pas peur d’essayer de nouvelles choses – même des choses qui peuvent rater. Après tout, ils sont là pour ça. Et nous, public, nous sommes un peu comme des hamsters de laboratoire. Mais des hamsters sacrément bien traités, quand même. Le 8 novembre, Bruno a ainsi construit ses interventions sur le stand-up : il nous a parlé de sa vie après-le-collège, du service civil et des personnes âgées (« Personnes âgées ! Faut pas dire les vieux ! ») dont il s’occupe. Avec irrévérence, ironique et un débit encore un peu rapide (à ralentir, peut-être ?). Il a aussi réglé ses comptes avec l’autorité maternelle (qui a bien pris la chose, comme elle était dans la salle…). On en redemande !

Cin, quant à elle, s’est plutôt illustrée avec plusieurs histoires très construites. Tour à tour, elle a endossé les rôles les plus variés : professeur désabusée face à des élèves dissipés (autrement dit, nous. Elle a même fait l’appel ! Grand moment d’angoisse !), journaliste culturelle n’écoutant pas les réponses de son invité. Le point fort de son intervention ? Le monologue de Sylvie, trentenaire en proie à l’hyperventilation, sans copain malgré les pressions de sa famille. Tout y était : l’expression du visage (blasée), la voix un peu traînante dont le rythme s’accélère parfois (entre émotion et agacement), le débit des phrases (juste assez lent pour nous laisser le temps de rire des implicites), la posture (résolument en retrait)… et le texte, le texte surtout, le texte avec ses métaphores croustillantes et ses revirement improbables. Je retiendrai la comparaison entre la vie sexuelle de Sylvie et un abat-jour (dixit son gynécologue), la vie amoureuse / sexuelle vue comme une autoroute (où les aventures d’un soir seraient des stations essence, souvent crades mais qui réservent parfois de bonnes surprises ; où le fuck friend toxique est la bande d’arrêt d’urgence – mortelle mais bien utile).

Riez local !

Enfin, point fort de Bruno Peki et de Cin, en cette période où les grandes enseignes orange mettent en valeur les fruits et légumes de « Ma région », où les locavores font des émules : ils sont locaux ! Aussi, c’est tout naturellement qu’ils expérimentent sur une scène genevoise. Pour 5CHF, vous découvrirez les premiers essais de ces jeunes humoristes et, si vous les avez aimés, vous pourrez vous montrer généreux dans le chapeau mis à disposition à la sortie…

Curieux, avides de découvertes ? N’hésitez pas à venir voir Bruno Peki et Cin sur la scène du Caustic Comedy Club : ils seront dans un nouveau Split le jeudi 6 décembre !

Magali Bossi

Infos :

 Split, au Caustic Comedy Club le jeudi 8 novembre

Avec Cin & Bruno Peki

www.causticcomedyclub.com

Sur Facebook :

Bruno Peki : https://www.facebook.com/bubpeki/

Cin : https://www.facebook.com/cinzia.cattaneo1

 Photo : ©Caustic Comedy Club

[1] Un peu à l’instar de Yoann Provenzano, dont Fabien Imhof vous parlait : http://lapepinieregeneve.ch/yoann-provenzano-se-rode-avec-des-invites/. Bruno Peki était d’ailleurs parmi ses invités.

Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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